Cameroun - Assassinat de Martinez ZOGO - Dieudonné ESSOMBA: "UN MARTEAU-PILON POUR TUER UN… MOUCHERON !"

Par | Correspondance
YAOUNDE - 10-Feb-2023 - 15h30   14331                      
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Dieudonne Essomba Capture d'ecran
"Faisons le compte: pour assassiner un petit bavard parfaitement inoffensif comme Martinez Zogo, il eut été si simple d’acheter quelques loubards avec une poignée d’argent tel qu’on le voit dans les films et tel qu’on le vit tous les jours dans nos grandes villes."
UN MARTEAU-PILON POUR TUER UN… MOUCHERON !
 
Martinez Zogo était un animateur d’une radio locale de Yaoundé. Il avait une émission de ragots sur les personnalités dont il dénonçait les tares supposées en termes particulièrement provocateurs, suivant une ligne dont raffole la foule, assommée par la misère et l’ignorance, et qui trouve dans la vie luxueuse de l’élite locale la principale source de ses malheurs.
 
A travers ses dénonciations, le petit peuple y trouvait une sorte de consolation contre ces puissants sur lesquels il n’a aucune emprise, Martinez Zogo apparaissant ainsi comme une sorte de Don Quichotte à la camerounaise.
 
Mais si ses dénonciations avaient la faveur du petit peuple, elles apparaissaient somme toute sans le moindre impact réel du point de vue politique et encore moins judiciaire.
 
Les soi-disant informations qu’il aurait détenues sur les lignes 94 et autres relèvent du secret de Polichinelle, car ces lignes n’ont aucun secret ! Ce sont des ressources prévues pour un certain type de dépenses, parmi lesquelles les appuis au secteur privé et les bénéficiaires doivent présenter leur demande sous la forme d’un dossier. Ce dossier est analysé et en cas d’accord, une procédure de paiement parcourant toutes les épates administratives est engagée, jusqu’au paiement.
 
Je dois dire que moi-même, en tant que cadre du MINEPAT, on me soumettait pour appréciation ces interventions sur la ligne 94, que les demandes émanent des Ministères, des Universités, des Mairies, des Entreprises d’Etat ou du secteur privé.
 
Il n’existe rien de caché sur ces lignes, et c’est de la pure affabulation que d’en faire quelque chose de mystérieux. N’importe quel cadre dans les Directions qui en ont la charge peut vous dire ce que tel ou tel a obtenu et pourquoi.
 
Martinez Zogo n’avait donc aucun secret qui n’était connu des autres influenceurs et surtout, des milliers de fonctionnaires en charge de ces dossiers et qui leur transmettent ces informations sous une forme plus ou moins biaisée.
 
Ce qui est plutôt étonnant, c’est l’incroyable mobilisation des moyens pour l’assassiner.
 
Faisons le compte: pour assassiner un petit bavard parfaitement inoffensif comme Martinez Zogo, il eut été si simple d’acheter quelques loubards avec une poignée d’argent tel qu’on le voit dans les films et tel qu’on le vit tous les jours dans nos grandes villes.
 
Au lieu de quoi, voici ce que feront nos prétendus assassins :
 
D’abord, former une coalition composée de :
 
- le Ministre Lauranet Esso, Magistrat
- le Ministre Motaze
- le DG de la DGRE
- l’homme d’affaires Amougou Belinga
- l’entourage d’Amougou Belinga, comprenant notamment le colonel en retraite ancien Commandant de la Garde Présidentielle Etoundi Nsoe, ainsi que le journaliste Bruno Bidjang, le chauffeur, etc. ;
 
Et à qui va-t-on confier la réalisation de l’opération ? Pas moins qu’à la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE), l’ancienne DIRDOC de Jean Fochivé !
 
Evidemment que cela doit coûter cher : il ya des masses d’argent qui circule dans les sacs Mbandjock, pilotées notamment par Bruno Bidjang et le Colonel Nsoe Etoundi !
 
Et pour faire bonne mesure, c’est au sous-sol de l’Immeuble Ekang, un édifice abhorré, que le crime a eu lieu ! Que voulez-vous ? Les assassins de M. Zogo sont si bêtes qu’ils ne savent pas qu’il existe, même au Cameroun, une police scientifique qui identifie très rapidement les lieux d’un crime, surtout quand le sang a coulé.
 
Et quand les assassins ont fini leur travail, ils cachent d’abord le cadavre, avant de l’exposer à côté du domicile du colonel Nsoe.
Tout cet assassinat est naturellement télévisé, puisque le journaliste Xavier Messe suit minute par minute les péripéties de l’événement !
 
Voilà en gros ce qu’on veut nous faire gober ! Ouf ! Même l’assassinat d’un Premier Ministre, d’un Ministre de la Défense ou d’un Chef d’Etat-major qui sont les personnalités les plus protégées dans un pays après le CHEF de l’Etat n’aurait pas mobilisé autant de moyens !
 
Mais avec des imbécile, plus c’est gros, plus ça entre !
 
Et voilà d’ailleurs que le problème déborde le simple cadre de l’assassinat de Zogo : si on en croit les rumeurs colportées notamment par la mégère Calixte Beyala aux fesses rebondies, Amougu Belinga serait également coupable de tentative de coup d’Etat, de collusion avec les Russes de Wagner, d’assassinat de Monseigneur Balla et de 11 autres meurtres!
Des hurlements sauvages appellent au remaniement ministériel à l’emprisonnement d’Esso Laurent et à la destruction de l’Immeuble Ekang !
 
On atteint vraiment le stade la folie !
 
Et pendant que nous y sommes, où sont les suites des enquêtes sur le COVID 19 et les Stades de la CAN ?
Non, cela peut attendre !
 
Les enquêteurs ont du pain sur la planche. Personne ne peut dire ce qui s’est exactement passé, en dehors de Dieu et nous espérons que les enquêtes vont établir cette vérité.
 
Néanmoins, en ce qui me concerne, je ne crois même pas à une once de la culpabilité d’Amougou Belinga et les autres. C’est mon opinion et je l’assume. Le scénario est trop invraisemblable pour le bon sens commun et ne sauraient donner lieu à un procès crédible. Bien au contraire, cela ferait de nous la risée du monde entier.
 
Et pour éviter cette risée, les enquêteurs doivent rejeter le simplisme de la Meute qui aboie sa haine d’Amougou Belinga et nous établir de manière claire et crédible ce qui s’est exactement passé.
 
Dieudonné ESSOMBA




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