Comment lutter contre le phénomène des faux documents qui enserre le Cameroun ? Comment les administrations publiques et les organismes privés peuvent-ils mettre les leur en sécurité ? Ce sont là quelques –unes des questions auxquelles l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC), les experts qu’elle a sollicités et les bénéficiaires de la formation qu’elle offre les 3, 4 et 5 Août à Douala devront répondre.
Lors de l’ouverture du séminaire ce mercredi 3 août 2022, les agents des administrations publiques et des organismes privés se sont abreuvés à la source du Professeur Roger ETOUNDI ATSA, le directeur des systèmes d’information au ministère de l’enseignement supérieur. Dans sa « leçon inaugurale », l’universitaire a parlé de la nécessité pour les uns et les autres d’être informés des enjeux et défis de notre ère qui sont ceux de la transformation digitale. Par exemple, ceux de la sécurisation des documents, présentée par l’expert comme « un enjeu fondamental ».
Le professeur ATSA expose la limite du travail classique, dit pourquoi il faut sécuriser les documents aujourd’hui et quels sont les documents à sécuriser au Cameroun et d’où ils proviennent, les technologies qui peuvent être utilisées pour ce faire. « Il ya une prolifération de faux diplômes, de faux documents dans notre écosystème. Nous avons été pendant 13 ans dans la fonction publique comme directeur, regarder un peu le SIGIPES. Je ne peux pas dénombrer ici le nombre d’agents publics qui ont été révoqués pour faux actes de carrière, les fausses intégrations, les faux contrats, les faux avancements d’échelons, de grades », relève le spécialiste de l’informatique.
Il propose une procédure de dématérialisation des documents comme la carte nationale d’identité que de nombreux Camerounais peinent à obtenir. «La question simple à nous poser, c’est est-ce que le document papier est utile aujourd’hui ? Est-il important ? La CNI, vous n’allez pas utiliser hors du territoire camerounais », relève-t-il, expliquant que le passeport par contre est sécurisé avec des données que l’on peut consulter partout dans le monde.
La sécurisation des documents est impérative parce que les méthodes actuelles implémentées depuis une soixantaine d’années apparaissent veillottes à un moment où le monde évolue sans cesse. D’où l’urgence de sécuriser les documents administratifs et autres pièces d’identité et actes d’état-civil au même titre que « tous les diplômes » au moyen de la dématérialisation.
Le professeur ETOUNDI ATSA propose une panoplie de solutions. Parmi elles un manuel de procédure qui permet d’identifier ceux qui participent à la production d’un document, les utilisateurs des extraits des documents, la signature numérique, horodater un document (date de signature par rapport à l’heure GMT qui le rend infalsifiable), la blockchain, le QR Code, les circuits endogènes à développer en interne dans les entreprises.
L’ANTIC aussi a une solution qu’elle va vulgariser à l’occasion du séminaire de ces jours-ci à Douala. C’est un outil qu’elle a elle-même développé pour sécuriser les documents. « Au niveau de l’ANTIC, nous avons développé une application qui s’appelle Doc@ authANTIC qui permet d’assurer l’intégrité et l’authenticité du document administratif et aussi de lutter contre la falsification des documents administratifs. Cette Doc@ authANTICe insère un QR code dans les documents. Pour en vérifier l’authenticité, il faut scanner ce code QR avec un smartphone », indique son directeur général, le professeur Ebot Ebot Enaw. Ce service a déjà été délivré et testé avec succès à Afriland First Bank et au ministère de l’élevage, des pêches et des industries animales.