Cameroun - Ouest: Le chef supérieur Bamessingué interdit les cérémonies d’enterrement et funérailles jumelées dans son groupement

Par Yannick A. KENNE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 04-Feb-2021 - 14h03   8512                      
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funérailles à l'Ouest © Archives
Sa Majesté Jean Teigni Detio déplore un bafouement des étapes qui contribuent à un meilleur hommage au défunt, parfois sans consultation préalable du pouvoir traditionnel.

Dans la région de l’Ouest où les peuples ont un fort attachement pour leurs traditions. Même si elles diffèrent d’une localité à une autre, il est souvent fréquent d’observer chez la plupart des communautés, l’organisation des funérailles, immédiatement suite au décès d’un proche. Cette pratique a pris de l’ampleur ces derniers temps, mais ne convient pas du tout au Chef supérieur Bamessingué, une localité dans le département de Bamboutos.

Sa Majesté Jean Teigni Detio vient de décider de l’interdiction formelle des rites d’enterrement et des funérailles jumelés, lesquels sont «sans fondement ancestral ou justification coutumière avérés», a-t-il indiqué dans  un acte traditionnel, relayé par le quotidien Le Jour de ce jeudi 4 février 2021.

«Les morts ne sont pas morts et un rite mal effectué à l’égard de l’un d’eux peut se retrouver obligé de rejaillir négativement dans le futur sur nous-mêmes et notre descendance (sic)», prévient-il, en regrettant que son peuple «se précipite de jeter dans l’oubli définitif un défunt sans avoir pris le soin de respecter les procédures d’honorabilités traditionnelles sur l’intéressé, depuis les rites d’inhumation, de l’enlèvement du noir, du conseil de famille consensuel avec les gendres, etc. jusqu’à l’obtention de l’autorisation chez le Chef supérieur de l’organisation desdites cérémonies», argumente le chef des Bamessingué, qui ajoute par ailleurs que «l’organisation de tout enterrement ou obsèques couplé des funérailles est strictement interdit sur tout le territoire du groupement Bamessingué».

Cette décision ne fait pas forcément l’unanimité au sein de sa communauté. S’il y en a qui y voit une visée mercantiliste, pour le  Pr. Moïse Timtchueng, enseignant de droit à l’Université de Dschang, département de la Menoua, il faut remonter l’histoire pour comprendre l’essence même des funérailles.

«Ce chef n'a rien compris du sens et de la logique des funérailles chez les Bamiléké et en Afrique en général. C'est l'instauration du couvre-feu proscrivant tout rassemblement de plus de trois personnes, à partir de 1948 qui a obligé à décaler les obsèques des funérailles. Les familles s'empressaient d'inhumer à deux ou trois personnes et on renvoyait les funérailles à plus tard, car il s'agit d'un hommage, d'une fête qui célèbre l'entrée du défunt dans le cercle des intercesseurs», a-t-il expliqué dans des propos publiés par le journal de Haman Mana.

Auteur:
Yannick A. KENNE
 @yanickken39
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