Revue de l'actualité camerounaise de la semaine du 13 au 19 novembre 2000

Par | Cameroon-Info.Net
Yaoundé - 18-Nov-2000 - 08h30   49707                      
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Un décès dans le monde politique (celui de Samuel EBOUA), le rapatriement de quelques 117 Camerounais de Libye où il ne fait pas bon être Noir, la marche interdite du SDF à Yaoundé aux motifs aussi peu clairs que peu convaincants, du sport avec une pluie de millions de francs CFA sur les Lions Olympiques et le bon début de Lionnes Indomptables au Championnat des Nations en Afrique du Sud, au menu de cette revue de l'actualité....
Une fois n'est pas coutume, ouvrons cette revue de l'actualité par de la nécrologie, avec le décès de Monsieur Samuel EBOUA. Il n'est personne qui fasse l'unanimité. Même mère Theresa, Nelson Mandela, Martin Luther King… ou le pape ont leurs détracteurs. A fortiori Samuel Eboua décèdé le 14 novembre dernier. Pour certains, le "Cameroun a perdu un de ses vaillants fils", une "grande figure de la politique camerounaise a disparu "…, pour d'autres, un baron des régimes successifs a rendu l'âme. Présent sur la scène politique nationale presqu'au lendemain de l'indépendance, Monsieur S. Eboua aura arpenté, comme tous les caciques, les couloirs des palais et salons républicains. Du secrétariat général de la présidence de la république aux présidences des sociétés publiques, en passant par des ministères, Samuel Eboua eut pu être catalogué comme une "archive nationale". Il se sera même essayé à la politique, en occupant la présidence du parti politique UNDP ou en créant le sien (MDP), mais à vrai dire sans (grand) éclat. Il finira par rallier le camp des modernes et des démocrates, comme bon nombre de ceux auxquels le "renouveau" refusera un énième strapontin de plus. Paix à son âme, malgré tout. Restons dans le domaine politique, avec cette marche interdite du Social Democratic Front (SDF) à Yaoundé. C'était le 13 novembre dernier. Le principal parti d'opposition avait appelé ses militants et sympathisants à marcher en direction du Palais de l'Unité, pour remettre au Chef de l'Etat une proposition de loi portant sur la création d'une Commission Electorale Indépendante au Cameroun. Le méli-mélo auquel se sera livré le gouvernement dans cette affaire a permis de constater, une fois de plus, que notre "démocratie avancée et apaisée" n'était pas aussi avancée et apaisée que cela. Ce d'autant que le SDF de John FRU NDI n'a aucune chance de faire passer un projet de loi au Parlement, du fait de la confortable majorité dont disposent le RDPC et ses alliés. Alors vraiment on ne comprend pas ces interdictions qui sont du plus mauvais effet, dans un Etat qui se dit de droits. A croire qu'il y a quelque chose d'épidermique entre le SDF et le RDPC ! Une chose demeure, comment garantir la régularité des scrutins au Cameroun, quand on sait que dans un passé récent, on vit des morts voter, des vivants voter plusieurs fois au cours du même scrutin… Une chose est aussi de créer une Commission Electorale. Mais comment en garantir l'indépendance : qui nommera ses membres ? Selon quels critères ? Quels en seront les moyens (pour décider par exemple de l'annulation d'un scrutin, pour investiguer sur des accusations de fraude impliquant telle ou telle personnalité…) ? Un débat national mérite d'être initié sur la question. Quittons la politique pour l'économie, avec cette douche froide qui a arrosé quelque 150.000 fonctionnaires et agents de l'Etat. C'était lundi 13 novembre dernier. En effet, après l'euphorie des semaines passées -consécutive à l'annonce par le gouvernement de l'apurement de la dette salariale estimée a quelque 130 milliards-, le gouvernement a annoncé la semaine dernière que seuls les arriérés de moins de 100.000 FCFA seront payés avant juillet 2002 ! Même si "Xala" a fait pleuvoir des milliards sur le Cameroun, l'Etat convalescent ne pouvait se permettre d'apurer aussi facilement une telle dette. Nous regrettions la précipitation avec laquelle le gouvernement avait décidé de payer aux fonctionnaires ces arriérés, alors même que la crise économique n'est pas tout à fait oubliée (voir nos précédentes éditions). Cette mesure, au parfum électoraliste (les municipales ont lieu dans quelques mois seulement, en effet), ne fait que produire là ses premiers déçus. L'actualité sociale s'est partagée la semaine dernière entre espoir et inquiétude. Espoir avec à Foumban, un semblant d'apaisement entre les différentes communautés musulmanes du pays Bamoun qui se sont retrouvées vendredi 3 novembre dernier pour une prière commune. On se souvient qu'il y a quelques semaines, des troubles avaient éclaté à Foumban entre confréries musulmanes, occasionnant la fermeture momentanée de la Mosquée de la ville. Pourvu que ca dure, et que certains comportements extrémistes ou fondamentalistes observés çà et là dans ce monde n'arrivent pas chez nous. Une inquiétude qui peut se comprendre, même si celle-ci n'est pas d'abord du fait (direct) de la religion islamique dont on dit qu'elle serait la plus tolérante, la plus ouverte et "la meilleure" parmi toutes celles qui existent dans ce monde. En tous les cas, les Africains noirs qui vivent en Libye seront d'un avis contraire, eux qui vivent au quotidien intimidations, humiliations, xénophobie et racisme. Depuis des mois, les actes racistes et xénophobes se sont multipliés en Libye, causant la mort de plus de 130 personnes. Chose curieuse, ces actes ne sont dirigés que contre les Noirs ! Pris de peur, 117 compatriotes ont dû quitter la Libye du colonel Khadafi, un des "chantres de l'unité africaine ", pour Ndjamena où ils ont été accueillis par l'ambassadeur du Cameroun au Tchad. Deux commentaires face à ces événements. Primo, ceux qui côtoient ceux que nous nous évertuons à continuer a prendre pour des "frères ou cousins " d'Afrique du Nord, à savoir Marocains, Tunisiens, Mauritaniens, Algériens, etc., ne seraient pas surpris par ces comportements racistes. Le Maghrébin est convaincu de faire partie de la "race supérieure ", sous-entendue blanche. Ajouté à sa violence dont certains disent congénitale ou génétique, les morts se ramassent à la pelle parmi les Noirs ; lesquels Noirs passent pour être les seuls, dans ce monde, à subir le racisme, d'où qu'il vienne, des jaunes, des basanés, des Blancs… Au seul crime qu'ils sont Noirs. Secundo, l'unité africaine a encore un très long chemin a parcourir. Et c'est rien de le dire. Terminons malgré tout pour une bonne nouvelle sportive pour les Lions, avec cette prime de 150 millions de F CFA offerte aux Lions Olympiques par le Chef de l'Etat. Au-delà de ce non-événement, une question demeure : pourquoi, au Cameroun, ce qui est un droit doit-il devenir une faveur politique, une prérogative du Chef de l'Etat ? Chaque équipe olympique négocie ses primes avec le Comité olympique national, avant même le début de la compétition. Ceci prouve bien que chez nous, le sport demeure une arme politique, otage du pouvoir politique. Imaginez Bill Clinton remettre à l'équipe olympique américaine une telle prime, ou Jacques Chirac… eux qui ne savent même pas combien leurs athlètes ont reçu de leurs fédérations. Il est vrai qu'il faut comparer ce qui est comparable. Mais les mœurs politiques camerounaises ont décidément quelque chose de particulier. Ainsi allait (à peu près) le Cameroun la semaine dernière. Avec ce début éclatant et rugissant de nos Lionnes en Afrique du Sud où se déroule la Coupe d'Afrique des Nations féminine de football. 4 buts infligés aux Marocaines, contre un seul encaissé, de quoi attendre sereinement la suite de la compétition.




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