C’est une grande page de l’histoire politique du Cameroun qui se referme ainsi avec la disparition de celle qui compte parmi les militantes de la première heure de l’ex parti unique au pouvoir, l’Union nationale du Cameroun (Unc), l’ancêtre du Rdpc. Dans une correspondance particulière publiée en 2013 dans le quotidien Le Messager, Jacques Pierre Seh dressait le portrait suivant pour présenter la dimension de l’illustre disparue.
« Initiée à l’école de l’endurance politique - ce qui lui vaut les lauriers - Delphine Medjo est un produit de l’école normale des instituteurs de Nkongsamba, avec à son actif plusieurs stages de formation à l’étranger. Elle entre en politique en 1962 à Douala dans l’Union camerounaise comme simple militante. Ce qui lui permet de faire la connaissance de Charles Assale alors premier ministre du Cameroun Fédéral, au moment où elle était enseignante à l’école publique de New-Bell Bassa à Douala. Elle reçue la proposition du premier ministre de travailler à Ebolowa où il y avait également un grand besoin d’enseignants qualifiés. Par concours de circonstance, son père décide également de rentrer à Ebolowa. Delphine Medjo saisit la balle au bond et rentre à Ebolowa. Qualifiée dans son domaine, elle est affectée à l’école publique d’Adoum. Tout étanten sa faveur, Germaine Ahidjo arrive à Ebolowa pour l’inauguration de l’hôpital d’Ekombitié, le premier ministre Charles Assale lui propose alors de rester aux côtés de la première dame de l’époque pendant tout son séjour d’Ebolowa. Compagnie qu’elle a bien tenue. Elle entre alors en politique à l’Ofunc (l’organisation des femmes d’union nationale camerounaise). Pendant ce temps, elle partira de l’école publique d’Adoum pour l’école urbaine. Elle est conseillère dans la commune d’Ebolowa en 1969. Son appétit grandi en politique, elle est élue présidente départementale de l’Ofunc du Ntem qui regroupait l’actuel département de la Mvila et celui de la Vallée du Ntem. Conseillère municipale depuis près de 40 ans, elle participe à toutes les actions de la marche de son parti le Rdpc. Delphine Medjo entre au comité central et au bureau politique du Rdpc en 1998, au moment ou la Nationale, le parti d’Abel Eyenga avait le vent en poupe dans le département, elle tient bon. Frustrée peut être parce qu’elle s’attendait à être nommée déléguée du gouvernement dans la communauté à régime spécial, C’est bien Abolo Abolo qui est choisi. Quelques temps après, elle est nommée coordonnatrice régionale des opérations d’intensification des inscriptions sur les listes biométriques dans le Sud. Opération qu’elle mène avec maestria, ce qui augmente sa cote de confiance dans son parti. Inspectrice de l’enseignement primaire et maternel, puis provinciale dans le Sud, Delphine Medjo née en mars 1941 à Douala, est mère de 07 enfants donc 02 filles et 05 garçons ».