...Qui a dit aux " ministrables ", " gouverneurables ", " sous-préfetables " et même " directeurables " qu’un coup de baguette magique d’un beau parleur installé dans un coin mystérieux d’un sous-quartier, pouvait changer leur vie ?

Il y a des périodes comme ça, où les marabouts et autres vendeurs de bien-être devraient agrandir leurs salles d’attente. Parce que, en temps normal, avec nos femmes, ces supermarchés du bonheur affichent déjà complet, à cause de tous ces hommes infidèles ou riches (ou les deux) qu’on veut apprivoiser par tous les moyens. Et dès qu’on murmure au sujet d’un possible mouvement dans la haute administration, ce sont les " Malam " et autres " Djibril " qui se frottent les mains. Qui a dit aux " ministrables ", " gouverneurables ", " sous-préfetables " et même " directeurables " qu’un coup de baguette magique d’un beau parleur installé dans un coin mystérieux d’un sous-quartier, pouvait changer leur vie ? Eux-mêmes ne seraient pas capables de répondre avec fierté. Et pourtant , ils y déversent des quantités insoupçonnées de billets de banque et de biens matériels de divers ordres (chèvres et autres). Et si c’était tout ! On dit — pas moyen de vérifier — que ces prétendants aux hautes fonctions acceptent de sacrifier à certains rites. Des pratiques ridicules, mais tellement ridicules qu’elles finissent par nourrir l’idée d’une quelconque efficacité par rapport au résultat escompté. Les clichés sont plus ou moins connus. Exemple : un ministre de la République dansant tout nu en pleine nuit, au rythme du tam-tam d’un marabout. Tout ça pour être maintenu ou promu ministre d’Etat. Quand il faut assouvir une soif de pouvoir, en général, les gens dépensent sans compter. Il faut avouer qu’au bout, la perspective de trôner au-dessus de toutes les " élites " de son département peut-être une sérieuse motivation. Il semble que c’est quelque chose de magique, se faire appeler " Excellence". Le problème, c’est que les marabouts entraînent parfois sur des terrains glissants comme le crime ou la pédophilie. C’est d’autant plus regrettable qu’aucun d’eux n’a fait ses preuves de manière irréfutable. D’ailleurs, on les met au défi de donner la liste des ministres qu’ils ont fabriqués et de décrire objectivement la méthode utilisée. Mais c’est inutile de tenir ce langage à tous ces assoiffés de pouvoir. Ils vous traiteront de naïf et continueront tranquillement leur " traitement " chez leur spécialiste. Et même si le chef de l’Etat " oublie " leur nom lors du prochain remaniement ministériel, ce ne sera pas assez pour les décourager ; tant qu’il y a vie, il y a espoir. C’est tout bénef’ pour Malam, qui prescrira un autre traitement plus fort. " Lui quoi ? "