Interview de M. Nicolas AMOUGOU NOMA, tout nouveau Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé

Par | Cameroon-Info.Net
Yaoundé - 29-Oct-2001 - 08h30   63704                      
6
Le point sur le travail à abattre dans la capitale dans les prochains jours...
le successeur de Basile Emah à la tête de la communauté urbaine de Yaoundé est connu: Nicolas Amougou Noma, un fils du sérail. Né en 1947 à Yaoundé, dans la province du Centre, il a été agent comptable de la SOPECAM (société de presse et d'édition du Cameroun) de 1972 à 1974, directeur des Editions -Clés de 1975 à 1990. Elu député du RDPC en 1992, il deviendra premier vice président de l'Assemblée nationale en 1993 et depuis juillet 1999, il préside aux destinées de l'assemblée parlementaire de la francophonie. Il est marié et père de quatre enfants. La rédaction de Cameroon-Info.Net a rencontré le nouveau délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé pour recueillir ses idées sur le travail à abattre dans les prochains jours. Entretien: Cameroon-Info.Net: Monsieur le délégué, une certaine opinion pense que votre nomination n'est pas "légitime"; on aurait souhaité voir un fils de la famille Ewondo à la tête de la communauté et non le Bene que vous êtes. Que pensez-vous de cette vision des choses ? Nicolas Amougou Noma: Je pense que c'est un débat qui n'a pas sa raison d'être parce que nous parlons de la communauté urbaine de Yaoundé et non des familles du Mfoundi. Le délégué du gouvernement a la gestion de l'ensemble des populations de la ville, de leurs biens si vous voulez. Ces populations ont besoin de routes, d'éclairage public alors si aujourd'hui nous ramenons le débat au niveau de nos familles, c'est un gros risque. Je crois que je voudrais profiter de l'occasion que vous me donnez pour dire que nos souhaits ne doivent pas devenir des cas de légitimité. Le souhait des populations de Yaoundé a été jusque là de voir quelqu'un d'ici délégué du gouvernement mais j'avoue que les textes ne le prévoient pas. Le Président est libre de nommer à la tête de la communauté urbaine de Yaoundé toute personne de son choix quelle que soit son origine parce que la ville de Yaoundé est cosmopolite. Je pense pour ma part que le souhait de ceux qui sont nés ici, qui ont leurs racines ici, c'est de voir leurs intérêts entre les mains de l'un des leurs. Mais rentrer dans le débat des tribus est très compliqué. Dans le Mfoundi, nous sommes plus d'une trentaine de familles et quand vous les regroupez vous avez, comme vous l'avez dit, les Ewondo, les Bene et d'autres familles qui ne sont ni Ewondo ni Bene mais qui se trouvent dans le Mfoundi depuis plus de 200 ans. Finalement, c'est un risque de penser que la communauté urbaine de Yaoundé est l'exclusivité de telle ou telle famille. Moi qui suis nommé délégué aujourd'hui, je ne suis pas l'ambassadeur des Bene mais le représentant des populations qui résident dans la ville de Yaoundé. Je voudrais que cela soit bien compris. Que nous ne fassions pas de confusion entre ce que nous souhaitons et ce qui est faisable surtout que vous avez fait allusion à la légitimité. Cameroon-Info.Net: Les problèmes de la ville de Yaoundé sont connus. Il y a entre autres la voirie urbaine, l'insécurité, le recasement des vendeurs à la sauvette, l'hygiène et la salubrité. Vous avez été délégué adjoint sous Emah Basile pendant 14 ans. Quelles solutions proposez-vous à tous ces problèmes ? Nicolas Amougou Noma: J'avoue que votre question vient un peu tôt. Vous savez, j'ai été nommé il y a quelques heures seulement. Vous allez me rétorquer, vous l'avez d'ailleurs dit que je suis dans la maison depuis 14 ans. Je ne peux pas prétendre que je ne suis pas au courant des problèmes de la ville de Yaoundé, C'est vrai ! Mais j'avoue que les solutions ne peuvent être trouvées qu'avec la collaboration et l'adhésion des populations. Prenons le cas de l'insalubrité: les ordures sont produites par les populations. En ville, on dépose des bacs à ordures mais les citadins préfèrent déposer leurs ordures par terre donnant ainsi un double travail à la société qui doit les ramasser… Cameroon-Info.Net: On n'a souvent reproché à la communauté urbaine de faire montre d'un laxisme excessif vis à vis du comportement des populations… Nicolas Amougou Noma: Je pense que c'est d'abord un problème d'éducation, un problème de culture. Imaginez les parents qui envoient leurs enfants vider les poubelles. Habituellement, on ne s'assure pas que les ordures sont jetées dans le bac. L'essentiel, pour les parents, c'est que la poubelle soit vidée quelque soit l'endroit où cela est fait. C'est pour cela que je pense que la solution de notre ville se trouve entre les mains des populations. Evidemment, il faut ajouter les moyens. L'immensité des problèmes que pose la gestion de la ville de Yaoundé nécessite un appui financier important. Or, notre pays vient de traverser une crise très grave à laquelle il faut ajouter ? des uns et des autres. Par conséquent, il devient très difficile de joindre les deux bouts. Cependant, je reste convaincu qu'avec la collaboration des pouvoirs publics, du gouvernement, du chef de l'Etat et de tout le monde, nous parviendrons à une solution définitive à l'assainissement de notre capitale départementale, provinciale et nationale. Cameroon-Info.Net: Et le cumul de fonctions ? Nicolas Amougou Noma: La loi n'a pas prévu une incompatibilité entre les deux fonctions que j'occupe en ce moment. Je vais donc continuer à travailler normalement quitte à ce que le chef de l'Etat décide autrement. L'important pour moi, c'est que les populations souches du Mfoundi puissent comprendre que l'heure est au rassemblement. Nous sommes les familles qui accueillent nos autres amis qui vivent avec nous. Il faut donc qu'on aille vers les autres familles camerounaises qui résident ici pour pouvoir régler les problèmes de notre ville




Dans la même Rubrique