Incapable de s’imposer lundi face au Nigéria à Yaoundé, à l’occasion de la 4ème journée des Eliminatoires du Mondial Russie 2018, le Cameroun a officiellement dit adieu à la Coupe du Monde Russie 2018. Les Lions Indomptables menés dès la 30ème minute suite à un but de Moses Simon ont pu trouver l’égalisation à la 75ème minute, grâce à un penalty transformé par Vincent Aboubakar. Insuffisant mathématiquement pour espérer encore se qualifier pour ce prestigieux rendez-vous russe.
Les mauvais choix du sélectionneur Hugo Broos depuis le match aller disputé vendredi au Godswill Akpabio International Stadium de Uyo sont pointés du doigt. Après avoir relégué Eric-Maxim Choupo Moting au banc de touche au Nigéria au profit de Moumi Ngamaleu, il a ensuite choisi de sacrifier Vincent Aboubakar et Christian Bassogog lundi à Yaoundé. C’est drôlement l’entrée des deux attaquants camerounais qui a donné vie au compartiment offensif de l’équipe camerounaise très peu en verve durant les 61 premières minutes. Meilleur joueur de la Coupe d’Afrique des Nations Gabon 2017, Christian Bassogog a, grâce à ses feintes et multiples accélérations réussi à désagréger le bloc défensif nigérian. C’est lui qui servait le ballon qui a permis à Arnaud Djoum d’arracher le penalty transformé par Aboubakar Vincent (75e).
Des performances saluées par le public camerounais mais qui n’ont pas empêché son entraineur de faire de lui sa cible à la conférence de presse d’après-match. « Christian n’était pas titulaire parce qu’il doit changer sa manière de jouer. C’est très prévisible. Si moi j’avais 40 ans en moins, jamais de sa vie il ne me passe. Parce que tout le monde sait ce qu’il va faire. Lors de la CAN, c’était une surprise parce que plusieurs équipes ne connaissaient pas Bassogog. Mais les entraîneurs savent maintenant ce qu’ils doivent faire », a-t-il indiqué. « C’est facile, il suffit, a-t-il ajouté, de mettre un défenseur qui est aussi rapide que lui et il est en difficulté. Donc, si Christian prend conscience qu’il ne va pas toujours prendre le ballon et courir, qu’il doit varier son jeu, ça deviendra un meilleur joueur », a dit le sélectionneur des Lions Indomptables.
A travers ce discours peu protecteur, Broos tente avec un cynisme hors du commun de livrer un des joueurs qui ont grandement contribué au sacre du Cameroun au Gabon à la vindicte populaire. Mais son jeu peut être diversement interprété. Pour beaucoup, le coach des Lions a certainement voulu détourner l’attention du public sur la prestation de certains joueurs qu’il s’est entêté à titulariser (Jean-Pierre Nsame) ou celle du capitaine Benjamin Moukandjo, une nouvelle fois transparent.
Débandade des talents
L’on savait déjà depuis bien longtemps que le technicien belge n’est pas du genre à assumer ses échecs. Lors de la rencontre amicale perdue (1-2) au mois de mars en Belgique face à la Guinée Conakry, il avait accusé les problèmes de management autour de la sélection avant de s’excuser quelques jours plus tard auprès du public camerounais. Après les prestations catastrophiques des Lions Indomptables à la dernière Coupe des Confédérations en Russie, l’ancien coach de la JS Kabylie avait vite fait de jeter l’anathème sur ses joueurs qu’il a accusés d’avoir pris la grosse tête après le succès à la CAN au Gabon. Mais l’homme n’a jamais questionné ses mauvais choix et n’en tire visiblement aucune leçon. Il ne se rappelle pas d’avoir gagné la finale de la Coupe d’Afrique des Nations grâce aux réalisations de Nicolas Nkoulou et Vincent Aboubakar, deux joueurs cadres qu’il avait carrément tenté d’humilier durant toute la compétition en les laissant sur le banc de touche au profit d’autres joueurs besogneux.
De plus, Broos semble plus à l’aise avec des « no name ». Il donne l’impression d’avoir du mal à gérer les joueurs d’un certain niveau. Dès son arrivée, il avait tôt fait de pousser Stéphane Mbia l’ancien capitaine vers la sortie. Idriss Carlos Kameni, meilleur gardien de but camerounais ces dernières saisons n’a jamais figuré dans ses plans. Il a dans le même temps réussi à démotiver Clinton Njie, Eric-Maxim Choupo-Moting, André Onana, Allan Nyom, Henri Bedimo, Nicolas Nkoulou et dans une certaine mesure les frères Matip. Leur péché: flirter avec le haut niveau. Devenu une grande star après la Coupe d’Afrique des Nations Gabon 2017, Christian Bassogog entre peut-être déjà dans cette lignée. Et la peur de perdre la pépite de Henan Jianye peut évidemment déjà commencer à nous habiter. A cette allure là, l’équipe nationale du Cameroun serait bien partie pour ne plus conserver aucun véritable talent. Broos aura réussi grâce à cette polirique désastreuse à priver le Cameroun d'une huitième participation à la Coupe du Monde. L'on n'oubliera surtout pas la défaite humiliante (0-4) concédé le 1er septembre 2017 à Uyo face au Nigéria à l'occasion de la 3ème journée des éliminatoires de cette compétition prévue en Russie en juin-juillet 2018.