La sixième édition du Championnat d’Afrique des nations des footballeurs locaux s’est clôturée le 7 février avec le sacre du Maroc. Et même si le Cameroun a été éliminé en demi-finale, terminant son parcours par deux défaites, nombre d’observateurs pensent que la fête a été réussie. C’est aussi l’avis de l’universitaire Mathias Éric Owona Nguini.
Récemment passé professeur titulaire des universités, le fils de l’ancien ministre Joseph Owona a publié un volumineux texte sur sa page Facebook après la finale du CHAN, pour saluer cette évènement. «Pari réussi: Le Cameroun a organisé un très beau CHAN. C’est un succès retentissant», a-t-il écrit en guise d’introduction.
«Le Cameroun a réussi son organisation (qualité de l’accueil touristique; qualité de l’infrastructure de couverture médiatique; qualité des infrastructures sportives; qualité de l’ordonnancement protocolaire; qualité du dispositif sécuritaire). En effet, le Cameroun a montré de quoi il était capable lorsqu’il décidait de sortir de sa torpeur réputée et de son indiscipline avérée», souligne le politologue.
Au plan politique, le vice-recteur à l’Université de Yaoundé I fait remarquer que «le gouvernement a réussi son pari d’organiser une poule à Limbe et d’y maîtriser les risques d’incident sécuritaire liés aux menaces explicites lancées par les activistes du fanatisme identitaire ambazonien».
Ci-dessous, l’intégralité de son texte:
Le CHAN vient de s’achever sur la victoire logique d’une solide sélection marocaine devant une sélection malienne pleine de caractère. Les Aigles A’ du Mali ont fait souffrir les lions A’ du Maroc jusqu’à la 69ème minute. Avant que le Maroc ne fasse la décision sur 2 balles arrêtées. Le mali a eu sa chance mais n’a pas su la saisir, ne parvenant pas à concrétiser.
Un succès organisationnel
Le Cameroun a réussi son organisation (qualité de l’accueil touristique; qualité de l’infrastructure de couverture médiatique; qualité des infrastructures sportives; qualité de l’ordonnancement protocolaire; qualité du dispositif sécuritaire). En effet, le Cameroun a montré de quoi il était capable lorsqu’il décidait de sortir de sa torpeur réputée et de son indiscipline avérée.
Le paradoxe camerounais est que ce pays si souvent critiqué pour ses problèmes d’organisation, dispose pourtant d’une logistique administrative exercée et d’un savoir-faire technocratique avéré qui peuvent lui permettre lorsque ses responsables y souscrivent, de conduire une organisation largement conforme aux standards internationaux en la matière.
Ainsi, les cérémonies d’ouverture et de clôture ont été du grand art, mettant en relief l’expertise relevée de ce pays en matière de scénographie.
Un succès réputationnel
Le Cameroun a souvent une mauvaise image, ceci qui plus est, relève du fait de certains de ses ressortissants toujours prompts à dénigrer leur pays, à tort ou à raison. Souvent plus à tort qu’à raison. Ainsi, pour des raisons souvent liées à des arrière-pensées politiciennes, factionnalistes ou tribalistes. Ainsi avec une terrible mauvaise foi trompeusement présentée comme l’exercice du discernement critique, nombre de détracteurs du pouvoir liés aux milieux d’opposition et de contestation ont clairement conduit une action pour faire croire que le Cameroun ne pouvait organiser et gérer avec sérieux un tel événement sportif.
Ils ont eu tout faux. Les étrangers ont été surpris en raison de cette campagne de la qualité de cette organisation de la CAF et du Cameroun. Ils ont pu découvrir que la réalité du Cameroun est plus nuancée et moins manichéenne que ce que certains milieux ont voulu leur faire croire. Cette réalité souvent méconnue par les Camerounais eux-mêmes, c’est que s’il y a une chose dont le Cameroun ne manque pas, c’est le talent.
Un succès sportif
Le niveau de ce CHAN montre que cette compétition gagne en valeur. Certains matchs avaient une intensité de CAN. De bonnes équipes se sont fait voir comme les Lions de l’Atlas (Maroc), les Aigles du Mali, le Syli National de Guinée ou les Amavubis du Rwanda. Si les Lions Indomptables n’ont pu parvenir en finale, ils ont fait du mieux qu’ils pouvaient. Leur match contre les Léopards de la RDC fut d’une grande intensité tout comme celui entre les éperviers du Togo et les Amavubis du Rwanda. Le CHAN progresse en qualité de jeu, même s’il y a encore du chemin à faire. C’est un bon levier de mobilisation pour rendre compétitifs les joueurs évoluant dans le championnat de leurs pays.
Un succès politique
Le CHAN est aussi un succès … politique. En effet, il a permis au Président Paul Biya et à son appareil gouvernant de faire la preuve que le pouvoir central avait un niveau significatif de contrôle de son territoire, ceci malgré la fronde menée par les partisans de l’anglophonie identitaire. Le gouvernement a réussi son pari d’organiser une poule à Limbe et d’y maîtriser les risques d’incident sécuritaire liés aux menaces explicites lancées par les activistes du fanatisme identitaire ambazonien.
Le Cadenassage sécuritaire autour de cette poule de Limbe a permis à tous les étrangers venus dans cette zone de voir que l’appareil gouvernant patronné par le Président Paul Biya est bien ancré et dispose d’une résilience puissante dans la gestion de cette crise.
Pr Mathias Éric Owona Nguini