Les feux des projecteurs étaient braqués ce week-end sur le siège d’Elections Cameroon (Elecam), où une quarantaine de candidats ont déposé leurs déclarations de candidatures. Paul Biya, le chef de l’Etat sortant, qui pendant un moment maintenu un faux suspense sur ses intentions, a finalement montré patte blanche hier.
DOSSIER: CANDIDATS A VOS MARQUES!
Les feux des projecteurs étaient braqués ce week-end sur le siège d’Elections Cameroon (Elecam), où une quarantaine de candidats ont déposé leurs déclarations de candidatures. Paul Biya, le chef de l’Etat sortant, qui pendant un moment maintenu un faux suspense sur ses intentions, a finalement montré patte blanche hier.
Le suspense a également été levé sur les candidatures de John Fru Ndi, qui sera bien de la partie tout comme Adamou Ndam Njoya. Quant à Bello Bouba Maïgari, comme en 1997 et 2004, il ne défiera pas son allié du Rdpc, Paul Biya. Les électeurs auront donc à choisir parmi la pléiade de candidats. S’agissant de ces électeurs, le fichier électoral révisé devrait être publié dans les prochains jours. Suivra la distribution des cartes électorales.
Les candidats qui seront retenus sur la liste définitive d’Elecam, qui doit être publiée au moins 20 jours avant la date du scrutin, jetteront véritablement leurs forces dans la bataille à l’occasion de la campagne électorale qui débutera le 24 septembre prochain. Entre-temps, il faudra tenir en haleine les votants. En « campagne permanente », le candidat du Rdpc, Paul Biya, tient le bon bout.
En effet, le 3e congrès ordinaire du parti au pouvoir, qui se tient les 15 et 16 septembre prochain, tombe à point nommé pour remobiliser les militants de ce parti dans la perspective de la prochaine présidentielle. On suivra à la loupe la stratégie des adversaires du chef de l’Etat, avant le top officiel de la campagne électorale. En attendant, voici les visages et programmes des candidats engagés dans la course au fauteuil présidentiel.
Michel Lobe Ewane
Embouteillages sur la ligne de départ
Le nombre de candidats a drastiquement augmenté par rapport à la présidentielle de 2004, où l’on comptait 16 candidats.
En attendant l’examen et la publication des candidatures par le conseil électoral d’Elections Cameroon (Elecam), d’ici le 19 septembre prochain, comme le stipule la loi électorale (20 jours au moins avant l’élection), on enregistre déjà officiellement pas moins de 44 candidatures à l’élection présidentielle du 9 octobre prochain. Ce qui représente près du triple du total de candidats qui étaient sur les starting-blocks en 2004. Une progression spectaculaire qui surprend eu égard au passage du cautionnement de 1,5 à 5 millions Fcfa.
Un ajustement qui avait pour objectif de décourager les « candidatures fantaisistes ». Le coup est donc raté ! Cette variété de postulants qui, espère-t-on, présage d’une variété de programmes politiques et donc d’une campagne électorale fort animée, n’est pas en tout cas pour déplaire au chantres de la démocratie camerounaise, qui avancerait « sereinement ».
A l’observation, tous les « poids lourds » politiques de la scène camerounaise seront de la partie, en dehors de Bello Bouba Maïgari, qui croit encore à la plate-forme qui lie son parti, l’Union nationale pour la démocratie et le pouvoir (Undp) au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). On retrouvera donc sur la ligne de départ le quarté gagnant de l’élection présidentielle de 2004 : Paul Biya, 78 ans, 29 ans au pouvoir, candidat à sa propre succession, Ni John Fru Ndi du Social democratic front (Sdf), Adamou Ndam Njoya de l’Union démocratique du Cameroun (Udc) et Garga Haman Adji de l’Alliance pour la démocratie et le développement (Add). En « deuxième ligne », il y aura ce qu’on pourrait appeler les « outsiders » : Jean Jacques Ekindi, Albert Dzongang, Bernard Muna, Anicet Ekane, Joachim Tabi Owono, Louis Tobie Mbida, Hameni Bieuleu et Augustin Frédéric Kodock, qui revient de maladie.
Et puis, il y aura les « figures montantes » du paysage politique camerounais dont les performances seront suivies avec beaucoup d’intérêt : Kah Walla, l’amazone du Cameroon people’s party, Esther Dang, la transfuge du parti au pouvoir, qui est portée par le mouvement de jeunesse, le parti uni pour la rénovation sociale (Purs), Vincent Sosthène Fouda ou encore Paul Ayah Abine et Pierre Mila Assouté, qui n’ont pas fini de donner des insomnies à leurs anciens camarades du Rdpc.
Absences
Enfin, comme à chaque élection présidentielle camerounaise, il y aura ces nouveaux visages qui, pour reprendre la célèbre formule de Pierre de Coubertin, estiment, sans le dire publiquement, que « l’essentiel c’est de participer » à l’élection majeure qu’est la présidentielle. La grosse surprise parmi les candidatures au scrutin prévu le 9 octobre prochain, c’est sans doute Pierre Atangana Nsoé, le frère cadet du commandant de la Garde présidentielle (Gp), Etoundi Nsoé, qui a déclaré sa candidature en mars dernier et qui a dû slalomer entre les menaces et les pressions du sérail pour ne pas retirer son dossier de candidature. L’intéressé se présente d’ailleurs comme « le meilleur opposant de Paul Biya ».
On s’étonnera tout de même de l’absence sur la liste des candidats de certains leaders qui ont régulièrement marqué sur les six derniers mois, de leurs propos et postures, l’espace public au Cameroun. Il s’agit de Jean Blaise Gwet, qui affirme curieusement aujourd’hui qu’ « il ne sert à rien de multiplier les candidatures. Je vais soutenir Paul Biya pour qu’il assure une transition de deux ans ». Christopher Fomunyoh, que certaines langues présentaient comme « le candidat de Barack Obama [le président des Etats-Unis d’Amérique] » à cette élection présidentielle n’a pas toussé.
Par ailleurs, les femmes et les jeunes sont résolument de la partie. Esther Dang, Kah Walla et Lamartine Tchana, qui étaient annoncées sur la ligne de départ tiennent à aller jusqu’au bout. A 38 ans, le pasteur et leader du Cameroon Party for Social Justice (Cpsj), Bertin Kisob se positionne comme un fleuron du « fer de lance de la Nation ». Le chef de l’Etat sortant, Paul Biya, enlève la palme du candidat le plus âgé de cette course. 78 ballets à son actif.
Georges Alain Boyomo
Week-end laborieux à Elecam
Le siège de cette institution a connu une ambiance particulière ces trois derniers jours.
Jamais le siège d’Election Cameroon (Elecam) au quartier Bastos à Yaoundé n’a connu une telle ambiance de ruche que celui de ce week-end. Cet endroit est réputé être habituellement désert et très calme. Seul le ronflement des moteurs de grosses cylindrées fait écho. Tout a commencé le vendredi 2 septembre 2011. Ce jour, à 9h45min, le siège d’Elecam était déjà noir de monde. Des grosses voitures VX sont parquées à l’extérieur de l’immeuble de deux niveaux abritant le siège de cette institution chargée d’organiser les élections. Cela montre bien que les responsables de cette structure se sont rendus plus tôt au service ce jour.
Les hommes de médias également ne manquent pas au rendez-vous. Une bonne brochette est présente sur les lieux. Certains d’entre eux commencent déjà à s’impatienter. C’est le compte à rebours pour le dépôt de candidature à l’élection présidentielle du 9 octobre prochain, et jusqu’à lors aucun candidat ne s’est encore pointé. Finalement aux alentours de 10h, une silhouette arrive. On reconnaît la longue silhouette de Fritz Pierre Ngo du Mouvement écologique du Cameroun (Mec). Les journalistes se ruent vers lui. Flash d’appareils photos, lumières des cameras, interviews, tout y passe. Pour l’instant, c’est encore le premier à déposer sa candidature, pour cela, il ne se la joue pas modeste.
Mgr Justin Mbétébé Eyébé talonne Fritz Ngo, quelques minutes plus tard. L’homme de Dieu fait son apparition à 10h 25 min vêtu d’une soutane de couleur noire. Kah Walla va suivre. Toujours aussi haute en couleurs…
L’ambiance gagne en intensité à partir de 11h. Dès cette heure, les candidats se succèdent à un rythme soutenu, certains échangent même quelques mots avant d’entrer déposer leurs déclarations de candidatures. Ils se donnent du «Monsieur le Président». Les policiers en faction à l’entrée du siège d’Elecam et quelques journalistes se prêtent aussi à ce jeu. Petit à petit, le temps passe, les minutes s’égrainent et les candidats continuent d’arriver. A l’intérieur de l’immeuble le travail prend de l’ampleur. Les membres d’Elecam s’agitent dans tous les sens. Le directeur général des élections, Mohaman Sani Tanimou fait la navette entre son véhicule et son bureau. Les 10 représentants régionaux sont présents. Une source confie qu’ils ont été conviés à la capitale pour une «séance de travail».
Dgsn
Au service central du courrier de l’accueil et de la liaison, chargé de la réception des dossiers de candidatures, on est immobilisé, à la tâche. «Ils doivent rester sur place pour réceptionner les dossiers», déclare une source. Des services traiteurs se relaient. Ils apportent à manger et à boire sur place au personnel. Certains d’entre eux demandent à leur chauffeur « d’aller se mettre à l’aise et revenir plus tard puisqu’il y a encore beaucoup à faire ici». On apprendra que ce service a continué le travail ce jour jusqu’à 23h. Le lendemain samedi 3 mars, ça sera le même scénario, mais cette fois la fermeture du siège ira à un peu plus de minuit. Les journalistes eux continuent de faire le pied de grue jusqu’à 20h, à l’affût des potentiels candidats.
Ils ont même failli confondre le Délégué général à la sûreté nationale, Martin Mbarga Nguele à un candidat. Ce dernier va vite faire de dire, à l’intention des journalistes, «je ne suis pas candidat, je viens juste pour certains dispositifs sécuritaires». Le patron de la police mettra plus d’une heure de temps à l’intérieur de l’immeuble avant de ressortir tout souriant. Dehors, les chauffeurs et les gardes du corps des autorités se remuent les pouces, ils montent et descendent, et somnolent finalement. La même ambiance va continuer jusqu’à hier soir dimanche malgré l’interminable pluie qui s’est abattue dans la capitale. Ce n’est qu’aux aux environs de 22h lorsque les silhouettes vont commencer à se fondre dans la nuit. A la Trésorerie de Yaoundé, dans les services des impôts et à la Cour suprême, le week-end n’a pas également été de tout repos. Pour éviter des « crimes de lèse présidentiable », on a autorisé des heures sup…
Nicolas Vounsia (Stagiaire)
Liste des candidats déclarés
1-Fritz Ngo (Mouvement écologique du Cameroun)
2-Jean Jacques Ekindi (Mouvement progressiste)
3-Mgr Mbétébé Eyebé Justin (Conseil national de Démocratie et de prospérité)
5-Edith Kah Walla (Cameroon People’s Party)
6-Jean de Dieu Momo (Parti patriotique pour le développement du Cameroun)
7-Bernard A. Muna (Alliance des Forces progressistes)
8-Vincent Sosthène Fouda (Mouvement camerounais pour la social-démocratie)
9-Joachim Tabi Owono (Action pour la méritocratie et l’égalité des chances)
10-Lontoua Marcus (Congrès national camerounais)
11-Olivier Bilé (l’Union pour la fraternité et la prospérité)
12-André Teuabo (Parti socialiste populaire du Cameroun)
13-Jean Alphonse Tonyè (Rassemblement des citoyens camerounais)
14-Daniel Ekwalla (Candidat indépendant)
15-Louis Norbert Ngoung Adams (Candidat indépendant)
16-Justin Mouafo (Nationalisme des pacifistes du Cameroun pour le bien être et l’unité réelle contre les souffrances des humains)
17-Jean Michel Tekam (Parti démocrate socialiste)
18-Atangana Nsoé (Le grand Cameroun)
19-Fomo Ngota Jean Marie (Renaissance sociale démocratique du Cameroun)
20-Adamou Ndam Njoya (Union démocratique du Cameroun)
21-Louis Tobie Mbida (Parti des démocrates camerounais)
22-Isaac Feuzeu (Mouvement pour l’émergence et le réveil du citoyen)
23-Pierre Milla Assouté (Rassemblement démocratique pour la modernité du Cameroun)
24-Haméni Bieleu (Union des forces démocratiques du Cameroun)
25-Jean Njeunga (Front uni du Cameroun)
26-Esther Dang (Peuple uni pour la reconversion sociale)
27-Garga Haman Adji (Alliance pour la démocratie et le développement)
28 –Lamartine Tchana (Dynamique conquérante libérale des indomptables du Cameroun)
29-Paul Biya (Rassemblement démocratique du peuple camerounais)
30-Fabien Moise Assigana Tsimi (Mouvement républicain)
31-Benz Enow Bate (Cameroon democratic party)
32-Steve Leopold Ndjoumou (Union pour le redressement économique du Cameroun)
33-Augustin Fréderic Kodock (Union des populations du Cameroun)
34-John Fru Ndi (Social democratic front)
35- Bertin Kisob(Cameroun party for social justice)
36-Albert Dzongang (La dynamique)
37-Napoléon Tapéo Fouotsagoung (l’Opinion publique démocratique du Cameroun)
38-Paul Ayah Abine
39-Anicet Ekane (Manidem)
40-Daniel Soh Sone (Parti socialiste unifié)
41-Albert Léopold Ebene