Maître Alain Ngongang prend la tête du Comité directeur pour les trois prochaines années.
Le chahut qui a caractérisé l'hôtel Mont Febe jeudi et vendredi derniers exhalait une volonté de changement. Dans ce brouhaha indicible venu réveiller ce sommet de la capitale de son calme habituel, les huissiers de justice reconnaissables de par leurs badges, crachaient du venin quant à leurs conditions de travail qui selon la plupart sont "exécrables". Aussi bien dans les jardins, salons que dans le grand hall et dans la salle des travaux, ces professionnels du droit n'avaient qu'une seule détermination : en finir avec le comité directeur sortant. Dans leur colère, ils reprochent à l'équipe de Polycarpe Dimene Yomba son "inefficacité" et sa "complaisance vis-à-vis de la tutelle" depuis son entrée en fonction en 2002. Résultat des courses, "les huissiers de justice du Cameroun ont tiré le diable par la queue depuis 2003 pour que l'Etat daigne penser payer leurs états d'émoluments", lance furax Léopold Tepakbong Songong, huissier de justice à Mokolo. "Les huissiers de justice avaient l'impression d'être abandonnés à eux-mêmes parce que toujours dirigés par les mêmes gens. On estimait que sans assemblées générales, il était difficile de poser nos problèmes et donner une nouvelle dynamique, un nouvel élan à notre profession. Cette profession était devenue marginalisée et non respectée", crache Lucie Mana Ngwoa, huissier de justice à Bertoua.
A travers les conciliabules qui se tiennent ça et là, les positions des uns et des autres tournent autour de la rupture. Dans la salle des travaux, la température va monter d'un cran avec l'annonce de l'élection du nouveau Comité directeur. Avec comme pomme de discorde, la validité des chèques par procuration ou non des confrères absents. Au terme de deux heures de discussions houleuses ponctuées par moments d'invectives, les uns et les autres vont finalement s'accorder sur le vote par procuration. Mais, à la seule différence que "seules les procurations des huissiers à jour de leurs contributions qui s'élèvent à 50.000 francs par an son acceptées." Edouard Ndock, sous-directeur des professions judiciaires, représentant le vice-Premier ministre, ministre de la Justice Garde des sceaux qui a rejeté en premier l'idée des chèques par procuration, est soupçonné par certains de vouloir non seulement "infantiliser l'assistance", mais surtout d'avoir été "commandé par la tutelle pour soutenir le Comité directeur sortant."
Après ce tohu-bohu, les six candidats en lice pour le poste de président peuvent enfin dérouler tour à tour leur projet de société. Au moment du dépouillement, l'on assistera à une course serrée entre Maîtres Alain Ngongang et Marie Claude Bébi. Avec un score étriqué de 100 voix contre 97, le premier remporte sur la deuxième. Alors que Polycarpe Dimene Yomba, président sortant, vient largement en arrière avec 26 voix seulement. Sur 239 votants, les autres candidats se contenteront des quelques voix restantes en dehors des trois bulletins nuls. Compte tenu de la nuit avancée, de la fatigue qui se lisait déjà sur les visages et des nombreux participants qui désertaient progressivement les lieux, Me Pierre-Marie Tchuenkam, modérateur desdits travaux, va proposer et obtenir de ses confrères un vote groupé des autres membres de l'équipe Ngongang. Il revenait donc à chaque électeur d'inscrire les noms des candidats de son choix. Même si au moment du décompte des voix, l'on enregistrera quelques éclats de voix dans la salle, l'urne transparente commise à l'opération finira par dévoiler l'identité des six autres membres du nouveau Comité directeur. Avec comme surprise, la reconduction au poste de trésorière de Rachel Tchame Deuna, seule rescapée de l'équipe sortante.
Comité directeur de la Chambre des huissiers du Cameroun
-Président : Alain Ngongang (Yaoundé)
-Vice-président : Youssouf Ibrahim (Ngaoundéré)
-Secrétaire général : Chantal Bikaï Ngando (Monatélé)
-Trésorière : Rachel Tchame Deuna (Bagangté)
-Commissaire aux comptes : Célestin Pantui (Bafang)
-Conseillers : Atangana Avezo'o (Sangmélima)
Penda (Nkongsamba)
Sainclair Mezing