Pétrole tchadien: Le Cameroun demande une réévaluation du droit de transit

Par Henri Donatien AYANG | Correspondance
- 29-Mar-2012 - 08h30   51105                      
1
Le gouvernement trouve très modeste la somme de 85,5 milliards FCFA versée dans les caisses de l'Etat après huit ans d'exploitation de l'oléoduc Tchad-Cameroun. Les pouvoirs publics demandent à Cotco de lui verser un supplément non en argent frais, mais en termes de brut.

Trace du Pipeline Tchad-Cameroun
Photo: © Archives
D’ici peu, annonce le magazine interne du Comité de pilotage et de suivi des pipelines (Cpsp) dans sa parution du mois de février dernier, le pipeline Tchad-Cameroun va accueillir davantage de brut appartenant à deux nouveaux exploitants. Notamment, China National Petroleum Company et de Griffiths International, deux multinationales opérant dans le secteur pétrolier en amont et actuellement en activité sur le territoire tchadien. Sans doute, le transport de ces nouvelles productions par l'unique oléoduc reliant les deux pays voisins devrait augmenter le nombre d'enlèvements effectués au terminal de Kribi et, partant, le montant des droits de transit engrangé par le trésor public camerounais. Pour l'instant, relève la «Lettre du Cpsp», 462 enlèvements ont déjà été effectués depuis le 3 octobre 2003, date de la mise en service du pipeline, soit un total de 417 millions de barils. Les retombées financières tirées par le Cameroun sont évaluées à 85,5 milliards FCFA. Mais, à bien regarder de près, 85,5 milliards FCFA au bout de huit ans d’exploitation, la somme paraît bien insignifiante aux yeux des pouvoirs publics. Des sources crédibles révèlent en effet que trois ans seulement après l'entrée en activité de l'oléoduc, le consortium constitué d'Exxon-Mobil, Petronas et Chevron-Texaco avait réussi à empocher la totalité des 2.300 milliards FCFA investis dans le projet de construction du pipeline Tchad-Cameroun. Et ce, à la faveur d'une embellie des cours du pétrole brut sur le marché mondial. Traduction: le consortium ayant amorti son investissement assez rapidement, les ressources tirées de la vente du pétrole tchadien par ces multinationales sont enregistrées dans la rubrique «bénéfice». Alors que le Cameroun, en huit ans, se contente seulement de 85,5 milliards FCFA. Du coup, d'aucuns étaient en droit de penser que le gouvernement allait réchauffer son ambition de renégocier le contrat de transit passé avec la Cameroon Oil Transportation Company (Cotco), l'entreprise qui exploite le pipeline pour le compte dudit consortium, afin que les «revenus du Cameroun ne soient plus inversement proportionnels à l'embellie des cours mondiaux du pétrole», s'il faut parodier Adolphe Moudiki, Président du Cpsp et Administrateur Directeur Général de la Société nationale des hydrocarbures (Snh). Ces derniers ne s'étaient pas trompés en invitant le gouvernement à revisiter le contrat de transit passé avec Cotco. En effet, la cité balnéaire de Kribi vient d'abriter une importante réunion regroupant les responsables du Cpsp, les représentants de Cotco et mandataires des différentes administrations concernées par l'exploitation du pipeline. A l'occasion, la partie camerounaise a demandé non une réévaluation du droit de transit en termes d'argent frais à injecter dans les caisses publiques comme à l'accoutumée, mais elle a plutôt exigé à Cotco l'équivalent de ce droit en pétrole brut. Il s'agit, à travers cette doléance, d'apporter une solution concrète à l'approvisionnement du marché local en produits hydrocarbures, la production nationale ces dernières années étant des plus médiocres. Source: Les Nouvelles du Pays




Dans la même Rubrique