"...pourquoi Juimo Monthe s’évertue-t-il d’acheter le silence de tout le monde ? Est-il l’assassin de Djomo Pokam ? Aux forces de sécurité de répondre à ces questions..."
Le pays a failli chambouler pendant près d ‘un trimestre. Une certaine presse longtemps considérée comme de seconde zone, du fait de son incurie financière, avait jeté le pavé dans la marre. En donnant une suite logique à l’interpellation de Mgr Tonyé Bakot lors de son homélie du 24 décembre 2005, portant sur la dérive de la pratique exponentielle de l’homosexualité au Cameroun. Nous en avons fait de façon très surprenante, pour ne pas dire curieusement, l’objet de récriminations acerbes d’une bonne frange de la Nomenclature, tous secteurs confondus, qui nous gouvernent. Ce jour maudit-là, l’attitude
de certains confrères avait détonné de l’orthodoxie en pareille circonstance, qui nous déniaient carrément d’appartenir à la même secte professionnelle. Tous les mots avaient été utilisés pour couvrir les maux des coupables de cette orgie sexuelle, qui avait fini par accaparer nos espoirs de réussite et notre espérance à un bonheur sans taches, de sang et de… sperme. Ce jour maudit, si lointain ou
comme Judas trahissant son amitié d’avec Jésus, nos «grands journaux» et donneurs de leçons avaient tout prédit sauf que l’histoire, que personne ne peut corrompre, finira par établir la vérité. Et établir les responsabilités des uns et des autres sur leur degré de complicité sur le drame humain qui se nouait autour de notre jeunesse. Et qu’aucun procès, ni condamnation, ni menace ni chantage, ne viendraient déteindre sur notre intime conviction d’historien du présent, au contraire de ceux-là qui ont cru que si l’Autruche qui
enfonce sa tête sous son aile ne voit le monde, sa haute stature ne trompe pas l’énormité du crime. Jusqu’à ce que, chassez le naturel surtout libidineux et gangreneux, le Seigneur exauce nos prières sous la forme d’un drame spectaculairement hideux. Au Hilton hôtel, lieu de rencontre par excellence de joutes sadomasochistes, des esprits attardés de notre haute société : et dont l’embargo observé par ces confrères n’a d’égal aujourd’hui que l’observation d’une loi de l’ormeta que sait fabriquer le CFA ou la complicité active. Il ne reste plus qu’au ministre Moukoko Mbonjo de réorganiser un séminaire sur la déontologie gombotique au sein des grands journaux, à «Reporters sans frontières», «Rfi», «BBC» et autres avocatillons aux couilles pressées d’écrire au chef de l’Etat pour décrier cette manière de lécher les babines sur le sang des opprimés. Prions Dieu, qu’à la fin de sa lecture, cette interview, dont les propos ne nous engagent pas, suscite autant des réactions et de procès comme en
avril dernier. C’est un défi lancé à la figure de tous qui ne nous avaient pas pris au sérieux.
Combien de morts faut-il encore pour comprendre ?
L'Anecdote: L'HôtelHilton de Yaoundé a été le 21 août dernier le théâtre du meurtre du jeune Djomo PokamNarcisse Olivier. Depuis lors, on n'a toujours pas pu faire la lumière sur les Circonstances exactes de la mort de ce jeune étudiant balancé d'une fenêtre de cet hôtel en plein jour. En tant que journalise
chevronné,que vous inspire ce drame de trop ?
Jacques Blaise Mvié: Ce crime inspire l’horreur et surtout le niveau d’animalité des commanditaires de cet assassinat crapuleux. Il suffit de voir les photos du corps du jeune Djomo pour se rendre compte du degré de haine et de barbarie des assassins. Et de là, on se demande comment un crime de cette envergure a pu se faire, en plein jour, dans un cadre aussi prestigieux et rassurant comme celui de l’hôtel Hilton. On peut encore admettre que des choses de cette nature se passent dans certains quartiers populeux de la ville, mais pas en plein centre de la ville de Yaoundé. Si aujourd’hui,
on ne peut plus être en sécurité à l’hôtel Hilton, où doit-on aller ?
Cette question appelle une autre: pourquoi à chaque palier de l’hôtel Hilton la loi de l’omerta entoure-t-elle de son halo de mystère et de silence les vraies causes de la mort de ce jeune camerounais ?
A vous entendre, vous donnez l’impression qu’une organisation criminelle ferait feu de tout bois pour étouffer que la vérité ne soit connue pour déterminer les causes exactes de cecrime. Qu’est-ce qui vous le fait penser ?
D’abord, il y a l’attitude un peu complaisante de la direction générale de l’hôtel. C’est comme si elle était tenue en laisse par les tenants d’une mafia criminelle qui tirent dans l’ombre les ficelles. Ensuite, il y a cette sorte de fébrilité qui gagne davantage certains milieux homosexuels de la capitale.
C’est comme si certains dignitaires de ces milieux ont des choses
à se reprocher.
Pouvez-vous être unpeu plus clair ?
Pour être donc clair, je vais vous faire des révélations qui vont
vous surprendre:
Mardi le 29 août 2006, à 10 h, j’ai reçu un appel téléphonique du président de la Chambre de commerce, Claude Juimo Monthe. Il me demandait de le retrouver dare-dare à l’hôtel Hilton. Pendant plus d’une heure de temps, je vais l’attendre au bar de cet hôtel. D’ailleurs, l’avocat du Sdf, Me Mbami, m’avait vu ce jour-là au bar. C’est après cette longue attente que par téléphone, Juimo Monthe va me demander de le rejoindre à la chambre 214. Après un court entretien, il va me convaincre de faire le tour de certaines rédactions afin de m’assurer qu’il n’est pas indexé comme le commanditaire du meurtre de Djomo Pokam Narcisse Olivier,
assassiné une semaine avant à l’hôtel Hilton. Pour ce faire, il me remettra à la fin de notre entretien 1 700 000 F.Cfa. A la question de savoir si dans cette démarche, les journaux comme le «Messager», La «Nouvelle Expression» et «Mutations» étaient aussi concernés, parce que la somme d’argent était insignifiante, il me dira tout de go que pour ceux-là, il avait déjà vu leurs principaux dirigeants et qu’il n’y avait pas de problème à se faire de ce côté-là. J’avais donc pour mission de voir les petits journaux et surtout de
m’approcher de Biloa Ayissi de «Nouvelle Afrique».
En soirée, il va me rappeler pour s’assurer que tout se passe bien. Bien évidement, la réponse allait de soi, même comme dans mon for intérieur, je savais que je n’avais rencontré personne. Comment d’ailleurs j’aurais pu me rendre ainsi complice d’un meurtre crapuleux qui a jeté l’effroi dans de nombreuses
familles de Yaoundé?
Avez-vous donc rencontré Biloa Ayissi ?
Effectivement, le lendemain 30 août 2006, Biloa Ayissi viendra à mon bureau à Biyem-Assi. Je vais lui expliquer ce que le président Juimo Monthe voulait. C’est après cela qu’il va me demander pour se taire 10 millions de F.cfa. Mais très vite, le président va le convaincre d’accepter 1 million. Jeudi le 31 août 2006, j’irai récupérer ce million au bar de l’hôtel des députés. Je vais le remettre à Biloa Ayissi vers 12 h 30, ainsi qu’un communiqué dont les termes m’ont été dictés par le président Juimo Monthe la veille. Dans son édition n° 180 du 4 septembre 2006, «Nouvelle Afrique» va publier ce communiqué en page 9. Devant une telle attitude et une telle frénésie, le rôle du journaliste que je suis n’est que de dénoncer au lieu de me rendre complice d’un meurtre qui, non seulement
a sevré notre pays d’un brillant camerounais comme Djomo Pokam, mais confirme que parce qu’on a aujourd’hui le pouvoir et les moyens, on peut assassiner en toute impunité sans que nos forces de sécurité lèvent le petit doigt pour inquiéter les auteurs de tels actes barbares.
Alors question: pourquoi Juimo Monthe s’évertue-t-il d’acheter le silence de tout le monde ? Est-il l’assassin de Djomo Pokam ? Aux forces de sécurité de répondre à ces questions.
Quant à nous, nous ne faisons que dénoncer cette fébrilité qui accompagne sa détermination à noyauter la presse camerounaise et acheter le silence des journalistes par rapport à cet assassinat. Si on l’observe ainsi dans les milieux de la presse nationale, cela ne veut-il pas dire que d’autres pans de notre société obéissent déjà à cette loi du silence?