Le recteur de Douala réagit aux menaces de grève des étudiants qui pèsent sur l’institution.
Où êtes rendu avec le règlement de la crise qui secoue votre université depuis décembre dernier?
L’université n’est pas en crise. L’université vit et les cours ont repris sereinement ce matin (Ndlr : hier matin). J’ai dispensé mon cours et comme vous pouvez le constater en ce moment, mes collaborateurs aussi. Certes il y a un groupuscule qui s’agite autour de certaines questions liées à l’actualité récente. Il s’agit notamment des gens qui n’ont aucune préoccupation académique, contrairement à ce que nous avions cru au départ.
Que répondez-vous lorsque les étudiants posent comme condition de reprise normale des cours, le départ du campus des milices?
La police du campus, puisqu’il faut l’appeler par son nom, n’est pas le propre de l’université de Douala. Dans les autres universités au Cameroun elle existe. L’université catholique par exemple, l’emploie. Vous n’y pouvez accéder que si vous vous êtes présentés. Il faut d’ailleurs dire que récemment j’ai dispensé les enseignements dans les universités en Occident. La première chose que j’ai reçue c’était un badge que je devais présenter à chaque fois pour y accéder. Ce n’est pas un fait propre au Cameroun.
Deuxième chose, je ne sais pas de quels étudiants vous parlez. Je discute avec eux et, à ma connaissance, il ne se pose aucun problème. Aucune revendication de cette nature ne se fait à mon niveau. Certes, ils déplorent des bavures que nous corrigeons progressivement. Au niveau de la République, va-t-on éliminer la police parce qu’elle commet des fautes dans l’exercice régulier de ses missions? Je crois que non. Les étudiants doivent s’habituer à ce cadre de travail auquel, me semble-t-il, certains sont hostiles.
Troisième chose, nous avons reçu des instructions du ministre de l’Enseignement supérieur pour assurer la police de l’université. Ceci veut dire que les chefs d’établissements assurent la police du campus pour lutter efficacement contre l’insécurité.
Avez-vous ouvert une enquête au lendemain des événements du 18 décembre dernier…
Il n’y a pas matière à ouvrir une commission d’enquête dans la mesure ou il y a des faits précis dès lors que les étudiants exclus après un premier refus ont sous mon couvert adressé un recours gracieux au ministre de l’Enseignement supérieur qui y a répondu favorablement. On ne saurait donc, dans ces conditions, mettre sur pied une commission d’enquête. Mais ce qu’il faut savoir c’est que l’université ne peut s’installer durablement dans le désordre et nous veillons à ce que les revendications des étudiants soient d’ordre académique. Lorsqu’elles sortent de ce cadre là, il y a un problème.
Au rang des mesures prises au lendemain des événements du 18 décembre 2006, vous avez décidé de payer les effets volés et détruits des deux étudiants exclus. Mais qu’ils refusent de venir récupérer…
Par rapport aux effets déclarés perdus, nous aurions pu leur demander de présenter les factures desdits effets. Mais dans un souci d’apaisement, nous avons fait acheter les effets. Seulement nous nous sommes rendus compte que les marques de téléphone réclamées par ces deux étudiants ne sont pas disponibles sur le marché local et le prix d’un seul est de 700 000 Fcfa à partir des catalogues des sites Internet où ils ont obtenu les échantillons. Ni Mtn ni Orange ne les commercialisent encore. Les ordinateurs portables réclamés sont loin au dessus des prix connus et à la portée des étudiants. Nous demander des ordinateurs de 2 millions est extrêmement prétentieux. Nous avons reçu des autres étudiants une pétition qui va contre la remise de cette donation qu’ils considèrent comme étant réponse favorable au chantage. Nous ne pourrons donner suite au chantage et il n’y a aucune situation de blocage dans la mesure ou les cours ont bien débuté dans les deux campus.
Quel est l’état de préparation matérielle des nouvelles facultés dans lesquelles les cours ont eux aussi débuté?
Les cours ont débuté dans les locaux de la maison de l’étudiant ainsi que dans d’autres locaux. Des dispositions sont en train d’être prises pour le déroulement normal des cours. Le Pr Lobe Monekosso a été sollicité pour sa leçon inaugurale. La visite annoncée du ministre de l’Enseignement supérieur aurait dû avoir lieu en décembre et ne l’a pas été du fait du retard accusé dans la publication des résultats des concours. Il arrive donc pour le démarrage officiel des deux nouvelles filières et pour la remise des diplômes aux étudiants finissants de l’Enset. En outre, quatre chantiers dont deux sont achevés, sont en cours. Il s’agit notamment d’un amphithéâtre dont le re-dimensionnement doit permettre qu’il passe de 400 à 2000 place assises. Dans ce cadre, les travaux sont vers la fin. Le gros œuvre est achevé, la toiture est posée, les tables bancs sont disponibles. Les autres chantiers sont également en cours.