Election présidentielle 2011: l’opposition se prépare à affronter Paul Biya

Par I.B. Ngoumgang; J.R. Nkonlak & B. Bertol | Le Jour
- 28-Sep-2010 - 08h30   71623                      
15
Ben Muna sera-t-il le candidat de "l'Offre Orange" ? Autres candidats déclarés : Louis Tobie Mbida, Hubert Kamgang...
AFP: Bernard Muna lance sa campagne Le leader de l’Alliance des forces progressistes s’aligne pour être le candidat du programme politique baptisé «l’Offre orange». Le président régional du Sdf pour le Nord-Ouest, Henry Koum, a débarqué à la salle des fêtes du palais des congrès de Bamenda en plein travaux de la concertation entre les membres de la société civile et des militants de l’Alliance des forces progressistes (Afp). Le représentant du parti de John Fru Ndi répondait à une invitation qui lui avait été adressée par les organisateurs de la manifestation. Il a juste eu le temps de demander à Hilalire Kamga, porte parole de la plate forme de la société civile pour la démocratie, ce que la société civile a déjà fait pour la démocratie dans notre pays pour prétendre aujourd’hui vouloir participer à l’élection présidentielle et est reparti. Entretemps, les travaux ont donné lieu à lecture d’un mémorandum marquant un accord entre l’Afp et la plate forme de la société civile pour la démocratie. Le parti de Bernard Muna s’est engagé à mettre à la disposition de cette coalition de la société civile son appareil politique pour défendre le projet de l’Offre orange. A la même occasion, le représentant des chefs traditionnels du Nord-Ouest qui assistait à la cérémonie, en compagnie de 9 autres chefs traditionnels, a lu un mémorandum dans lequel il invitait Bernard Muna, président national de l’Afp, à se présenter officiellement comme candidat à la prochaine élection présidentielle de 2011. «Le programme de l’Offre orange est quelque chose de très sérieux. C’est ce qui explique le fait que nous avons accepté de le porter. Dans sa conception, il a été prévu que c’est au terme des élections primaires qu’on désignera le candidat qui sera son porte étendard. Le président national de l’Afp, qui est déjà candidat à la prochaine élection présidentielle, s’engage à se présenter naturellement à ces «primaires » a tenu à indiquer Chrétien Tabetsing, un cadre de l’Afp. Hilaire Kamga, porte parole de la plate forme de la société civile pour la démocratie, qui est dépositaire du programme « l’Offre orange », a dit avoir pris acte de la candidature de Bernard Muna aux primaires pour la désignation du candidat de l’Offre orange prévu en février 2011. Le président national de l’Afp et les membres de la société civile présents aux travaux de Bamenda se sont engagés à battre campagne pour l’inscription massive des populations sur les listes électorales. Bernard Muna, président de l’Afp Je suis très sensible à l’appel des membres de la société civile et des autorités traditionnelles. Nous sommes pratiquement à un an de l’élection présidentielle de 2011, je crois que ça me donne le temps de prendre toute la mesure des enjeux et c’est le peuple qui devra décider en dernier ressort. Dès maintenant, nous allons descendre sur le terrain pour faire valoir nos atouts et défendre le projet pour lequel nous nous sommes engagés. Je crois que nous avons suffisamment du temps pour bien vendre notre projet » a indiqué Bernard Muna, président national de l’Afp. Hilaire Kamga, porte-parole de l’offre Orange «Le candidat de l’offre orange sera connu en décembre» Est-ce qu’on peut en déduire que le candidat choisi et présenté est le candidat tant recherché pour représenter l’offre orange dans une cérémonie où vous êtres présenté comme l’un des coorganisateurs. Je ne suis pas organisateur. J’ai été invité par Victor Epie Ngome. Je suis venu dire deux choses. Nous avons passé toutes ces années à combattre Elecam. Maintenant, à 12 mois de l’élection présidentielle, il est temps de changer de discours, d’agir. Le faire avec en mobilisant les gens à s’inscrire massivement sur les listes électorales d’Elecam, et à s’organiser pour contrôler leurs votes qu’ils vont défendre jusqu’au bout. Le deuxième message que je voulais passer, c’est que l’offre orange, demeure actuellement le modèle unique pour une bonne transition victorieuse en 2011. Dans cette salle où il y avait plus de 2500 invités, j’ai écouté le citoyen Bernard Muna, présenter sa candidature pour être le candidat de l’offre orange. Nous sommes encore dans la phase de l’ouverture des candidatures. Le candidat de l’offre orange sera connu au mois de décembre. SDF: Divergences sur la participation à l’élection Le parti de John Fru Ndi a annoncé des préalables à son entrée en lice lors de la prochaine élection présidentielle, alors que d’autres cadres ont appelé à s’inscrire sur les listes. C’est de Bamenda, siège historique et symbolique du Social Democratic Front (Sdf), qu’est venue la dernière actualité concernant l’élection présidentielle attendue pour l’année 2011. Mais ce n’est pas le parti de John Fru Ndi, lancé à Bamenda en 1990, qui est à l’origine de l’événement qui a eu lieu le week-end dernier. C’est plutôt l’Afp de Bernard Muna, ancien du Sdf, qui a choisi cette ville chargée de symbole pour l’opposition au Cameroun, pour annoncer la candidature de son leader. Du côté du Sdf, la dernière actualité concernant l’élection présidentielle est la venue, le 14 septembre 2010, au siège d’Elections Cameroon (Elecam) à Yaoundé, de John Fru Ndi. Une arrivée qui était attendue et qui, finalement, n’a pas débouché sur grand-chose de nouveau. Elecam, l’organe chargé d’organiser la prochaine élection présidentielle au Cameroun était critiqué par le Sdf, qui a clairement marqué son intention de participer à un processus électoral vicié à la base. Pourtant, des noms de militants du Sdf se sont retrouvés dans les commissions de révision des listes publiées par Elecam, dans les régions septentrionales du Cameroun notamment. Si la hiérarchie du parti, son président notamment, a tenté de justifier cette situation par le fait qu’il s’agissait de vieilles listes non actualisées, il n’en demeure pas moins que le Sdf, à un an de l’élection présidentielle offre le spectacle d’un orchestre où chaque musicien joue sa propre partition. Alors que John Fru Ndi a bien montré au cours de la conférence de presse qu’il a donnée à sa sortie d’Elecam, le 14 septembre dernier, qu’il continuait de se méfier d’Elecam et n’a pas encore confirmé la candidature du parti, d’autres cadres ont appelé les militants à s’inscrire sur les listes. Il s’agit notamment du député de la Mifi, Serge Noumba, et de la membre du National Executive Comitee (Nec), Kah Walla. Cette dernière a d’ailleurs rappelé qu’une candidature autre que celle de John Fru Ndi était possible. Serge Noumba et elle sont prêts à affronter le leader du Sdf dans la course pour la candidature à la prochaine élection présidentielle. La dernière rencontre du Nec, le 4 septembre 2010 à Bamenda, avait confirmé les conditions que le Sdf posait pour participer à la prochaine élection présidentielle. On y retrouve notamment la nomination de nouveaux membres à Elecam, l’institution d’un scrutin à deux tours, ou encore la participation effective des Camerounais de la diaspora. Des conditions dont on n’est pas sûr qu’elles puissent être réalisées d’ici à 2011. John Fru Ndi ne déclarait-il pas il y a quelques mois que l’élection présidentielle ne pouvait pas avoir lieu en 2011 ? «Les élections n’auront pas lieu au Cameroun en 2011, que le Sdf participe ou non. Je lis en vous une peur, on dirait que lorsque le Sdf annonce la tenue des élections, il annonce une guerre au Cameroun», avait déclarait le Chairman du Sdf en mars 2010. (Cf Le Jour du vendredi 26 mars 2010). UPA: Hubert Kamgang, candidat L’union des populations africaines prépare sa convention. Il a fait de la sortie de la zone franc et la construction des Etats-Unis d’Afrique son combat. Pour lui, « aussi longtemps que le Cameroun ne maîtrisera pas son système bancaire et sa monnaie, le développement est impossible ». Hubert Kamgang, président de l’Union des populations africaines (Upa) a déjà été candidat à l’élection présidentielle à deux reprises. En 1997, il s’était retiré avant l’élection, afin de se conformer au mot d’ordre de boycott des grands partis de l’opposition et en 2004 où il a obtenu un score de 0,19%. Pour la prochaine élection présidentielle, l’Upa est sur le point de départ. Hubert Kamgang, son président a d’ores et déjà indiqué son intention de se porter candidat à l’élection présidentielle de 2011. Pour 2011, l’Upa prépare sa convention. D’après son président, « elle se tiendra à la fin de l’année 2010 ou au début 2011 ». A cet effet, « la ligue des jeunes de l’Upa, à l’instar de la ligue des jeunes de l’Anc, va se lancer dans la construction d’un Cameroun véritablement émergeant d’ici 2035-2040 ». Hubert Kamgang estime aujourd’hui que le régime Biya est dans l’incapacité de faire du Cameroun un pays émergeant. Pour lui, « Paul Biya, il y a 25 ans qu’il aurait dû avoir cette vision. Les pays qui sont émergeants l’ont voulu il y a 25 ans. ». Hubert Kamgang affirme que son parti a une vision. « Elle repose sur deux éléments : sortir le Cameroun de la Cemac en le dotant de sa propre monnaie et négocier, avec d’autres Etats africains, la création des Etats-Unis d’Afrique ». Cette vision est appuyée par un ouvrage dont il est l’auteur, intitulé : «Au-delà de la conférence nationale, pour les Etats-Unis d’Afrique». PDC: Louis Tobie Mbida revient de son exil Le président du Parti des démocrates camerounais a annoncé son intention de renverser le régime en place lors de la prochaine élection présidentielle. Louis Tobie Mbida est arrivé au Cameroun le 02 septembre 2010, après 13 ans « d’exil volontaire », comme il a l’habitude de l’indiquer. Ce jour là, sur le trajet qui le mène au siège de son parti à Oyomabang, le président du parti des démocrates camerounais fait trois arrêts : Mvog-Mbi, l’avenue Avenue Kennedy et Mokolo. A chacun de ces arrêts, il scande son opposition au régime de Paul Biya et appelle les jeunes à le rejoindre dans son combat. Le lendemain, le président du bloc des démocrates camerounais tient une conférence de presse à l’hôtel Hilton où il affirme : « Le parti au pouvoir va pratiquer une autolyse : il va se suicider. Au Parti des Démocrates camerounais nous avons laissé le champ libre au parti au Pouvoir pendant 12 ans, il a définitivement montré son incapacité à faire le bonheur des camerounais. Il aura été incapable après 28 ans de faire du Cameroun une grande Nation prospère, généreuse et solidaire. Tout seul il s’est mis à nu et a détruit le pays ». Depuis le retour de Louis Tobie Mbida, le parti des Démocrates camerounais a multiplié des réunions et séances de travail. A la fois à Yaoundé et dans la Lékié. Pour le président du Pdc, le but de cette démarche politique « est la victoire du peuple Camerounais sur lui-même, une victoire sur la peur. La restauration de la capacité d’indignation de notre peuple face aux abus, face à l’injustice, face à la misère, au mépris et à l’arrogance de quelques hommes dans la nation sur tout un peuple». Avant son retour d’ailleurs, Louis Tobie Mbida, à travers ses déclarations dans la presse, avait annoncé son intention d’être candidat à l’élection présidentielle de 2011. Son retour, au début de ce mois de septembre, rentre en droite ligne de cette intention. RDPC: Le congrès d’abord Le parti au pouvoir n’a pas encore annoncé son candidat, même si celle de Paul Biya, le candidat naturel, est sans cesse demandée par les militants. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a-t-il jamais cessé d’être en campagne pour son champion ? Non, de l’avis de certains des cadres du parti, qui ont affirmé qu’il est normal qu’un parti politique soit en permanence en campagne. Ceux-ci s’exprimaient à la suite des grands meetings de Sangmelima (décembre 2009) et de Douala (mars 2010) que l’opposition, et même la presse, ont présenté comme le début de la campagne du Rdpc pour l’élection présidentielle de 2011. Pourtant, il est quand même clair qu’il y a eu une certaine gradation, qui s’est accélérée avec les appels à la modification de la constitution, entre 2007 et 2008, pour permettre à Paul Biya de solliciter un autre mandat en 2011. La constitution adoptée en 1996 ne l’y autorisait pas. Elle a été finalement modifiée en avril 2008. Par la suite, de nombreux appels de militants du Rdpc, à travers des motions de soutien, ont demandé la candidature de Paul Biya. Si celui-ci n’y a encore rien dit, très peu de doute subsiste sur sa réponse. Le futur congrès du Rdpc attendu par ses militants et les autres, devraient permettre de lever un pan de voile sur la question. Les cadres du parti, plusieurs fois d’ailleurs, ont été interpellés à ce sujet. A l’occasion de l’anniversaire du parti, en mars dernier, Grégoire Owona, secrétaire général adjoint, répondait, comme excédé : «Il y a lieu tout de même d’être perplexe devant le grand intérêt que la presse accorde à notre Congrès ! Qu’en attend-t-elle ? Il est vrai qu’ici, c’est vous qui me posez des questions, mais, puis-je rappeler que le Congrès est la plus haute instance du parti. Sa tenue et son organisation sont réglées par nos textes de base. Et n’en déplaise à ceux qui trouvent cela déplacé dans les parutions abondantes qu’on lit ces derniers mois, je voudrais leur dire qu’une lecture sereine des textes qui gouvernent le Rdpc, permet de redire sans ambages que, le Congrès se tiendra en temps utile et opportun», disait-il dans Le Jour. Plus récemment, alors que René Sadi, secrétaire général du Rdpc recevait les membres du bureau politique du parti, il avait à nouveau évoqué la question du congrès. «Naturellement nous avons évoqué cette question qui est importante. Nous avons échangé avec les membres du Comité central. La question du congrès tient à cœur à tous les militants du Rdpc. (…) Il aura lieu. Ce n’est pas moi qui fixe la date du congrès», répondait René Sadi le 25 août 2010.




Dans la même Rubrique