Dans le département de l’Océan région du Sud, Cameroun Vert Sarl (Camvert), la société créée par un mystérieux entrepreneur, Aboubakar al-Fatih, compte raser 60 000 hectares de forêt dans les arrondissements de Campo et Niete, une superficie équivalente à trois fois la ville de Douala, capitale économique du pays. L’objectif de Camvert est la création d’une plantation industrielle de palmier à huile et l’implantation d’une usine de transformation.
Une situation qui depuis plusieurs mois, est à l’origine de gorges chaudes entre les responsables du projet et les populations résidentes dans les forêts querellées. Hier mercredi 17 août 2022, l’ONG Greenpeace Cameroun a lancé une campagne de communication avec quelques influenceurs web dans le but de célébrer les femmes autochtones et sensibiliser le grand public sur les questions environnementales.
Cette initiative fait suite à plusieurs autres déjà initiées par Greenpeace Cameroun sur la question. Ces populations voient en ce projet, une cause de perte des droits d’usages qu’elles exercent dans la forêt ciblée.
En octobre 2021, une association Bagyeli, Bagyeli’s Cultural and Development Association (BACUDA), en collaboration avec Appui pour la Protection de l’Environnement et le Développement (APED) et Forest Peoples Programme, ont soumis une requête au Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CERD) de l’ONU pour protester l’accaparement de leurs terres ancestrales par Camvert.
« Nous allons utiliser des influenceurs web afin de toucher d’autres couches sociales, à l’inter des jeunes sur une période d’un mois et après nous allons évaluer l’impact de cette campagne » a expliqué Carrele Mawamba Nguena, chargée de la mise en œuvre du projet Green Development Advocates.
La responsable explique également qu’en 2019, le ministre Jules Doret Ndongo, des Forets et de la faune (Minfof) a déclassé dans les arrondissements de Campo et Niete, plus de 60 000 des plus de 88 000 hectares de forêt que comportait l’Unité forestière d’aménagement pour octroyer cet espace à Camvert.
Selon Carrele Mawamba Nguena, la difficulté dans l’affaire Camvert vient en grande partie du fait que le processus de déclassement qui y a été effectué ne respecte pas la loi camerounaise en la matière. Sur environ 2 500 hectares de forêt déjà détruits, les communautés vivent déjà des conflits avec les animaux, à l’instar des éléphants.
Le « conflit » entre Greenpeace Cameroun et Camvert vient de trouver un nouveau terrain d’affrontement, à l’instar de Tweeter, LinkedIn, Facebook entre autres.
Jean Daniel Obama