Réserve de Santchou: Mort programmée d’une réserve

Par | Le Messager
- 29-Jan-2009 - 08h30   56314                      
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Les braconniers ont sévi. Les éléphants ont déserté les lieux. Les pouvoirs publics entendent élaborer un plan de gestion participatif et intégré de la réserve. Avec les populations riveraines qui vont à l’assaut du domaine pour la recherche d’un espace vital.
Le patrimoine faunique et floral : péril en la demeure La réserve de faune de Santchou a été créée par décret n° 262/46 du 20 juillet 1947 par le haut commissaire de la République française. De ce fait, elle fait partie du domaine privé de l’Etat et ne saurait faire l’objet d’une quelconque exploitation sans autorisation des pouvoirs publics. Dans le département de la Menoua, elle est l’unique aire protégée qui a été classée dans le but de protéger la biodiversité. Elle couvre une superficie de 7 000 hectares. A sa création, elle était peuplée des éléphants nains, des buffles et autres espèces animales. Selon des sources bien informées, étant donné que le service en charge de l’environnement et des forêts qui assurait la protection de cette population animale était installé à Dschang (chef-lieu du département), les braconniers tapis dans l’arrondissement de Santchou ont fait de cette réserve leur chasse gardée. Ils pouvaient alors, en toute quiétude, abattre autant que possible les buffles pour vendre leur chair et les éléphants pour la commercialisation de l’ivoire. Selon le conservateur de la réserve de faune, Maurice Woundem, les éléphants se sentant en insécurité ont alors migré dans le Sud-Ouest, dans la localité de Mbeta. D’autres, par contre, selon le chef de service régional de la faune, Maurice Djeumeli, ont rejoint les flancs du mont Manengouba. Il faut aussi relever que les battues administratives des éléphants étaient monnaies courantes dans les rizicoles vulgarisées par la défunte Société de développement de la riziculture dans la plaine de Mbo (Soderim). L’initiative visait la protection de la riziculture contre d’éventuels dégâts causés par ces mastodontes. Aujourd’hui, la réserve de faune est peuplée exclusivement des antilopes, carnivores, primates, rongeurs et espèces aviaires. Selon un patriarche du terroir, un éléphant rencontré à Santchou, aujourd’hui, ne peut être qu’un totem. Gestion participative et intégrée de la réserve Selon le délégué régional de la faune pour l’Ouest, Gisèle Tsangue, les pouvoirs publics déploient actuellement de nombreux efforts pour une gestion rigoureuse des ressources fauniques et florales. Qui satisferaient aux besoins des générations actuelles et futures. Le ministère des Forêts et de la faune ne se limite plus à la création des nouvelles aires protégées. Il a entrepris d’évoluer dans le sens d’une gestion véritablement durable de la biodiversité. A travers l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’aménagement de toutes les aires protégées du pays. La réserve de faune de Santchou ne peut être en reste. “ L’intérêt particulier de cette réserve vient non seulement de sa situation en zone de savane humide, mais aussi du fait qu’elle est la seule réserve de faune de toute la région de l’Ouest. Elle se présente ainsi comme une zone stratégique de conservation de la biodiversité ”, confie t-elle ; A l’en croire, la réserve de faune de Santchou est en décrépitude. “ Pour cause de braconnage, les éléphants ont migré ailleurs. Les populations riveraines de la réserve vont à l’assaut des coteaux des montagnes pour détruire la forêt. Les espaces ainsi défrichés sont les lieux des cultures. Dans le cadre de l’élaboration d’un plan de gestion participatif et intégré de la réserve, qui implique les pouvoirs publics et les populations riveraines, nous devons redonner à celle-ci la mission qui lui avait été assignée : celle de la protection de la faune. Elle n’est possible que si la flore, c’est-à-dire son habitat est préservé ”, dit-elle. Azap Ndongo

Gisèle Tsangue: “ Les éléphants qui ont migré ailleurs pourraient revenir ou être réintroduits ”

Le délégué régional de la faune pour l’Ouest parle de la renaissance de la réserve de faune de Santchou En quoi consiste le plan de gestion participatif et intégré de la réserve de faune de Santchou ? Il est question d’amener les populations riveraines de la réserve et l’administration à travailler la main dans la main. Afin que chacun tire son compte tout en préservant l’objectif principal qui est la protection de la biodiversité. Ce qui favoriserait l’éclosion de la réserve. C’est-à-dire qu’avec cette gestion participative et durable, les éléphants qui ont migré ailleurs pourraient revenir ou être réintroduits. Dans chacun des 9 villages riverains de la réserve, se trouve un comité de vigilance. Il a pour finalité de surveiller la réserve dans la portion couverte par le village; de transmettre au conservateur de la réserve des informations en ce qui concerne la pratique d’activités illicites dans la réserve ; sensibiliser les populations sur la gestion durable du patrimoine de la réserve ; filtrer les entrées et sorties dans chaque village ; sécuriser les produits fauniques et forestiers exploités frauduleusement Que gagneraient les populations si les objectifs sont atteints ? Après avoir mis en place ce plan de gestion, quand la réserve sera reconstituée, elles gagneront sur plusieurs plans : d’abord l’écotourisme trouvera son essor ; les touristes paieront les frais d’accès à la réserve et une partie des revenus sera reversée à la commune ; on aura des métiers induits (les guides de chasse et le personnel en charge d’entretien des routes de la réserve seront recrutés dans les villages. A la longue, on créera des zones d’intérêts cynégétiques. Il s’agit d’un système d’exploitation de la chasse sportive où l’Etat perçoit différentes taxes telles que les taxes d’abattage ; les droits de licence, le montant annuel est de 1 500 000 Fcfa ; les permis de chasse sont payés à hauteur de 400 mille Fcfa l’an ; la taxe sur la superficie, le minimum est fixé à 65 Fcfa/ l’hectare et dans ce cas, 40 % sont réservés à la mairie et 10 % aux communautés riveraines. Si la zone n’est pas affermée, les chasseurs et guides de chasses payeront un montant allant de 25 à 30 000 Fcfa la journée de chasse. L’économie Kényanne ne repose-t-elle pas sur le tourisme ? Azap Ndongo




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