Mésaventure : Un journaliste camerounais refoulé manu militari  à l’aéroport international Léon Mba de Libreville au Gabon.

Par Adeline ATANGANA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 20-Aug-2023 - 12h37   18790                      
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Sainclair Mezing Sainclair Mezing
Notre confrère Sainclair Mezing, en service au quotidien gouvernemental Cameroon tribune, était parti de Yaoundé le samedi 19 août 2023 pour couvrir les élections générales, précisément la Présidentielle, les législatives et les municipales, prévues le 26 août prochain.

 

Pour la première fois, le Gabon va organiser les élections générales simultanées. C’est-à-dire que, environ 846 mille électeurs sont attendus aux urnes le samedi 26 août 2023 pour voter au même moment, le président de la République, les députés et les élus locaux. Cameroon tribune, le quotidien camerounais à capitaux publics, a montré son intérêt pour ce grand moment de la vie politique au Gabon, pays avec lequel le Cameroun partage une partie de ses frontières terrestres. Depuis une semaine, le journal officiel du gouvernement camerounais publie une série pour présenter les 19 candidats à la succession d’Ali Bongo Ondimba.

Mais à une semaine du scrutin, le quotidien national n’a pas pu prendre ses quartiers à Libreville pour la couverture des élections. Son envoyé spécial a été expulsé de façon humiliante aux portes de la capitale gabonaise. « Mon péché est que je n'ai pas eu d'accréditation pour la couverture des élections générales au Gabon » explique le reporter. « Tel un vulgaire terroriste, privé de mes documents de voyage, passeport et ordre de mission confisqués, je suis reconduit, flanqué d'éléments de police, dans le même avion qui m'a déposé il y a un peu plus d'une heure » ajoute-il.

Cette expulsion a bien évidemment relancé le débat sur la libre circulation des personnes en Afrique centrale.

Dans un acte additionnel adopté le 25 juin 2013 et signé par Ali Bongo Ondimba, le président du Gabon à l’issue de la conférence des Chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), il est écrit à l’article 1er que « la circulation des ressortissants des Etats membres de la CEMAC est libre sur l’ensemble de l’espace communautaire à partir du 1er janvier 2014, sous réserve de la présentation d’une carte nationale d’identité ou d’un passeport délivré par un Etat membre et en cours de validité ».

Avec la mésaventure vécue par notre confrère de Cameroon tribune, il est clair que l’effectivité de la libre circulation est encore confrontée à des obstacles.

 

Ci-dessous, la publication du journaliste Sainclair Mezing dans laquelle il explique ses déboires durant la journée du samedi 19 août 2023.

« Bjr chers, tous. Je suis de retour parmi vous après mon refoulement ce matin de l'aéroport Léon Mba de Libreville. Mon péché est que je n'ai pas eu d'accréditation pour la couverture des élections générales au Gabon. Or, ici (à Yaoundé, ndlr) les responsables de l'ambassade du Gabon m'ont fait savoir que je n'avais plus besoin de visa du fait de la libre circulation en zone CEMAC et que l'accréditation, je pouvais l'obtenir sur place. Même des confrères gabonais m'avaient rassuré qu'une fois à Libreville, j'obtiendrai ce document au ministère de la Communication sur la base de mon ordre de mission. Malheureusement, à peine arrivé, à l'aéroport, je suis soumis à un interrogatoire musclé. En face de moi, des gens qui ne veulent rien entendre du tout. Me refusant même tout contact avec des Gabonais venus me chercher avec qui je venais d'échanger quelques minutes auparavant pour mon installation à l'hôtel. Je serai ainsi remis dans le même avion sous les regards moqueurs et inquisiteurs des nombreux curieux et agents de service présents en ces lieux. Tel un vulgaire terroriste, privé de mes documents de voyage, passeport et ordre de mission confisqués, je suis reconduit, flanqué d'éléments de police, dans le même avion qui m'a déposé il y a un peu plus d'une heure. Au fond du long tunnel conduisant à l'appareil une voix résonne en ces termes : "il est où?" En effet, le départ du vol a certainement été retardé à cause de moi. Et lorsque mes "gardes" et moi arrivons à l'entrée dudit avion, un membre de l'équipage demande en me regardant : "c'est lui?" Et l'un des policiers d'acquiescer de la tête. A l'intérieur, certains passagers, visiblement impatients, me jettent des regards quelque peu méprisants. Après une heure de vol, nous débarquons à Douala où la police m'attendait déjà. Je suis conduit au poste pour "besoin d'enquête". Mais, l'échange ne va durer que moins de deux minutes puisque mes "enquêteurs" sont surpris du motif de mon rapatriement avancé par leurs pairs gabonais. Je suis aussitôt relaxé et mes documents remis. Me revoici au Cameroun après un aller-retour Douala-Libreville-Douala. »

 

Auteur:
Adeline ATANGANA
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