L’ambassadeur du Cameroun en Russie est décédé hier à Bruxelles à l’âge de 71 ans...
Il y a près d’un an, son patronyme avait refait surface dans la presse locale à la faveur de la candidature de huit camerounais aux élections communales en Belgique. Parmi eux, Christian Ngongang Ouandji, médecin formé en Belgique après des études au lycée général Leclerc de Yaoundé, l’un des cinq enfants de André Ngongang Ouandji. Il sera élu en octobre 2006 et est depuis lors échevin (adjoint au maire) à Marche en Famenne, chargé de la Culture et du Sport. L’ancien basketteur passe surtout pour "un des meilleurs médecins que le Cameroun ait produit en Belgique", comme le mentionnait en juin 2006 notre confrère cybernétique cameroon-info.net.
Peut-être bien que son père, ambassadeur du Cameroun en Russie depuis 1989, dont les problèmes de santé n’étaient pas un secret d’Etat, s’en était remis à l’expertise de son chirurgien de fils qui exerce au Chu de Brugman à Bruxelles. Puisque c’est en Belgique que André Ngongang Ouandji est décédé hier.
A la fin du mois de mai, il s’est acquitté d’un certain nombre d’obligations, notamment les différentes manifestations marquant la célébration de la journée de l’Afrique le 25 mai et qui se sont achevées le 29 mai par une réception offerte au corps diplomatique africain par le ministère russe des Affaires étrangères. Le 24 mai, il a accordé une interview à la Voix de Russie. Le débit lent, un tantinet hésitant, on pouvait déceler quelques signes de fatigue dans sa voix. Il y a un mois jour pour jour, le 28 mai à Moscou, il signait avec l’ambassadeur d’Arménie dans la capitale russe, une convention établissant des relations diplomatiques entre les deux pays.
Une ouverture supplémentaire à l’Est qui élargissait la sphère de compétence de celui qui était, naturellement jusqu’à sa mort, doyen des ambassadeurs africains en Russie, dans l’essentiel des pays nés de l’éclatement de l’Urss et dans les Etats du pacte de Varsovie. Doyen, comme beaucoup d’autre de ses pairs camerounais dans les capitales européennes, du fait de leur longévité en poste. Une longévité ressassée lors du décès en poste à Bruxelles d’Isabelle Bassong et à Madrid de Philippe Mataga.
Justice
Ces dernières années, André Ngongang Ouandji, qui avait conduit le Cameroun en Espagne pour sa première participation à la Coupe du monde de football, était très souvent la cible de ses nombreux jeunes compatriotes étudiants en Russie et dans toutes les républiques nées de l’éclatement de l’Urss. Il était reproché à l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Cameroun la non-assistance à personne en danger. Les étudiants se plaignant de ne bénéficier d’aucune assistance de l’ambassade du Cameroun en Russie lorsqu’ils sont victimes d’attaques racistes récurrentes.
Pourtant, la formation de juriste d’André Ngongang Ouandji le prédisposait à être un bon défenseur de ses compatriotes. Titulaire d’un doctorat d’Etat en droit obtenu en 1968 après avoir défendu sa thèse intitulée "Les mesures de sûreté au Cameroun", le prince Bamena, village du département du Ndé où il a vu le jour vers 1936, aura fait l’essentiel de sa carrière au Cameroun dans l’administration judiciaire qu’il intègre en qualité de magistrat le 21 novembre 1962. Il sera tour à tour vice-président de la cour d’appel de Yaoundé chargé de la Chambre coutumière, directeur adjoint des affaires judiciaires et du sceau, directeur de la législation, directeur du contrôle des services judiciaires.
Le 3 janvier 1974, il est nommé à la présidence comme Conseiller technique. Un poste qu’il occupera jusqu’au 17 juillet 1980, date de son entrée au gouvernement comme ministre de la Jeunesse et des Sports. Le 13 avril 1983, il est fait ministre d’Etat, conservant le portefeuille de la Jeunesse et des Sports. Il survivra aux secousses qui ébranleront l’équipe gouvernementale après la rupture entre Ahidjo et Biya, le complot d’août 1983 et le putsch du 6 avril 1984. Il sera d’ailleurs remis dans son milieu naturel dès le 18 juin 1983, date à laquelle il est nommé ministre de la Justice. Protocolairement il va prendre du galon en devenant, le 4 février 1984, ministre de la Justice garde des Sceaux.
Ce sera son dernier poste ministériel. Il entamera au milieu des années 80 sa carrière diplomatique par l’Espagne, un pays qu’il retrouve après l’épopée des Lions au "Mundial 82" en qualité d’ambassadeur du Cameroun. Il y sera remplacé par Philippe Mataga qu’il a rejoint depuis hier dans l’au-delà.