Calixthe Beyala charge le régime Biya. La romancière Franco-camerounaise a dénoncé vertement la gestion du pays telle qu’exercée par le pouvoir en place à Yaoundé. C’était au cours du programme  « Les grands entretiens d'Yves Thréard " Souvenirs et avenir d'Afrique", diffusé dimanche sur La Chaine Parlementaire (LCP), la télévision du Parlement français.

L’écrivain et son hôte ont longuement abordé la question de la Françafrique. Elle a dit ne pas comprendre  la confusion entre le panafricanisme et le sentiment anti-français. Pour elle,  la mort de Khadafi a été « un recul pour l’Afrique de 100 ans » et  pour la France, « la perte des relations avec l’Afrique ».  Calixthe Beyala considère que  les pays d’Afrique Centrale n’ont pas été aidés par les Européens comme le fut le Rwanda.  « En Afrique Centrale, nous sommes restés au 19^ème siècle. Pour l’instant, il n’y a même pas d’alternance à la tête de nos Etats. Il n’ y a pas que le Cameroun. Il y a le Congo à côté pareil où toute une famille dirige tout un pays. On peut même appeler la République Sassou Nguesso d’Afrique » , a-t-elle dénoncé. Par contre, elle a  présenté le président Rwandais  Paul Kagame comme un homme intègre avant d’oser une comparaison avec son pays. « Même le Cameroun dans l’état actuel qu’il est, malgré tout, si demain matin, on a un homme intègre à la tête du Cameroun, tout va changer. Le pays va se développer en un clin d’œil », a-t-elle assuré avant de dénoncer les méfaits des tenants du pouvoir au Cameroun.  

« Que vivons-nous aujourd’hui ? Nous avons des dirigeants boulimiques. Ils pillent tout. Ils volent tout. Ils ont une faim sans fin. Ils se goinfrent. Et ils ne laissent rien à personne. Vous vous imaginez que  par exemple, l’un d’entre eux peut avoir 300 maisons dans le pays à lui tout seul ? Au Cameroun, c’est le cas ! Les dirigeants camerounais ont plein de biens partout. Ici en France. Pas seulement Biya, mais tout son entourage ! Ce n’est pas forcément lui entant que personne. Mais ils ne vivent que comme ça ! Quel est l’exemple qu’ils donnent à la jeunesse. C’est des hommes très dépravés sexuellement . Donc du coup les sociétés sont en train de s’effriter, de s’écrouler. Tellement il n’ y a plus de modèle de travail. On ne dit plus aux jeunes : « vous allez travailler, vous allez réussir. Non : Nous avons aujourd’hui à la place des élites intellectuelles des influenceuses qui sont les maitresses de ces hommes-là, qui occupent  toute l scène sociale et nos jeunes ne pensent plus qu’à ça ! Et ça c’est drame pour nous. C’est un drame », se désole Calixthe Beyala.

Regarder  l'entretien qu'elle a accordé à La Chaine Parlementaire ici

https://www.youtube.com/watch?v=LoaHm-z4650