Les commerçants chinois se plaignent de subir des agressions, des pressions fiscales et la stigmatisation.
La Cité commerciale chinoise, une ligne de magasins tenus par des ressortissants chinois au grand boulevard de la douche municipale de Douala, a subitement désempli. Sur la soixantaine de Chinois qui partagent quotidiennement le complexe, la moitié au plus était active hier, lundi. La visite du président chinois, Hu Jintao en terre camerounaise, a mobilisé grand monde ici. Le président de la communauté chinoise de Douala, Chen Bosong, a passé l’essentiel de son temps, ces dernières semaines, à organiser ses compatriotes en vue de réserver un accueil chaleureux à leur président. La méfiance qui est le maître mot dans cet univers, ne renseigne pourtant pas davantage sur les attentes réelles de ces commerçants.
Au complexe chinois, il y en a qui acceptent de parler des espérances, des enjeux, et aussi des craintes. "Nous n’avons pas de difficultés particulières dans l’exercice de nos activités commerciales au Cameroun". Modeste dans l’appréciation ou otage de la loi du silence? Le jeune Wu qui vante l’excellent cadre réglementaire des affaires au Cameroun, est pourtant amer, lorsqu’il récapitule les descentes musclées des éléments des forces de l’ordre (policiers, gendarmes), dans leurs magasins. Wu Jian Hai, le patron de la Cité du commerce chinois, n’est pas disponible pour en dire plus.
De façon unanime, les Chinois de Douala attendent de Hu Jintao qu’il place leur sécurité au centre de ses discussions avec le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya. "Etant tous des commerçants et hommes d’affaires, nous souhaiterions que notre président obtienne à notre profit, des facilités fiscales. Cette demande n’a aucun caractère politique, mais constitue la clé pour la poursuite de nos activités". En 2006, certains commerçants chinois avaient été accusés par des responsables du fisc, d’être des mauvais payeurs d’impôts.
Ji Xiao Wu, tout puissant patron de la China Council For The Promotion Of Peaceful National Reunification, regroupement oeuvrant à l’intégration des Chinois au Cameroun, compte au nombre de ceux qui mettront à profit le séjour en terre camerounaise de Hu Jintao. "Parce l’intégration est la condition essentielle pour une meilleure cohabitation entre Chinois et Camerounais". D’autant plus que, le temps de la visite du numéro un chinois, le débat sur "l’invasion chinoise" est remis en selle. C’est d’ailleurs l’une des questions évoquées sous strict anonymat par les commerçants chinois de Douala. Ces derniers dénoncent la stigmatisation dont ils sont victimes.
En effet, certains commerçants camerounais, barons de la filière chinoise des importations, accusent les commerçants rivaux chinois de dumping, allusion faite à la chute drastique des prix des produits chinois sur le marché.
Auprès de certains milieux chinois, l’on apprend au sujet des doléances, qu’un mémorandum sera remis à Hu Jintao, au cours des audiences prévues avec les représentants de la colonie chinoise vivant au Cameroun en général. Quid de la suite qui pourrait être éventuellement réservée à ces doléances? Des membres de l’entourage de Chen Bosong assurent que "la Chine est très sensible aux questions touchant les intérêts de ses ressortissants vivant à l’étranger".