Rémunération: Ce que gagnent les fonctionnaires camerounais

Par Dominique Mbassi | Repères
- 27-Jun-2007 - 08h30   170169                      
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Le traitement des agents publics varie d'un corps de métier à un autre. Mais il reste faible en général...
La 13ème journée africaine de la fonction publique et de l'administration a été célébrée le 23 juin 2007 dans une quasi indifférence. Aucune manifestation solennelle, comme on en voit très souvent en pareille occasion, n'a été organisée pour la circonstance. Tout au plus, les principaux concernés ont eu droit à une communication, rendue publique sous la forme d'un communiqué, du ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative. M. Emmanuel Bondé a alors, dans la foulée, annoncé, entre autres mesures, " un éventuel relèvement du niveau de rémunération des agents publics ". A la grande déception des fonctionnaires qui caressent, surtout depuis l'atteinte par le Cameroun du point d'achèvement de l'initiative PPTE le 28 avril 2006, le rêve d'une revalorisation immédiate de leurs rémunérations. A défaut de les ramener à leur niveau de 1993. En vérité, que gagne aujourd'hui le fonctionnaire camerounais ? Selon l'article 27 du statut général de la fonction publique, " le fonctionnaire a droit, après service fait, à une rémunération comprenant un traitement indiciaire, des prestations familiales obligatoires et, éventuellement, des indemnités et primes diverses ". Le nouveau barème du traitement indiciaire des fonctionnaires civils en activité, applicable depuis 2000, définit comme éléments de rémunération la solde de base, le complément forfaitaire et une indemnité de logement représentant 10% de la solde de base. Sur cette base, la rémunération varie entre 43.580 Fcfa et 268.510 Fcfa. Il sera davantage important ou non selon qu'on appartient à un corps régi par un autre texte particulier. Ainsi, un professeur des collèges, à sa sortie de l'école, est classé à la catégorie A1, indice 430. Il bénéficie alors d'une solde de base de 133.550 Fcfa, à laquelle s'ajoutent un complément forfaitaire de 900 Fcfa, une indemnité de logement de 13.355 Fcfa, et des allocations familiales de 10.090Fcfa. En outre, le statut particulier du corps de l'éducation nationale lui octroie une prime de technicité professionnelle de 25.150 Fcfa (pour les catégories A1 et A2, et 17.000 Fcfa pour la catégorie B) et une prime d'enseignement et d'évaluation de 10.000 Fcfa (pour toutes les catégories). Après toutes les retenues salariales, il se retrouve avec un net à percevoir de 172.353 Fcfa. Dans le même temps, son collègue de A2 gagne sensiblement 180.000 Fcfa. Alors qu'un instituteur, classé en B1, s'en tire avec presque 140.000 Fcfa. S'agissant des personnels des corps de la santé publique, en dehors des éléments de rémunération communs à tous les agents publics, leur statut particulier a institué une prime de technicité variant entre 30.000 Fcfa et 3000 Fcfa, une prime de santé publique comprise entre 30.000 Fcfa et 10.000 Fcfa, et une prime d'astreinte qui se situe entre 12.500 Fcfa et 6000 Fcfa. Soit une augmentation de 72.500 Fcfa pour le plus haut cadre et 18.000 Fcfa pour le dernier agent public. La rémunération d'un médecin en début de carrière (cat A2, ind 605) sera donc presque de 210.000 Fcfa, alors qu'un infirmier (B1) gagne à peu près 130.000 Fcfa. Pour les fonctionnaires de la Sûreté nationale, le statut particulier a prévu une prime de risque de 17000 Fcfa. Aussi, à la sortie de l'Ecole de police, un commissaire (A1, ind 530) se retrouve-t-il avec une solde d'environ 170.000 Fcfa. Un magistrat en début de carrière est intégré à la catégorie A2, indice 530. Outre les 164.505 Fcfa que lui offre le barème du traitement indiciaire des fonctionnaires civils, le statut particulier de son corps lui réserve une prime de sujétion de 30.000 Fcfa, une indemnité de logement de logement de 50.000 Fcfa et une indemnité d'eau et d'électricité de 20.000 Fcfa. Soit un complément de 100.0000 Fcfa. Ce qui lui procure une rémunération d'environ 264.505 Fcfa. Les fonctionnaires n'appartenant pas à un corps régi par un texte particulier sont moins bien lotis. Ainsi des journalistes par exemple. Lorsqu'ils étaient encore intégrés à la fonction publique, ils commençaient leur carrière à la catégorie A1, indice 430 pour une solde d'à peu près 130.000 Fcfa. Les administrateurs civils et les inspecteurs des régies financières de l'Ecole nationale d'administration et de magistrature (Enam) sont recrutés à la catégorie A1, indice 480 qui leur donne droit, hormis les primes non statutaires dont ils peuvent bénéficier, à une rémunération brute de 156.330 Fcfa. A l'analyse, la rémunération des fonctionnaires camerounais varie d'un corps de métier à un autre. Il apparaît pour le moins dérisoire, en comparaison avec son niveau de 1993, où un jeune professeur des lycées gagnait presque 300.000 Fcfa. Mais curieusement, leur traitement contraste fort avec le niveau de vie réel des agents publics camerounais.




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