Les supposés bénéficiaires n’ont pas pu entrer en possession de leur dû...
Société camerounaise de banques, agence du Boulevard du 20 mai, hier, 11h30. Quelques femmes appartenant à l’ex-Soderim sont couchées sur la véranda.
«On est arrivée ici et on nous a dit que nous ne seront pas payées aujourd’hui, ce que je n’avais pas prévu», raconte l’une d’elles. A côté, un homme se contente de lire un journal dans lequel est publié le communiqué du ministre des Finances concernant le paiement des droits des ex-employés des sociétés d’Etat liquidées ou restructurées. L’ex-employé de la Sopécam a été surpris, comme ses «300 ex-collègues», de constater que : «Sur leurs listes, la Sopécam a un seul nom ; et celui-là était juste rentré dans son administration d’origine», dit-il. Situation similaire dans une autre entreprise liquidée : « La Camsuco a un seul nom et il s’agit d’un cas d’accident de travail et non de droits sociaux. Donc, la Camsuco a zéro personne dans leurs listes. Alors qu’en 2003, on n’a payé qu’une partie de nos droits», s’insurge Emmanuel Abéga.
Ce sont une quarantaine de sociétés aujourd’hui fermées ou restructurées qui en sont concernées. Les problèmes se multiplient et diffèrent parfois. Le Fonader a 108 noms, mais une ancien cadre supérieur, jadis en service à la comptabilité de la défunte structure, les méconnaît : «Je ne reconnais aucun de ces noms. En tout cas, ce ne sont pas des ex-employés du Fonader», rassure-t-elle.
A la Bicec, il y a 2769 cas de la Sodecao. Le plus gros contingent. Quand les noms et prénoms coïncident avec ceux des requérants, les matricules ne le sont pas. Pour les rares cas chanceux, c’est au guichet qu’on est déçu. «On ne paie qu’un seul mois, alors qu’on a dit qu’on payait le reliquat de nos droits», dénonce une dame qui disait attendre au moins 500 mille F Cfa. En les sommes totales à payer par société sont connues, mais nul ne sait ce qui lui revient. Pas même les délégués au comité tripartite constitué de délégués des ex-employés, des ministères du Travail et des Finances.
Selon Athanase Ntsengué, délégué de la Sodecao, «ils nous ont demandé de calculer ce que nous attendons, mais ce n’est pas ça qu’ils ont. Ils nous ont caché les montants et ce n’est qu’ici qu’on les voit». En clair, «on ne sait pas sur quelle base ils ont fait ces calculs», dit-il. Ce qui a choqué un de ses ex-collègues. «On va finir par découvrir qu’il y a anguille sous roche. Vous ne pouvez pas participer aux travaux pendant 3 ans et aujourd’hui, vous nous dites que vous ne savez pas comment ça s’est passé», lui reproche-t-il. Rejoignant René Moukondo de la Sotuc, qui pense que : «Tous ces délégués étaient corrompus». L’accusation est suffisamment grave pour irriter Athanase Ntsengué qui veut en découdre.
Radicalisation
C’est au ministère du Travail et de la sécurité sociale (Mintss) que les autres mécontents se sont déportés. Robert Nkili, le patron des lieux, est obligé de tenir une réunion de crise. «Le ministre a dit que ce n’est pas un problème qui concerne son ministère, mais comme il s’occupe des cas sociaux, et a demandé qu’on fasse une liste avec les pièces exigibles, afin qu’il transmette au ministre des finances demain», rapporte Emmanuel Abéga, un des délégués de la Camsuco. La situation n’a donc pas bougé. Et l’on ne compte d’ailleurs pas sur cette voie. «Le ministre des finances a déjà dit qu’il ne peut pas payer les droits de reconversions maintenant».
Au Minfi, on renvoie l’ascenseur au ministère du Travail. Ici, aucun collaborateur de Robert Nkili ne reconnaît ladite réunion de crise. Rien des multiples cas de défaillances relevés. Raymond Yapèlè, le président du Comité tripartite chargé de l’évaluation des desdits droits, est la bête noire des mécontents. Coincé dans son bureau, l’homme essaye de se frayer du chemin dans les tas de paperasses qui jonchent le sol. Rien à dire à la presse. «Je suis trop occupé ; ça fait trois jours que je ne dors pas», lance-t-il, rageur. Les yeux rouges semblent confirmer la fatigue qui se lit sur le visage. «Si je m’écroule ici, vous ne pourrez pas me remplacer», poursuit-il, avant de refermer rapidement les portes aux nez des reporters obstinés.
Nul ne sait qu’une foule les attend derrière le portail barricadé du bâtiment ministériel. Toutes les entrées sont bloquées par la foule. «Ils nous tentent ; on ne va pas partir», jure un vieux de 74 ans. «L’Etat traite ses citoyens comme des ordures ; on nous convoque depuis des villages lointains et quand on arrive, ils se moquent de nous», se lamente René Moukondo. «Ils ne vont pas sortir d’ici», promet-t-il. Ce n’est donc pas encore la fin du calvaire pour les ex-employés, qui exigent «une résolution immédiate de nos problèmes maintenant qu’ils nous ont tous appelés» ici.

Extraits du Journal Parle de 17h (CRTV 12/08/2009)
AUDIO: © Cameroon-Info.Net MultiMedia
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