Djomo Kamga Honoré, ingénieur en service jusque-là à Hévécam, a été désigné samedi.
Samedi dernier, les choses ont été concrètes. Le chef Tella Nembot Gilbert de Baleng a enfin " arrêté " le successeur de Joseph Ngnié Kamga. Ce sera donc Djomo Kamga Honoré, âgé de 50 ans, père de quatre enfants, ingénieur et docteur en chimie, qui jusqu’ici travaillait à HEVECAM à Nyété. Cependant qu’est restée suspendue la désignation du " Kuipou ", l’adjoint au chef, qui devrait subir avec celui-ci les neuf semaines d’initiation au " Laakam " (forêt sacrée). Interrogé sur cette entorse, le chef de Baleng nous a répondu au téléphone avec un brin d’humour : " Si l’on prend ce royaume comme un pays moderne, maintenant qu’il y a le chef, pourquoi ne désignerait-il pas son Premier ministre ". Des tractations sont néanmoins en cours pour combler ce manque et ramener définitivement la sérénité dans Bandjoun qui a officiellement ouvert les deuils de son défunt souverain.
La succession du chef Ngnié Kamga Joseph, décédé le 2 décembre 2003 dans un avion qui le ramenait de Paris aura été difficile. Des divergences sont nées brusquement et des camps se sont multipliés au point que l’on a craint que Bandjoun ne se retrouve à feu et à sang. Ce n’est point un euphémisme. Deux semaines après la disparition du dernier chef supérieur à l’âge de 69 ans, il était surtout question de multiples tendances qui bloquaient la succession. Il est à dire que dans les lignées successorales à Bandjoun comme dans d’autres villages Bamiléké, la succession est assurée par le fils légitime du défunt. Ce qui est aussi une réalité en ce qui concerne les rois.
Mais, pour ce qui est de Bandjoun, les choses se sont compliquées au cours de ces trente dernières années. En 1975, le chef Kamga II Joseph décède après 50 ans de règne. Pour le succéder, Fotué Kamga est désigné. Ce dernier meurt brusquement dans un accident de la circulation en 1984. Ngnié Kamga Joseph qui était par ailleurs " Kuipou " (adjoint) de son frère est désigné pour lui succéder. Ainsi, le principe héréditaire connaissait une distorsion qui était aux fondements des difficultés observées pour remplacer Ngnié Kamga. Plusieurs tendances s’étaient alors dessinées : La première estimait que seul le fils du dernier souverain pouvait accéder au trône. Celui-ci avait par ailleurs, selon des témoignages concordants, laissé un testament. Ce qui est contraire aux us et coutumes.
La deuxième tendance voulait que l’on revienne à la lignée Fotué Kamga. C’est le fils de Fotué qui aurait dû lui succéder, entendait-on dire dans ce camp. L’un des arguments développés par ces deux tendances était que du fait de leur accession au trône à un âge quelque peu avancé, les deux derniers chefs n’avaient pas régné longtemps. Des menaces ont été lancées. Au bout du compte, une dernière concertation avait été prescrite par le préfet. Elle se solde par un échec. Les choses ont attendu, dans un climat tendu, jusqu’à samedi.