Plus de 4 800 ressortissants de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême Nord admis dans les listes additives publiées hier.
Ce sont bien 5615 candidats ressortissants des régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême Nord qui sont finalement admis dans les cycles A et B de l'Ecole normale supérieure (Ens) de Maroua pour le compte de la prochaine année académique, soit 4855 sélectionnés dans les listes additives publiées hier par le ministre de l'Enseignement supérieur (3222 au 1er cycle et 1633 au second cycle). Un chiffre auquel il faudra ajouter les 760 de la première vague des étudiants admis dans les premières listes rendues public. On est donc loin et même très loin des 1420 places réclamées par les élites et dont les noms ont été communiqués à la présidence de la République en fin de semaine dernière par les services du ministre de l'Enseignement supérieur (Minesup), après les travaux du jury spécial qui avait été mis sur pied à la demande du président de la République.
Un jury constitué à la suite de la contestation née des élites et élus de ces trois régions après la publication des premiers résultats du concours d'entrée dans cette école récemment créée au sein de l'Université de Maroua. On est donc passé des 760 admis, chiffre officiel publié par le Minesup dans la guerre des statistiques qui l'a opposé aux élites des trois régions concernées, à près de 6 000, soit tous les ressortissants de cette partie du pays qui ont postulé à une place dans cette école. Une décision prise en toute souveraineté par le chef de l'Etat après la transmission des conclusions du jury spécial, selon nos sources. Une première dans les annales de l'histoire des concours administratifs au Cameroun… De même que ce sera sans doute la première fois qu'une liste additive dépasse de très loin, celle du résultat définitif du concours.
Des étudiants qui sont admis "sous réserve de la présentation des originaux des diplômes requis" comme indiqué dans le communiqué du Minesup. Sur les chiffres, on peut relever 527 admis au rang des conseillers d'orientation pour le second cycle, alors que 555 candidats sont retenus en première année du 1er cycle de Science de la vie et de la terre. Les " listes additives " publiée hier sous la forme de communiqués signés par le ministre de l'Enseignement supérieur hier en fin de matinée tombaient comme par hasard, à la veille de l'ouverture officielle dans la ville de Maroua du Festival national des arts et de la culture (Fenac). On se rappelle à cet effet que les élites envisageaient une marche de protestation contre les premiers résultats publiés par les autorités de l'Enseignement supérieur ce jour à l'ouverture de cette rencontre culturelle.
Embarras
Comme nous l'indiquions déjà dans notre édition de mercredi dernier, le problème que posera la décision rendue hier est celui des infrastructures d'accueil de tous les étudiants sélectionnés. Une situation qui avait déjà été soumise à l'appréciation du chef de l'Etat selon des sources proches du ministère de l'Enseignement supérieur dans le cas du recrutement des 1420 initialement prévus. On imagine que celui-ci se posera encore avec plus d'acuité avec le nombre de candidats retenus pour les régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême Nord.
La publication hier des listes des admis des régions septentrionales vient ainsi mettre fin à un ensemble de manifestations organisées depuis une dizaine de jours par les élites de cette partie du pays.
Des manifestations qui ont eu pour principaux théâtres, l'Assemblée nationale où les députés avaient initié la correspondance adressée au chef de l'Etat. Paul Biya avait en effet reçu ce pli des mains de Cavaye Yéguié Djibril, le président de l'Assemblée nationale et porte-parole des manifestants. Ce qui avait permis d'éviter une paralysie de l'institution parlementaire. On les avait ensuite retrouvé au palais des Congrès de Yaoundé il y a une semaine au cours d'une rencontre avec le secrétaire général du Comité central du Rdpc au cours de laquelle ils avaient exigé et obtenu de ne pas voir assister le ministre de l'Enseignement supérieur, par ailleurs secrétaire à la Communication du parti au pouvoir. Avant de bouder une invitation à dîner du Premier ministre chef du Gouvernement qui recevait l'ensemble des parlementaires à sa résidence le même jour pour marquer la fin de la session parlementaire consacrée à l'examen et au vote du budget de l'Etat pour l'exercice 2009. Les résultats publiés hier par les soins du ministre Jacques Fame Ndongo vont au delà des attentes des élites et autres élus des régions septentrionales. Elles qui se sont engagées à pourvoir la région en infrastructures pour l'accueil des nouveaux étudiants vont devoir faire face à une demande pour le moins inattendue et somme toute embarrassante.
Jean Francis Belibi