Exfiltration de l'officier équato-gunéen: Laurent Esso commande une enquête musclée

Par Jean François CHANNON | Le Messager
- 23-Oct-2008 - 08h30   53197                      
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La haute hiérarchie voudrait savoir ce qui s’est réellement passé.
L’affaire de l’exfiltration, vers la Guinée-Equatoriale, de l’officier équato-gunéen Cipriano Nguema Mba, réfugié politique au Cameroun, continue de faire des vagues. Outre l’ambassadeur de Guinée-Equatoriale à Yaoundé, Florencio Ela Maye qui, selon Mutations d’hier 22 octobre était attendu au ministère des Relations extérieures, les hautes instances du pays veulent connaître les contours réels de cette affaire. C’est ainsi que sur instruction du président de la République, le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso, vient de saisir les services nationaux compétents de renseignements et d’enquêtes pour que toute la lumière soit faite sur l’Affaire. Il s’agit notamment de la délégation générale à la Sûreté nationale (Dgsn), du secrétariat d’Etat à la défense (Sed), et de la direction générale de la recherche extérieure (Dgre). Des sources bien introduites indiquent que Laurent Esso aurait ainsi demandé aux responsables de ces différentes institutions de désigner leurs collaborateurs les plus aguerris dans l’enquête et le renseignement pour que dans des délais brefs, tout voile soit levé sur cette affaire. Si les contours des instructions de la présidence de la République restent secrets, on peut tout de même imaginer que les collaborateurs de Paul Biya souhaiteraient savoir avec le maximum de précisions, comment une personnalité politique étrangère de l’envergure du lieutenant-colonel Cipriano Nguema Mba, réfugié politique sur le territoire national, a pu être aussi facilement exfiltré du Cameroun dans un scénario où des fonctionnaires de la police camerounaise ont été acteurs de terrain. L’inspecteur de police Ndam Ibrahim, et le gardien de la paix Ndam Amadou ont été désignés comme les deux ripoux qui ont illégalement œuvré à l’enlèvement de Cipriano Nguema Mba. Avant leur récente suspension et leur mise sous mandat de dépôt à prison centrale de Yaoundé, ils travaillaient respectivement à la direction de la police judiciaire et aux renseignements généraux du Mfoundi. L’information judiciaire ouverte permettra, on l’espère, de dire comment ils ont pu agir. En attendant, au sein de l’opinion nationale beaucoup de personnes se posent des questions. Pris comme paravent ? C’est le cas de ce diplomate en service au ministère des Relations extérieures approché par Le Messager. “ Il apparaît étonnant que ces deux flics subalternes aient pu d’eux-mêmes contacter les responsables de l’ambassade de Guinée-Equatoriale qui, selon des éléments de plus en plus probants, sont les initiateurs de cette exfiltration du colonel équato-guinéen réfugié politique au Cameroun. Si c’est le cas, il faut alors avouer que la police camerounaise a dans ses rangs de véritables gangsters qui ne reculent devant rien. Mais je n’en suis pas convaincu. Je pense que ces deux policiers ont certainement obéi à des ordres de certains de leurs supérieurs tout aussi véreux qu’eux. Et que très vite en premiers, voyant l’allure que prenait l’affaire, ils se sont rétractés et ont mis devant ces deux exécutants. Il faut le signaler, il y avait quand même une prime de 15 millions de Fcfa…Et le scénario que je viens de décrire est bien possible au Cameroun ”. Egalement sous anonymat, un haut gradé de la gendarmerie nationale camerounaise argumente. “ Je pense qu’on a trop vite mis sous mandat de dépôt ces deux policiers. Il y avait lieu de manière réglementaire de prendre le temps de les exploiter. En tout cas ce n’est pas tard. Car il va falloir savoir si la prime de 15 millions Fcfa a été payée et comment. Il faut exploiter les différents responsables des services où travaillent ces deux policiers. Les interroger par rapport au comportement de ces deux policiers, et à ce grave manquement à l’éthique professionnelle. ” Dans les prochains jours, si ce n’est les prochaines heures, Paul Biya sera inéluctablement de retour au Cameroun. Dès que ses pieds toucheront à nouveau la terre camerounaise, il est évident que l’un des premiers sujets qu’il évoquera avec ses principaux collaborateurs sera cette affaire de l’exfiltration de l’officier équato-guinéen.




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