Franck Elong Abé, détenu d’origine camerounaise de 36 ans, risque une nouvelle peine de prison en France. Il a été mis en examen, dans la soirée du dimanche 6 mars et inculpé de « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste » par des juges d’instruction du tribunal judiciaire de Paris. Le 2 Mars, lors d’une altercation dans la salle de sport du pénitencier avec Yvan Colonna, son codétenu de la prison d’Arles âgé de 61 ans et condamné pour l’assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, Elong Abé a tenté de l’étrangler, puis de l’étouffer. Jusqu’au 7 Mars la victime demeurait dans le coma.
Selon le journal français Le Monde, Franck Elong Abé purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme ». Le quotidien du soir rapporte qu’il avait lors de sa garde à vue expliqué son acte « par ce qu’il considérait comme des blasphèmes » proférés ces derniers mois par Yvan Colonna. « Ce dernier aurait notamment déclaré quelques jours avant l’agression qu’il « crachait sur Dieu », selon M. Ricard. Retraçant minute par minute le déroulement de l’agression mercredi matin, le procureur a déclaré que « l’acharnement systématique déployé par le mis en cause » ne laissait « que peu de doutes sur son intention homicide », lit-on.
Le CV judiciaro-carcéral de Franck Elong Abé est plutôt volumineux. En 2015, il est condamné à quatre ans de prison pour tentative d'évasion à l'hôpital-prison de Seclin, dans le nord de la France. « Une condamnation de plus », rappelle un confrère. Le casier judiciaire de cet homme né au Cameroun et ayant passé une partie de sa jeunesse en Normandie porte 16 mentions.
En 2011, il rejoint l'Afghanistan, où il embrasse la cause djihadiste et combat au côté des talibans. En 2012, il est fait prisonnier par les troupes américaines. Il va passer deux ans dans les geôles de Bagram. En 2014, il est livré à la France, où il est condamné à 9 années de prison pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte terroriste. Il sera incarcéré dans plusieurs prisons, jusqu'Arles où il arrive en 2019, précédé par une réputation de détenu pour le moins difficile. Il est à l'origine de pas moins de 14 incidents, détruisant du matériel ou mettant le feu à sa cellule à la très sécuritaire prison de Condé-sur-Sarthe l’été 2018
« On peut se demander, au vu de ce profil radicalisé, et de son parcours carcéral chaotique, comment Franck Elong Abé, qui était certes soumis au statut de DPS, n'avait pas également transité par l'un des quartiers d'évaluation de la radicalisation, comme c'est le cas habituellement pour ce genre de détenus », s’interroge France 3 Régions qui poursuit : « Quoi qu'il en soit, l'homme semblait s'être calmé depuis son arrivée, il y a trois ans, dans les Bouches-du-Rhône. Renfermé sur lui-même, taiseux, sans visites ni contacts avec l'extérieur, il n'était pas vraiment un détenu modèle, mais il n'avait plus été à l'origine d'aucun débordement notable. Au point de s'être vu confié des tâches d'entretien, habituellement interdites aux DPS"