La construction du premier tronçon reliant la capitale à la localité d’Olama est déjà lancée.Un espoir pour les populations et les chercheurs d’emploi.
L’ambiance est toute particulière au carrefour juste en face de la station de pesage de Nomayos, à quelques kilomètres de Mbankomo. Des bandes de jeunes, apparemment oisifs, encombrent la chaussée ou rasent les murs d’un chantier. Ce sont des chercheurs d’emploi, attirés par le début des travaux de construction des 80 km de l’axe Yaoundé — Olama, en passant par Ngoumou et Akono. C’est le premier tronçon de la route Yaoundé — Kribi. " Certains jours, nous sommes plus de 500 personnes ici. Pour la plupart, nous sommes maçons, chauffeurs, ou tâcherons sans formation particulière. Pour le moment, le recrutement général n’a pas encore commencé. Seuls les chauffeurs de camions passent chaque soir un test… " Pourtant, obstinés et insouciants du tohu-bohu d’une bétonneuse qui crache à grand renfort de toussotements assourdissants son contenu de mortier, Abou’ou Léopold Magloire et bon nombre de ses congénères tentent de vaincre le sommeil, en fumant une cigarette ou en se dégourdissant les jambes au petit marché spontané qui s’est ouvert non loin de là. Il n’est surtout pas question de manquer une quelconque opportunité ; on ne sait jamais à quelle heure peut survenir la chance. Même si, pour la plupart, ils ont passé la nuit à la belle étoile et que pour certains c’est depuis deux mois que ça dure.
Dans l’enceinte du lieu de travail, une dizaine d’ouvriers s’active, moulant des parpaings ou montant des murs. C’est ici que sera installée l’une des bases de la société Arab Contractors, adjudicatrice du marché. Les travaux ont effectivement commencé au mois de juillet par l’installation des bases et des structures du chantier. Du coup, une sorte de frénésie est perceptible, autant chez les populations riveraines, que chez de nombreux jeunes chercheurs d’emplois qui s’y sont rués. Tout le long de la bretelle reliant le quartier Mendong au village Nomayos, l’espoir de retrouver la " civilisation " - ce tronçon était sur l’ancien tracé de la route de Douala — irradie presque les visages. Surtout que, depuis quelques semaines, les travaux de terrassement ont effectivement commencé. Assis dans la cour de sa concession, un vieillard observe, presque admiratif, une équipe de topographes à l’œuvre. Plus loin, c’est une bande de jeunes gens qui s’extasient sur la puissance présumée d’une demi-douzaine d’engins garés le long de la route. A l’approche d’un véhicule, les badauds s’égaillent dans un buisson pour fuir l’épais nuage de poussière qui s’élève. Dans leur sourire agacé ou narquois, on croit lire l’expression d’un condamné nouvellement gracié, qui vit les derniers instants de son calvaire. Une tout autre ambiance règne au siège du chantier. L’air studieux du chef de la mission de contrôle et de ses collaborateurs ne prête effectivement pas à la rêverie. Ce même jour, le chantier doit recevoir une équipe de bailleurs de fonds. Il faudra les convaincre de la bonne marche des travaux. Avec force argumentation, Echikh Mokdad explique comment et pourquoi il faut une route de bonne qualité — le revêtement sera de 5 cm de béton bitumeux — et au moindre coût. Mais aussi, il faudra pouvoir la livrer en respect du délai de 24 mois imparti aux travaux.