Si la décision dépendait du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), il y a longtemps que l’ex directeur général de la Cameroon radio and television (Crtv), Amadou Vamoulke, devait être remis en liberté. Pour cette organisation de défense des droits de l’homme, la nouvelle inculpation contre Amadou Vamoulke, le 23 février dernier, est la preuve de l’acharnement dont il est victime. « Alors que Vamoulke croupit à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis le 29 juillet 2016, alors que le dossier sur le plan juridique manque de preuves pour démontrer sa culpabilité, et au moment où nous nous attendions à sa relaxe pure et simple par le Tribunal criminel spécial, nous avons plutôt vécu la semaine dernière une mise en place d’un rouleau compresseur », dénonce Maximilienne Ngo Mbe, la directrice exécutive du Redhac, lors d’un point de presse donné mercredi dernier à Douala.
Elle fait ainsi référence à la nouvelle accusation de détournement de 25 milliards F Cfa qui pèse contre l’ex Dg et huit de ses anciens collaborateurs. Il est incompréhensible explique cette organisation, que ce soit plus d’un an et demi après son incarcération, qu’un audit ait été réalisé sur sa gestion de la chaine publique. « Ce qui n’a pas été dit, c’est que c’est l’actuel directeur général de la Crtv, Charles Pythagore Ndongo qui aurait commandité un audit sur la gestion de son prédécesseur », confie la directrice exécutive du Redhac. L’audit a été réalisé en absence du principal concerné et/ou de son avocat, et n’a bénéficié d’aucune contre-expertise comme le prévoit la règlementation en la matière. Ce qui démontre une violation des droits de l’accusé d’une part, et du code de procédure pénal d’autre, d’où sa « nullité absolue » selon Maître Alice Nkom, présidente du conseil d’administration du Redhac.
Dans la mesure où « la gestion de la Crtv par monsieur Vamoulké a fait l’objet d’une quinzaine de missions d’investigation du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) et qui n’ont relevé aucune malversation ou erreur de gestion », il est évident que le natif du Mayo Danay est victime d’une manipulation de la justice, d’où le renvoi de son « sept reprises consécutives ».
Partant de ce constat, le Redhac à travers le Comité international pour la réhabilitation et la libération de M. Vamoulke, exige « sa relaxe pure et simple ». Pour cela, il convoque le Pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations unies, et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, deux textes internationaux ratifiés par le Cameroun.
Avant d’être emprisonné pour le détournement de 3 milliards de francs cfa, en coaction avec l’ancien ministre des Finances Polycarpe Aba’a Aba’a, Amadou Vamoulke, était déjà cité dans le cas Mendo Ze. Une preuve, selon Me Alice Nkom, qu’il est victime d’un « procès politique ». C’est dans cette logique que le Redhac appelle les juges à faire preuve de courage, et à dire le droit.
Marie Louise SIMO