SERVICES DU PM: Sourdes batailles autour de 3,5 Milliards

Par Valentin Siméon ZINGA | La Nouvelle Expression
Yaoundé - 31-Oct-2006 - 08h30   50914                      
0
Le projet d’extension des services du Premier ministre avait suscité du temps de Mafany Musonge des oppositions entre Pierre Hele, Abogo Nkono et Moukoko Mbonjo. Les marchés attribués depuis 2000 connaissent des fortunes diverses. Ephraïm Inoni met sur pied une commission d’enquête.
Il était écrit que cette affaire serait marquée par des batailles en tout genre. C’est tout juste si le consensus était établi autour d’une exigence : assurer une extension des services du Premier ministre, pour faire face à la pression démographique des cadres appelés dans l’entourage du chef du gouvernement. Depuis 1991, à l’époque de Sadou Hayatou, l’option était prise. Mais les choses s’accélèrent dès l’arrivée de Peter Mafany Musonge, en 1996. Dès le départ, c’est au cœur même du gouvernement que surviennent les premières oppositions. Une affaire de visions. De coûts aussi. Voire de goût. Une première approche est défendue par Pierre Hélé, alors ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, qui évalue le projet à quelque 4,5 milliards F Cfa. En face - ou à côté-, Louis-Marie Abogo Nkono, à l’époque Secrétaire général des services du Premier ministre, soutient une option portée par un budget de près de 6 milliards. Une troisième voix se fait entendre : Pierre Moukoko Mbonjo, directeur du cabinet du Premier ministre, propose 2,5 milliards F Cfa pour le même projet. De discussions en échanges, les débats autour du projet nécessitent l’arbitrage souverain du P.M. Musonge tranche en faveur de la troisième proposition. Va donc pour un immeuble de trois niveaux pour 2,5 milliards F Cfa. Avant que le projet ne fasse, plus tard, l’objet d’une modification, qui prévoit un immeuble de six niveaux, pour un coût de près de 3,4 milliards F Cfa. Et là, commence la deuxième série de batailles. Au centre des enjeux : l’attribution des marchés. La société Safric, de Jacob Fossi, actuel député Rdpc, et non moins vice-président de l’Assemblée nationale, est sélectionnée. Au détriment des entreprises telles Bunns - dont une persistante rumeur dit qu’elle est plus que proche de Peter Mafany Musonge-, ou encore BRC de l’homme d’affaires James Onobiono. Mais, ce n’est que partie remise. Il est signifié à Safric qu’elle doit s’occuper du “ gros œuvre, de la peinture, des enduits et records”, entre autres points. . Cette décision sonne comme un cuisant désenchantement dans le camp de ceux qui jubilaient à l’idée de rafler la mise. Une subtile redistributiondes cartes s’opère. Des observateurs attentifs suggèrent qu’il s’y joue toutes sortes paramètres, et avancent que les évolutions survenues prennent en compte les réalités bien camerounaises et les contraintes d’un certain partenariat bénéfique au Cameroun. Vrai ou faux ? Toujours est-il que d’autres segments du marché sont attribués à d’autres prestataires de service “ en toute concurrence ”, insiste une source proche du dossier. C’est ainsi qu’on retrouve, La Galerie des Beaux Arts - proche de Bunns- qui assure la menuiserie bois et aluminium, Cameroon Building and Business s’occupe de la plomberie et du désenfumage, Titi Electric prend en charge les questions d’électricité, Siemens s’intéresse aux problèmes de téléphone et d’informatique, tandis CfaoTechnologies est sollicité pour la climatisation, les ascenseurs, la détection incendie. Un bureau d’études est même commis pour les vérifications d’usage : Design Monti Grassfield. Les premiers marchés sont signés en mars 2000. Les travaux s’effectuent sous l’œil vigilant du Labogénie - une prescription de Mafany Musonge, selon des sources introduites, et du ministère des Travaux publics. Mais, visiblement, le dossier alimente la controverse. Le rythme d’avancement des travaux est en cause. On parle d’une affaire de retards dans les paiements. Ce n’est pas une vue de l’esprit : fin 2005, aucun marché n’atteint un taux de réalisation de 100 %. A la même période, on apprend, de bonnes sources, que quelque 700 millions F Cfa n’ont pas été payés aux prestataires de service, qui ont dû déjà écumer les cabinets ministériels dans le cadre du suivi de leurs “ dossiers ”. Et déjà, des experts notent quantité de points de préoccupation, d’imperfections, d’opérations inachevées, imputables aux sociétés attributaires de différents marchés, très peu préoccupées par les finitions pour des locaux déjà occupés sans avoir été “ réceptionnés ” officiellement… C’est qu’entre temps, suite à la polémique sur le coût réel des travaux, Ephraïm Inoni, dès son arrivée à l’immeuble étoile, a mis sur pied une commission chargée de faire la part des choses, entre ragots et appréhensions fondées. Apparemment, malgré tout, le feuilleton n’en est pas à son dénouement : des paramètres politiciens s’en sont mêlés…




Dans la même Rubrique