Le Cardinal Christian Tumi vient de réagir publiquement à la crise qui secoue les Régions anglophones du Cameroun. Dans un entretien diffusé les 6 et 7 décembre 2016 sur Radio Balafon, une antenne émettant de Douala, le prélat à la retraite a déclaré qu’il existe bel et bien un problème anglophone au Cameroun.
L’ancien archevêque de Garoua et Douala estime qu’il est possible qu’inconsciemment, ceux qui nous gouvernent ne sachent pas qu’il y ait un problème anglophone. Il rapporte pour illustrer son propos une anecdote concernant l’ancien dirigeant français Charles de Gaulle. L’on apprend que réagissant à une revendication, ce dernier avait demandé à son interlocuteur camerounais: « l’anglais pour quoi faire ?».
Christian Tumi soutient que dès lors, le sort des anglophones du Cameroun a basculé. «Depuis, on a essayé d’effacer ce qui est anglo-saxon inconsciemment. Je continue à dire inconsciemment», martèle l’homme de Dieu. Il se fait l’écho d’une opinion qui soutient que Ni John Fru Ndi aurait dirigé le Cameroun en 1992 s’il était un francophone.
«Vous savez bien ce qui s’est passé en 1992. Beaucoup de Camerounais sont aujourd’hui convaincus que celui qui avait gagné les élections en 1992 était un anglophone: Fru Ndi. Et beaucoup sont convaincus que si Fru Ndi était francophone il serait aujourd’hui Président du Cameroun au moins depuis 1992. Vrai ou faux je n’en sais rien».
Revenant sur la crise de ces dernières semaines au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, Christian Tumi soutient qu’elle n’est pas bien gérée. «L’Archevêque de Bamenda m’a dit que le Premier Ministre les avait reçus. Et il m’a dit qu’il pensait qu’ils étaient prêts à sacrifier toute la journée pour discuter à fond de ce problème. Le Premier Ministre a reçu les responsables des confessions religieuses pendant une trentaine de minutes. Il m’a dit qu’il leur dit: «voilà ce que nous ne devons pas faire, voilà ce qu’il faut faire». Ce n’est pas le dialogue. Dans le dialogue il faut supposer que l’autre peut avoir la vérité qui sauve. Il faut l’écouter et avoir ce que j’appellerais l’honnêteté intellectuelle et accepter la vérité, quelle que soit son origine. Que ça vienne de l’opposition ou des gens qui font la grève, il faut être ouvert. Pas venir comme une autorité», proteste-t-il.
Le Cardinal Tumi critique le fait que Philemon Yang ait reçu durant son premier séjour à Bamenda les groupes concernés par la crise de façon individuelle. Il aurait aimé voir le Premier Ministre recevoir ceux qui faisaient la grève, dialoguer avec eux, écouter leurs doléances. L’esprit libre qu’est Tumi jure qu’il n’a «jamais été contre le régime». Mais explique qu’en tant que Camerounais il devait s’exprimer selon la situation qui se pose devant lui. Parce que, fait-il savoir, en tant que prêtre, il est un leader là où il se trouve et doit proposer à la société ce qui est bien.
- 09-Dec-2016 - 06h41
- 113483
- 74