CT a frappé à la porte de la chanteuse. Découverte d’une mère de famille, qui se dit comblée
Venue de l’Est du pays, la chanteuse aux talents de danseuse s’est établie dans la capitale économique et reçoit CT.
Comment se passe la vie de couple d’une chanteuse?
Contrairement à ce que les gens pensent, c’est facile. Beaucoup de gens ont pensé que c’est mon mari qui m’a bloquée parce que j’ai eu un passage à vide pendant longtemps. C’est juste que j’ai fait un album qui avait un mauvais son. Qu’on soit artiste ou pas, on doit dès le départ s’entendre avec son conjoint. Mon mari, adjudant des douanes, sait que je suis artiste. Nous sommes mariés depuis 11 ans.. Il est du même arrondissement que moi, à quatre kilomètres de mon village. Je l’ai connu alors qu’il n’avait pas ce grade. On s’entend très bien et jusqu’à aujourd’hui nous sommes ensemble. Je me lève le matin, j’organise la maison, je vais au sport. Je mène ma carrière sans problèmes. Je suis aussi propriétaire d’un restaurant.
Qu’est-ce qui vous a poussée à ouvrir un restaurant ?
Déjà, je me suis toujours débrouillée, même avant de me marier. A l’époque où je vivais à Yaoundé, j’ai fait des petits commerces. Ce n’est pas facile. Certains artistes sont vulgaires parce que quand ils ont de l’argent, ils le dépensent sans penser au lendemain. Ils n’arrivent pas à investir. J’ai toujours pensé que même si mon mari travaille, il fallait que je trouve un fond de commerce pour qu’on puisse joindre les deux bouts.
Et comment ça se passe là-bas ?
Ce n’est pas un restaurant en tant que tel, c’est plutôt le genre gargote, ouvert 24 heures sur 24. Je fais surtout des plats traditionnels du Centre et de l’Est, du gibier notamment. J’emploie des filles qui m’aident beaucoup à préparer ces mets, parce que j’ai beaucoup de clients.
On peut donc dire que vous êtes épanouie. Vous avez un métier, un mari et de… l’argent?
Je ne peux pas dire que je suis riche mais, je peux affirmer que lorsque j’ai besoin de quelque chose, je l’ai. J’essaie de vivre à mon niveau, donc notre couple n’a pas de problèmes.
Pourtant, les mauvaises langues affirment que vous buvez beaucoup et que vous êtes tout le temps en boite…
Non, non. Déjà quand je suis sur scène je suis une autre personne. En dehors de cela, ce que j’aime, c’est le cinéma. Je ne sors pas beaucoup. Même quand j’étais célibataire, j’étais plutôt casanière. Mon point faible, c’est la musique.
Qu’est ce que vous dites de l’alcool?
Pour quelles raisons ne devrais-je pas toucher à la bière? De temps en temps, je bois et cela dépend de l’ambiance et de ce que je fais. Mais contrairement à ce que les gens pensent, je ne bois pas beaucoup.
On dit aussi que vous vous habillez indécemment…
Moi, je me plais comme cela, je suis à l’aise. Chez nous à l’Est, les mamans dansent presque nues. Elles attachent juste une corde autour des reins, elles mettent une serviette devant, une autre derrière. C’est vrai que je ne peux pas me balader ainsi dans la rue, mais je m’habille toujours à la mode et je me plais comme cela.
Comment élevez-vous votre fils ?
Je pense que je le fais comme toute mère normale. Il a déjà un CAP, je ne veux pas lui imposer un rythme de vie. Il fera ce qu’il voudra. Ce qui me plaît, c’est qu’il est intéressé par les études.
Quels sont vos bons souvenirs?
J’en ai beaucoup. Déjà j’ai réalisé mon rêve parce que depuis mon enfance, j’ai toujours rêvé de faire de la musique. Je voyage beaucoup à l’extérieur, parfois je me demande si c’est vraiment moi que l’on est en train d’ovationner ainsi. A Libreville, en France…
Qu’est ce qui vous a fait plus de mal dans la vie?
C’est la perte de mon papa. Il m’a beaucoup soutenue dans ma carrière musicale, alors que toute ma famille était contre. Mais dès que j’ai sorti mon premier album, mon père est mort deux mois après.
Quels genres d’études avez vous faites ?
Je suis née dans une famille pauvre. A un moment, mes grandes sœurs -nous étions six filles- ont eu des problèmes. Mon papa en avait assez que nous allons à l’école. Quand l’un de nous obtenait son CEPE, il voulait plutôt que nous nous mariions et que nous nous occupions de nos deux petits frères. Je suis allée jusqu’en classe de cinquième. Après, j’ai fait de la dactylographie. Lorsque j’ai vraiment voulu continuer, j’ai été mordue par la musique.
Et comment cette carrière musicale débute-elle ?
Je peux dire que c’est dans le sang, mon papa jouait au mvet. Depuis mon enfance, je chantais déjà dans les chorales. A l’école, je dansais un peu, j’étais déjà à la une, quoi ! J’aimais la musique et j’ai chanté dès mon bas âge. Arrivée à Yaoundé, ma grande sœur m’a emmenée faire des cours de dactylographie. J’ai commencé à être en contact avec les artistes et dans la foulée, je suis devenue danseuse.
Vous avez été danseuse de Nkodo Si Tony...
Oui, on m’a connue derrière lui. C’est lui qui m’a lancée dans la musique. Mais, je peux déjà vous dire que ce n’était pas facile d’être choriste et danseuse. Le public me connaissait déjà comme danseuse. Mais au moment de faire mon disque, Nkodo n’était même pas au courant. Mais je faisais déjà mes compositions de temps en temps. Personne au sein du groupe n’était au courant. Je me produisais à Nkomo et un soir, Mystic Jim, un technicien de la CRTV qui venait toujours là, m’a demandé pourquoi je ne faisais pas de disque. Et c’est comme cela que cette idée a germé en moi.
Qui vous a donné ce pseudonyme de de Rantanplan?
En général dans notre milieu, les artistes aiment se moquer des autres. Dans notre groupe, quand j’arrivais, j’étais la meilleure danseuse de Nkodo Si Tony. On a commencé à m’appeler Ratanplan et j’ai décidé de l’utiliser comme nom d’artiste.
Dans votre enfance, aviez vous des idoles dans la musique?
Oui, j’aimais beaucoup écouter Pierre Claver Zeng, l’un des plus célèbres chanteurs gabonais qui a ensuite été ministre dans son pays. Sinon, j’aime toutes les musiques et la danse aussi. Déjà, quand j’étais au village je dansais beaucoup. Quand je suis arrivée en ville avec le phénomène de la télévision, j’ai appris différents styles de danse et aujourd’hui je danse tous les rythmes.
Quelle est votre réaction dans la rue quand vous êtes reconnue ?
Vous savez que la vie d’artistes n’est pas facile. On est tout le temps lorgné quoi que l’on fasse. Je suis déjà habituée. Certaines personnes me saluent, d’autres gens passent. Mais il y a des curieux qui ne vous laissent pas en paix et cela me gêne. S’il y avait moyen, j’aimerais passer inaperçue.
Depuis combien de temps êtes-vous à Douala ?
Je suis ici depuis 1993, j’ai d’abord vécu à Yaoundé où je suis arrivée en 1978. J’ai suivi mon mari ici à Douala.