Le vice-chancellor Dorothy L. Njeuma s’exprime sur la crise à l’ université de Buéa.
Les étudiants vont-ils reprendre les cours aujourd’hui ?
J’avais déjà demandé aux étudiants de reprendre les classes. Certains sont venus, d’autres, la plupart, ne sont pas venus. Nous avons eu 121 le premier jour. Sur 8 600. Le lendemain, 200 sont venus s’inscrire, soit 321. Deux fois de suite, on m’a assuré que les mesures de sécurité étaient prises. Les étudiants sont venus et ont été brutalisés. Faut-il une troisième fois ? La reprise des cours dépend des conditions de sécurité. La plupart des étudiants veulent revenir pour ne pas perdre leur année. Mes collaborateurs et moi nous préparons à les recevoir pour continuer à travailler avec eux afin que nous achevions l’année avec succès. Cela dit, j’ai des craintes parce que les étudiants et même les enseignants sont traumatisés et la plupart ont quitté la ville.
Est-ce qu’il ne s’agit que d’une question de sécurité ?
Je ne sais pas ce que vous voulez que je dise. Je leur ai demandé de venir le 16, le 23. Très peu sont venus. Le problème est en dehors du campus, à Molyko.
Pourquoi le dialogue avec les étudiants n’a t-il pas été établi ?
En ce moment, 6 personnes se présentent comme étant les représentants du Universty of Buea Student Union. Ils se sont autoproclamés et n’ont été élus par personne. De ces six, cinq vient du même département. Et il ne faut pas croire que les étudiants ne sont pas organisés ici. Les étudiants sont organisés en associations au sein des facultés. Il existe également des représentants de clubs soit 700 étudiants élus pour représenter les 8 600 étudiants. Je ne peux pas concevoir que ces six puissent mieux représenter leurs camarades que les 700 dûment élus. Nous ne traiterons qu’avec les étudiants régulièrement élus par leurs camarades, les étudiants qui viennent d’une manière organisée et pas avec des voyous. Et nous travaillerons avec eux dans le campus et pas dans la rue. C’est ici le campus et pas dans les rues de Molyko.
Certains pensent que vous n’avez pas été assez souple…
Pourquoi me demande-t-on la souplesse devant des étudiants qui ont cassé, injurié ? Pourquoi ? Est-ce cela qu’on apprend dans les universités ? Si votre enfant à la maison vous demande quelque chose. Vous lui dites, j’examine ta demande. Il commence à casser la maison. Est-ce que c’est normal ? Non. On a cassé, on a brûlé. Est-ce que c’est normal ? Des étudiants sont venus me voir le 14 mai pour que je les rencontre tous. Il n’y a pas de salle qui puissent contenir 8 600 personnes. Je leur ai demandé de se concerter et de désigner des délégués et de revenir me voir le lendemain 15. Ils ne sont pas venus. Nous sommes disposés à dialoguer avec eux mais on semble oublier que c’est eux qui ont refusé le dialogue dès le premier jour, préférant agir par la brutalité.
Votre opinion sur les dessous de ce qui n’est plus seulement une affaire au campus ?
Les étudiants, les 27 et 28 avril, étaient extrêmement violents. Nulle part ailleurs, on n’a vu cela. Je veux croire que dans une institution comme celle-ci, nous faisons des étudiants des adultes responsables pas de se comporter comme des vandales. Je ne sais rien sur qui pourrait les manipuler mais leur comportement n’est pas normal. Les étudiants de Buea ont engagé non pas une grève, mais ont été pris de fureur, en solidarité avec leurs camarades de l’université de Yaoundé I. Mais ceux-là ont repris les cours et ils n’ont pas fait de casses à ce que je sache. Je ne comprends pas que les miens continuent avec des tactiques de guérilla.