Face à la permanente menace de grève des transporteurs, le gouvernement a trouvé une parade, la hausse des tarifs du transport, en lieu et place de la baisse du prix du carburant que souhaitaient la plupart de ces transporteurs.

Par un arrêté signé le 8 mars dernier et rendu public seulement hier jeudi, le ministre du commerce, Mbarga Atangana Luc Magloire, fixe de nouveaux tarifs dits “ harmonisés ” du transport urbain par taxis et interurbain par cars et autobus sur l’ensemble du territoire national. Le tarif urbain par taxis, pour le ramassage de jour passe ainsi de 150 francs Cfa à 175 francs Cfa. Le ramassage urbain de nuit, passe de 170 francs Cfa à 200 francs Cfa, tarifs en vigueur de 22 heures à 5 heures du matin. Quant au tarif interurbain, au kilomètre par voyageur, il est désormais de 14 francs Cfa, au lieu de 11 francs Cfa jadis pratiqué. Le ministre du commerce précise que les nouveaux tarifs, seront négociés de “ gré à gré ” entre le transporteur et l’usager en dessous des tarifs maxima sus-indiqués. Autrement dit, les tarifs ainsi fixés constituent un plafond, toute latitude étant laissé au transporteur et à l’usager de s’accorder, au cas par cas, sur des niveaux inférieurs. En clair, le rituel bien connu, “ j’ai 100 ”, serait encore permis. Par ailleurs, la décision ministérielle souligne que les tarifs de location horaire ou journalière, dans toutes les localités, sont négociés de gré à gré sans aucune limite. Seules les courses dépôt, les ramassages en provenance ou à destination des aéroports, et les courses à destination ou en provenance des aéroports connaissent une nouvelle tarification (voir tableau en encadré). Luc Magloire Atangana définit sa démarche comme l’aboutissement d’une concertation entre les pouvoirs publics et les partenaires sociaux. C’est-à-dire la résultante de cette rencontre avec les syndicats du secteur des transports, le 7 mars 2005. Une rencontre qui avait également connu la participation des représentants des ministères des transports, de la Communication, du travail et de la sécurité sociale et portait entre autres, “ sur les tarifs du transport urbain par taxi et interurbain par car et autobus, maintenus au même niveau depuis l’année 1999, en dépit des variations à la hausse, de forte amplitude, comme chacun le sait, des cours mondiaux du pétrole des dernières années. ” On pourrait croire la décision du ministre du commerce salutaire pour les transporteurs, du fait de l’augmentation des recettes qu’elle pourrait induire. Que non ! Approchés juste après la publication de l’arrêté ministériel, certains transporteurs pensent que cette hausse ne résoudrait en rien leur problème. “ Le pouvoir d’achat des populations n’a pas augmenté. En plus, les Camerounais sont accablés au quotidien par les nouvelles mesures de la loi de finances 2005. Avec l’augmentation de la Tva sur la quasi-totalité des produits de première nécessité, l’impôt sur le revenu des personnes physiques et autres. Où prendront-ils de l’argent pour payer plus cher le taxi ?Quand le tarif était à 150f ils proposaient généralement 100F. Maintenant que le ministre le met à 175f, pensez-vous que le sort du transporteur changera ? ”, interroge, pessimiste, Vincent Owona, taximan. Un autre, responsable syndical et participant à la séance de concertation du 7 mars dernier, qui a requis l’anonymat de peur de pousser ses camarades à la “ révolte ”, confie qu’il a voté cette résolution la mort dans l’âme. “ En réalité, nous sommes conscients que les usagers sont dépourvus de moyens financiers. Nous voulions normalement que le gouvernement baisse le prix du carburant, au lieu de tuer les gens avec une nouvelle hausse des tarifs de transports. Nous avons défendu cette position en vain. Ils nous ont expliqué que cette baisse est impossible et que la hausse actuelle est décidée par les partenaires internationaux. Nous sommes pourtant dans un pays qui est parmi les meilleurs producteurs de pétrole. Difficile de dire ce qu’on en fait ”, observe avec amertume ce dernier. D’autres transporteurs accusent l’indifférence des populations face à leurs revendications. “Avant et après cette concertation avec les pouvoirs publics, la rumeur avait longtemps couru au sujet d’une probable hausse du tarif des transports. Personne n’a levé le petit doigt pour dire que c’en est trop. Aujourd’hui que cette hausse est effective, je présume qu’aucune association dite de défense des consommateurs ne sortira la tête de l’eau. On attend que le transporteur lutte et pour lui, et pour son client. Ce n’est pas normal ”, s’indigne Kengne Pierre René transporteur. Comme lui, de nombreux taximen de la ville de Yaoundé ont éclaté de rire, narquois, en apprenant que le ministre indique dans son arrêté que “ l’objectif du Gouvernement demeure d’arrimer ce secteur vital de l’activité économique nationale à la modernité, par une évolution progressive et concertée visant à sa libération. ” 1- tarifs urbains par taxi a) Ramassage urbain : - de jour : 175 F Cfa - de nuit : 200 F Cfa b) Course dépôt : - de jour :1300 F Cfa - de nuit : 1500 F Cfa c) Ramassage à destination ou en provenance des aéroports : - de jour : 1300 F Cfa à Douala et à Garoua 1500 F Cfa à Yaoundé et à Maroua - de nuit : 1500 F Cfa à Douala et à Garoua 2000F Cfa à Yaoundé et à Maroua d) Course à destination ou en provenance des aéroports - de jour : 4000 Fcfa à Yaoundé et à Maroua 2500 Fcfa à Douala et à Garoua - de nuit : 5000 Fcfa à Yaoundé et à Maroua 3000 Fcfa à Douala et à Garoua 2- Tarifs du transport urbain par cars et autobus TARIF VOYAGEURS Catégorie de voyageurs Tarif au kilomètre Enfants de moins de 7 ans Exonérés Enfants de 7 à 10 ans 7 FCFA Personnes âgées de plus de 10 ans 14 F CFA TARIF BAGAGES Distance en km Poids en kg De 0 à 100 km De plus de 100 à 200 km De plus de 200 à 400 km Plus de 400 km De 0 à 15 kg EXONERES De plus de 15 à 50 kg 350 F CFA 450 F CFA 550 F CFA 650 F CFA De plus de 50 à 200 kg 600 F CFA 700 F CFA 875 F CFA 1 000 F CFA Plus de 200 kg 0,04 F CFA/kg/km