« Vu de ma cage » ne sera pas le seul livre autobiographique de Joseph Antoine Bell. L’ancien footballeur international camerounais vient de publier un autre. Il est intitulé « Flashback : les trois vies de Joseph Antoine Bell ». C’est un livre-entretien réalisé avec le concours du journaliste camerounais André-Michel Essoungou. Il est publié en anglais et en français. Il raconte en trois phases la vie du champion d’Afrique des nations de football 1984 et 1988.
« La première commence à sa naissance et s’achève alors qu’il a 16 ans et qu’il devient gardien de buts dans une équipe mythique dans sa ville natale, l’Oryx de Douala. La deuxième couvre les 24 années qui suivent et le mènent vers les sommets du football, en Afrique et en France. La troisième phase, après sa carrière de footballeur, depuis 24 ans, l’a vu partager ses analyses, son regard, sur le football et le monde autour de lui », renseigne l’éditeur Tila. « Le récit remonte le temps et en tire les leçons, avec le bénéfice du recul. Il se savoure comme une conversation avec un érudit et un as de la démonstration », lit-on encore.
Voici des extraits du nouveau livre de Joseph Antoine Bell
« Trois questions à Joseph Antoine Bell
En 1994, tu arrives au bout de ta carrière de footballeur. Pour quelques temps encore tu vis entre la France et le Cameroun mais le retour au Cameroun est une question de temps puisqu’il intervient bientôt. On devine pourtant que la décision n’a pas été prise du jour au lendemain ?
Je n’ai jamais arrêté de penser à un éventuel retour au Cameroun. Vers la fin de ma carrière de footballeur professionnel à Saint-Etienne, rester en France était une option, mais l’idée du retour m'obsédait.
J’avais d’ailleurs pris l’habitude, lors de mes cinq dernières années en France, d’acheter des vêtements légers, planifiant que je pourrais ramener ces vêtements au Cameroun sans aucun problème.
J’achetais quelques manteaux pour les jours de froid en Europe, mais pour l’essentiel je n’achetais que des vêtements utilisables au Cameroun également.
C’est aussi dans l’optique de ce retour que je me suis préparé financièrement à la perspective de pouvoir vivre, une fois au Cameroun, sans plus devoir travailler, chose qui est devenue réalité depuis lors...
Non pas que je sois riche à ne plus savoir quoi faire de l’argent mais je m’étais préparé à réduire mes besoins, à m’adapter à la situation nouvelle. J’avais anticipé qu’une fois de retour au pays, il valait mieux ne plus avoir à travailler pour quiconque pour pouvoir vivre au quotidien.
Tout ceci était il est vrai facilité par le fait que je n’étais jamais totalement parti.
Mais il y a eu la France, la Côte d’Ivoire, l’Egypte et encore la France… En fait, lorsque à 40 ans, tu arrêtes ta carrière de footballeur, tu as passé près de la moitié de ces années loin du Cameroun.
Oui, sans doute. Sauf que pendant toutes ces années passées en dehors du Cameroun, je suis toujours revenu lors de mes vacances, en fin d’années et pendant les vacances scolaires. Je n’ai donc pas vraiment perdu le contact avec le pays.
Et au fil de ces années, j’ai vu changer le Cameroun, non pas avec les yeux d’un touriste mais avec ceux de celui qui ne l’a jamais vraiment quitté, pas totalement au moins.
J’ai été témoin par exemple de ce glissement progressif vers l’époque où il devenait de plus en plus courant pour ceux qui étaient partis de se voir escroquer par les leurs qui étaient restés.
Lorsqu’il est question de la reconversion d’un ancien footballeur, on l’imagine en position d'entraîneur notamment. Ce qui n’est pas ton cas. Pourtant, l’Union de Douala, où tu as passé quatre saisons (1975-1979) aurait par exemple pu être la porte d’accès vers cette carrière une fois que tu rentres au pays natal.
C’est d’autant plus vrai que j’avais envisagé de devenir entraîneur et j’avais donc obtenu mes diplômes. De plus, à mon retour au Cameroun, j’étais en contact avec mes anciens dirigeants de l’Union de Douala.
Lors du Congrès du club de 2002 auquel je m’étais rendu, sans avoir été invité, mais après en avoir entendu parler à la radio le matin même, j'avais montré la disponibilité à participer à la vie de l'équipe. On m’avait alors promis qu’on me contacterait. J’attends toujours. »
Extraits de Flashback, éditions Tila, 2022