Urbanisation : Six camerounais sur dix vivent en ville

Par Bibiane Djayou, | Repères
- 25-Mar-2008 - 08h30   60439                      
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Au Cameroun, l'urbanisation est depuis quelques années un phénomène majeur.
Le taux d'urbanisation est passé de 37% en 1987, soit 3 millions 970 habitants à 9 millions380 habitants en 2004, soit 55%. Cela suppose qu'en 17 ans la population urbaine a plus que doublé avec un taux de croissance urbaine qui oscille entre 6 et 7%. Cette pression sur toutes les villes a des conséquences sur le développement spatial et le cadre de vie des cités notamment le déficit chronique des investissements et l'absence de conditions d'accueil. De plus en plus, l'exode rural favorise la multiplication des quartiers spontanés et la destruction progressive des quartiers planifiés. En l'absence de nouveaux investissements, la forte croissance démographique est absorbée par l'extension anarchique des villes et la densification des quartiers populaires urbains. Aujourd'hui, près de 70% de la population urbaine vit dans des zones urbanisées sans accès, dépourvues d'équipements et de services de base où elle s'expose à des conditions de précarité et d'insalubrité, ainsi qu'à l'insécurité. La dégradation de la voirie urbaine s'est généralisée, exacerbant les coûts d'exploitation des véhicules et prolongeant le temps d'accès aux services de transports urbains. Selon l'enquête sur le cadre de vie " le manque de route serait une des préoccupations majeures de la population à Yaoundé et à Douala ". La pauvreté en milieu urbain est chronique au point où il est admis que l'urbanisation est indissociable à la pauvreté. Pour le ministre du développement urbain et de l'habitat, Clobert Tchatat " la pauvreté favorise les risques de délinquance, de vandalisme, de débordements populaires, de violences conjugales. Cette situation ne tient tout de même pas au seul déficit des infrastructures, elle est avant tout le produit d'un emmêlement de causes multiples parmi lesquelles le chômage, l'évolution négative de certaines activités industrielles ou agricoles, l'impact limité des politiques d'aménagement du territoire, de l'éducation, et de la transformation des valeurs sociales ". Pour la résolution de ces problèmes, l'Etat entend mettre en œuvre des programmes importants d'amélioration de la mobilité urbaine dans nos villes et jeter les bases pour la relance de la production du logement social grâce à son enveloppe budgétaire qui est de 40,8 milliards de Fcfa. Il est également question de renforcer l'économie et de réduire la pauvreté urbaine. Ainsi, il est impératif d'améliorer les capacités des populations à générer les emplois, faciliter l'accès aux services de base de désenclavement, mettre sur pied une politique de développement économique durable, désenclaver les quartiers et les restaurer. Assainir les déchets liquides et solides, promouvoir l'habitat social, prendre en charge les populations vulnérables et lutter contre l'insécurité urbaine. Pour le secrétaire général du Minduh, M. Jean Paul Missi " l'amélioration du cadre institutionnel, de la gestion administrative et de la gouvernance sous-tend la dynamisation du secteur privé comme moteur de croissance et partenaire de l'offre en service sociaux ". Ces différents aspects ont été examinés au Palais des Congrès de Yaoundé les 12 et 13 mars 2008 lors de la conférence des responsables des services centraux et décentralisés du Minduh.




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