A la suite des résultats flatteurs engrangés actuellement par David Nkoto Emane, des voix s’élèvent pour solliciter les prises de participation dans le capital de Camtel par les nationaux – exclusivement.
Question embarrassante : comment se porte aujourd’hui la Cameroon telecommunications. Pour plus d’un observateur, la société nationale des télécommunications se porte bien. Les arguments de cette affirmation ne manquent pas. Depuis l’année 2005, Camtel traduit en actes concrets la redynamisation de son outil de production. En effet, suite à la levée par l’Etat de la mesure imposant l’arrêt de ses investissements, la société nationale des télécommunications se relance avec beaucoup d’agressivité dans son secteur d’activité. David Nkoto Emane et ses collaborateurs ont notamment lancé des produits à grande valeur ajoutée : la carte Easy call, la carte Easy recharge ; le Ct Phone, l’accès à Internet haut débit (Adsl) et les télé Centres communautaires. Le déploiement de Camtel va se poursuivre “ avec la réalisation au cours du deuxième trimestre 2006 des installations (utiles à tous les opérateurs) telles que le réseau de fibre optique entre Yaoundé, Edéa, Douala et Nkongsamba ainsi que son prolongement, prévu au cours du deuxième semestre 2006, à Bafoussam et Bamenda ”.
Les investissements sur les ressources humaines ne sont pas en reste. Camtel assume sans sourciller son rôle d’entreprise citoyenne, notamment avec une intense activité sociale. En interne, tous les arriérés de salaire et autres indemnités dus au personnel relèvent d’un mauvais souvenir. La nouvelle direction générale de Camtel a par ailleurs réussi à injecter du sang neuf dans ses effectifs à travers le recrutement de nouveaux personnels. “ Ce qui a permis de stabiliser la gestion de la masse salariale ”, explique-t-on à Camtel. L’élection des délégués du personnel doublée à la relance des formations et des recyclages du personnel ont fini par créer une nouvelle émulation au sein de la société nationale des télécommunications. L’ensemble de ces investissements, selon des sources crédibles à Camtel, vaudrait à ce jour environ 100 milliards de Fcfa.
Plaidoyer
Le financement de ces investissements est fait sur fonds propres de Camtel. Il n’en saurait être autrement pour une entreprise créditée d’ “ une rentabilité certaine”. “ Camtel, malgré une longue période transitoire de plus de cinq ans, a toujours su faire face à ses charges de fonctionnements ”, justifie un connaisseur averti des méandres de fonctionnement de ladite société. Et de prévoir un avenir radieux à très court terme : “ Camtel qui a de grandes chances de reconquérir une bonne part de marché avec son déploiement tous azimuts en cours, ne peut que produire des bénéfices ”.
En clair, la regenération de Camtel devrait permettre une augmentation de sa valeur marchande. Avec son niveau actuel d’investissements, Camtel pourrait vendre les 51 % de son capital à 150 milliards Fcfa. C’est ce que valait cette société à la privatisation à échec de l’an 2000. Cette valeur marchande avait décru en 2003 à 110 milliards Fcfa. Mais, les offres des repreneurs étaient toujours en deça des attentes. Le schéma actuel de privatisation (arrêt des investissements, préqualification, short list, data room, adjudication déjà utilisé en l’an 2000 pour les mêmes fins) n’a-t-il pas montré ses limites ! La préoccupation est d’autant justifiée que “ la cession de la majorité des actions à un partenaire étranger entraîne presque toujours, surtout pour nos pays pauvres, une fuite importante de capitaux tous les ans ”.
Les analystes proposent donc deux portes de sortie honorable à la privatisation de Camtel. La privatisation de la société dirigée par David Nkoto Emane devrait se faire à hauteur maximale de 50 pour cent, au cas où le repreneur est étranger. Ce qui en outre permettrait à l’Etat de maintenir son contrôle stratégique sur cette activité névralgique. A défaut, la prise des actions à hauteur de 51 % par les nationaux. “ Les nationaux doivent entrer dans le capital de la société en rachetant les parts mises sur le marché à travers l’appel à manifestation d’intérêt paru dans le quotidien Cameroon Tribune édition du 16 février 2006. Une telle formule de privatisation est susceptible de mettre le pays à l’abri de toute fuite de capitaux. Les privés camerounais, intéressés par cette prise de participation, devraient saisir les plus hautes autorités de ce pays afin que l’appel à pré-qualification soit repris, le temps de leur permettre de se constituer en consortium et de soumissionner ”. Ce cri de cœur sera-t-il entendu.?