Après la télévision, la radio du même groupe de presse a été fermée vendredi dernier.
Martin Camus Mimb avoue son abattement. "Hier, lorsqu'ils ont fermé la télévision, j'avais bon espoir que nous avions au moins notre radio pour continuer à informer le public. Mais là, si Radio Equinoxe aussi ne peut plus émettre, c'est le ciel qui nous tombe sur la tête. Du coup, nous sommes tous en chômage technique", avoue le journaliste, chef de service de sports à la radiotélévision Equinoxe. Vendredi, 22 février dernier, alors que l'opinion semble encore s'émouvoir de la fermeture, la veille, d'Equinoxe télévision suite à une décision du ministre de la Communication, la même équipe de policiers chargée de l'exécution de l'acte est, en effet, revenue sur les lieux vers 15h. Toujours escortées d'un camion bondé d'éléments antiémeutes, les forces de police sont venues mettre à exécution une autre "décision".
Disant agir "sur ordre du gouverneur de la province du Littoral", cependant sans le moindre document l'attestant, encore moins sans en avoir prévenu les concernés, ils ont apposé des scellés sur les portes de la radio privée située au quartier Bonakouamouang à Douala. Quelques instants avant, les hommes de Victor Tanefo, commissaire principal du Gmi No 2, ont brutalement mis un terme au programme en cours de diffusion, et demandé aux personnels en place de vider les lieux. Comme la veille, il n'y a pas eu de résistance. M. Théophile Mbiamou, un responsable du groupe de presse, se chargeant simplement de faire déconnecter les machines et de mettre en sécurité certains appareils jugés fragiles. On apprendra, plus tard, que Séverin Tchounkeu n'est pas dans la ville. Le directeur général du groupe Equinoxe, dit-on, se serait rendu à Yaoundé dans la matinée de vendredi. Pour y rencontrer le ministre Biyiti bi Essam, selon certains dires.
Dehors, en tout cas, probablement attirée par l'impressionnant dispositif policier, une foule immense avait déjà pris position à l'entrée de l'immeuble abritant Radio Equinoxe. Manifestement choquées par la tournure des événements, toutes ces personnes, sans compter les désormais incontournables moto-taximen, ont hué les éléments des forces de l'ordre qui s'apprêtaient à redémarrer leurs véhicules en direction de leur base au quartier Bonanjo. Plusieurs heures après le départ des policiers, le carrefour Bonakouamouang a continué de grouiller de monde. Journalistes, hommes politiques et autres venaient, tour à tour, manifester à leur manière leur solidarité aux promoteurs et agents du groupe de presse ainsi frappé doublement.
Depuis la fin de semaine dernière, c'est donc le silence radio sur 93.00 Mhz de la bande Fm. Dans la perspective de la révision de la loi fondamentale voulue par le régime de Paul Biya, y aurait-il donc un "rouleau compresseur" qui se déploierait contre la presse privée au Cameroun ? D'aucuns tentent de le faire croire, en effet. Une source qui se dit proche du ministère de la Communication annonce d'ailleurs, dans les prochains jours, d'autres "mesures fortes" contre des organes de presse, qui, comme Equinoxe, utilisent un ton pour le moins "irrévérencieux" vis-à-vis du pouvoir en place…

