Jean-Marie Tsébo: “ L’homme de Khartoum ” broie du noir à Yaoundé

Par Souley ONOHIOLO | Le Messager
- 30-Jan-2008 - 08h30   54839                      
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Victime d’un accident-vasculo-cérébral, il a perdu l’usage de la parole depuis trois ans.
Quartier Nkomo, au carrefour dit “ les piscines de Dailly ”, à un jet de pierre du mythique bar dancing “ El Dorado Nkomo ”. Sur la véranda d’une maison quelconque, est assis un sexagénaire. L’âme en peine, le corps frêle, le regard et le visage burinés par la douleur et l’amertume, l’homme a visiblement perdu le goût à la vie. Approché, il est sans voix. Le dialogue avec lui se réduit à quelques balbutiements du genre : “ Eh oui ; c’est bien ; Ah je vois ; je ne peux pas ; je ne suis pas bien ; je suis mal ; ça ne va pas ”. Inutile d’insister. La communication ne passe plus. Monument du football camerounais pour certains, légende vivante de l’équipe nationale du Cameroun pour d’autres, Jean-Marie Tsébo a perdu l’usage de la parole. La belle histoire des prouesses de l’ex-sociétaire de l’Aigle football club de Nkonsamba remonte à il y a 38 ans, à l’occasion de la première participation du Cameroun à une phase finale de coupe d’Afrique des nations de football (la 7e édition) à Khartoum (au Soudan) en 1970. Tsebo Jean-Marie avait laissé une très bonne impression au cours du tournoi. Grâce à ses services, le Cameroun (dont la sélection ne s’appelle pas encore les Lions indomptables) crée la surprise le 6 février 1970, en dominant la Côte d’Ivoire du terrible Laurent Pokou (3-2). Après avoir désillusionné l’Ethiopie par le même score, la défaite contre le pays hôte, le Soudan (1-2), n’empêche pas les poulains de Raymond Fobeté (1er coach camerounais à avoir conduit l’équipe nationale du Cameroun à sa toute première phase finale de la Can), d’être accueillis en héros. Par sa remarquable prestation, Tsebo Jean-Marie, auteur d’un coup franc victorieux des 40 m à la 34e minute est baptisé “ l’homme de Khartoum ”. Des promesses Au moment où la sélection camerounaise (version Lions Indomptables) rencontre l’équipe du Soudan aujourd’hui, le coéquipier de Koum, Gabriel Abessolo, Ndoga, Bassanguen, Essomba, Pascal Owona, Moukouko “ confiance ”, Jean Manga Onguéné et le gardien de buts Atangana Ottou, a mal dans sa chair. Depuis le 5 février 2005, Jean-Marie Tsebo ne s’est jamais remis d’un accident-vasculo-cérébral. “ Il a passé dix jours de coma à l’hôpital de la Cnps. A sa sortie de la réanimation, nous avons passé quatre mois d’hospitalisation. Nous avons déboursé environ une trentaine de millions (dont quatre millions rien que pour les frais d’internement). Nous avons vendu ses voitures, ses biens meubles et quelques hectares de terrain, pour atténuer les dépenses ”, explique l’épouse du footballeur en larmes. Six mois après, le footballeur fait sa 2e rechute. Mapé Tchuenkam Danielle Yvette, son épouse et son seul soutien qui n’a plus le moindre sou, fait le tour des structures de football. Sans succès. “ A la Fécafoot, le président Iya Mohamed m’a dit trois fois des suites qu’il ne connaît pas Tsébo. Sur insistance de Théophile Abega, le ministre Mbarga Mboa (Minsep à l’époque) est passé le voir. Mais aucune suite à nos doléances. Le ministre Augustin Edjoa nous a fait des promesses ; on attend ”, confie-t-elle. Coup de cœur Il y a seulement six mois que “ l’homme de Khartoum ” essaie de faire quelques pas. Les médecins ont prescrit une évacuation sanitaire en Europe, pour une intervention chirurgicale du cerveau. A l’hôpital de la Cnps, on pense que c’est un “ Revenant ”. “ C’est une chance, s’il a survécu de son Avc. Si sa femme n’avait déboursé une fortune, il n’en serait jamais sorti ”, affirme un médecin. Les multiples appels de fonds sont toujours sans suite. Meurtri par la douleur et abandonné à son triste sort, Jean-Marie Tsebo a perdu tout ressort. Il reste à longueur de journée effondré à la véranda de son domicile. Sa récente rechute d’il y a deux semaines a failli l’emporter. Depuis trois ans, il s’accroche à la vie, en déboursant chaque mois pour ses médicaments, une somme de 150.000 Fcfa. “ Les médecins disent que s’il est évacué, Jean-Marie Tsebo a des chances de s’en sortir. Nous avons besoin des moyens financiers pour cela. Nous en appelons à la générosité des cœurs : l’Etat du Cameroun, les âmes de bonne volonté, les sportifs… Toutes les contributions sont nécessaires pour parachever son traitement ”, conclut l’épouse du footballeur en détresse.




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