Les braconniers ont sévi. Les éléphants ont déserté les lieux. Les pouvoirs publics entendent élaborer un plan de gestion participatif et intégré de la réserve. Avec les populations riveraines qui vont à l’assaut du domaine pour la recherche d’un espace vital.
Le patrimoine faunique et floral : péril en la demeure
La réserve de faune de Santchou a été créée par décret n° 262/46 du 20 juillet 1947 par le haut commissaire de la République française. De ce fait, elle fait partie du domaine privé de l’Etat et ne saurait faire l’objet d’une quelconque exploitation sans autorisation des pouvoirs publics.
Dans le département de la Menoua, elle est l’unique aire protégée qui a été classée dans le but de protéger la biodiversité. Elle couvre une superficie de 7 000 hectares. A sa création, elle était peuplée des éléphants nains, des buffles et autres espèces animales. Selon des sources bien informées, étant donné que le service en charge de l’environnement et des forêts qui assurait la protection de cette population animale était installé à Dschang (chef-lieu du département), les braconniers tapis dans l’arrondissement de Santchou ont fait de cette réserve leur chasse gardée. Ils pouvaient alors, en toute quiétude, abattre autant que possible les buffles pour vendre leur chair et les éléphants pour la commercialisation de l’ivoire. Selon le conservateur de la réserve de faune, Maurice Woundem, les éléphants se sentant en insécurité ont alors migré dans le Sud-Ouest, dans la localité de Mbeta. D’autres, par contre, selon le chef de service régional de la faune, Maurice Djeumeli, ont rejoint les flancs du mont Manengouba. Il faut aussi relever que les battues administratives des éléphants étaient monnaies courantes dans les rizicoles vulgarisées par la défunte Société de développement de la riziculture dans la plaine de Mbo (Soderim). L’initiative visait la protection de la riziculture contre d’éventuels dégâts causés par ces mastodontes. Aujourd’hui, la réserve de faune est peuplée exclusivement des antilopes, carnivores, primates, rongeurs et espèces aviaires. Selon un patriarche du terroir, un éléphant rencontré à Santchou, aujourd’hui, ne peut être qu’un totem.
Gestion participative et intégrée de la réserve
Selon le délégué régional de la faune pour l’Ouest, Gisèle Tsangue, les pouvoirs publics déploient actuellement de nombreux efforts pour une gestion rigoureuse des ressources fauniques et florales. Qui satisferaient aux besoins des générations actuelles et futures. Le ministère des Forêts et de la faune ne se limite plus à la création des nouvelles aires protégées. Il a entrepris d’évoluer dans le sens d’une gestion véritablement durable de la biodiversité. A travers l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’aménagement de toutes les aires protégées du pays. La réserve de faune de Santchou ne peut être en reste. “ L’intérêt particulier de cette réserve vient non seulement de sa situation en zone de savane humide, mais aussi du fait qu’elle est la seule réserve de faune de toute la région de l’Ouest. Elle se présente ainsi comme une zone stratégique de conservation de la biodiversité ”, confie t-elle ;
A l’en croire, la réserve de faune de Santchou est en décrépitude. “ Pour cause de braconnage, les éléphants ont migré ailleurs. Les populations riveraines de la réserve vont à l’assaut des coteaux des montagnes pour détruire la forêt. Les espaces ainsi défrichés sont les lieux des cultures. Dans le cadre de l’élaboration d’un plan de gestion participatif et intégré de la réserve, qui implique les pouvoirs publics et les populations riveraines, nous devons redonner à celle-ci la mission qui lui avait été assignée : celle de la protection de la faune. Elle n’est possible que si la flore, c’est-à-dire son habitat est préservé ”, dit-elle.
Azap Ndongo