Alors qu’ils manifestaient pacifiquement à l’esplanade du ministère de la Santé publique (MINSANTE) au quartier administratif, des staffs des hôpitaux Jamot, Central, de Biyem-Assi, de la Cité-Verte, de Nkolndongo, d’Efoulan et du Centre hospitalier universitaire (CHI) ont été arrêtés hier matin par des policiers puis conduits au commissariat central n°1 de la capitale camerounaise.
Selon, Sylvain Nga Onana, président du Syndicat national des personnels des établissements/entreprises du secteur de la santé du Cameroun (CAP/Santé), ce qui était reproché à ses confrères c’est « grever depuis le 22 mai » or ajoute-t-il « c’est un droit constitutionnel ». En effet, depuis cette date, ils réclament entre autres le paiement des arriérés de salaires allant parfois jusqu’à 10 ans, le paiement des primes qui leur sont dues, la contractualisation de 27 000 personnels en service dans un statut précaire, l’affiliation à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS).
Une source policière contactée par Olive Atangana, journaliste spécialiste des questions de santé, a expliqué que l’interpellation de ces grévistes était « une dissuasion (…) le maintien de l’ordre prévoit de les interpeller pour calmer la situation (…) Quand des personnes prévoient une manifestation pacifique, elles doivent rester dans leurs bureaux. Lorsqu’elles envahissent une esplanade d’autres personnes peuvent s’en servir et en faire de la récupération (…) Les interpeller c’est dans le but de libérer l’espace public. Si vous allez déjà sur l’esplanade d’un ministère et que vous êtes nombreux, ça commence déjà à troubler l’ordre public. Les activités au sein de ce ministère ne seront pas menées de manière optimale ».
À l’issue des pourparlers avec des autorités administratives et d’un sitting d’une centaine de personnel soignant devant le commissariat central n°1 scandant « Et pourtant, c’est nous qui les soignons ! », les personnes interpellées ont été libérées « sans condition » dans la soirée sous ordre d’Emmanuel Mariel Djikden, Préfet du département du Mfoundi dont le chef-lieu est Yaoundé. « La manifestation va reprendre ce 7 mai à l’esplanade du MINSANTE » ont promis les syndicalistes qui comptent continuer de mettre la pression.
En fin mai dernier, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute a désigné Grégoire Owona, ministre du Travail et de la sécurité sociale, pour qu’il mène les concertations avec les syndicats du secteur de la santé afin de trouver des solutions aux revendications qu’elles ont. Ces dernières années, il y a eu plusieurs menaces de grèves et des débrayages des corps de la santé au Cameroun. Force est de constater qu’une issue définitive n’a jusqu’ici pas été trouvée.