Dialectes: Langues maternelles, préalable pour le développement

Par Bibiane Djayou | Repères
- 18-Apr-2010 - 08h30   55015                      
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Elles prennent progressivement corps dans les établissements d'enseignement secondaires à travers l'ouverture d'une filière en langue maternelle à l'ENS de Yaoundé.
«Problématique des langues africaines comme facteur d'intégration continentale». Tel est l’intitulé de l’une des thématiques abordées au cours du symposium international, organisé dans le cadre de la célébration du 60ème anniversaire du Pr. Beban Sammy Chumbow, enseignant à l'université de Yaoundé I. Tenu du 7 au 9 avril 2010 à Yaoundé sous le thème «Langues de l'éducation: issues, défis et perspectives», ce symposium intervient à un moment où la question de l'importance de l'enseignement de la langues maternelle dans les établissements primaires, secondaires et supérieures taraude toujours les esprits. Pourtant «il n'y a jamais eu un pays qui s'est développé sans l’apport des langues locales, car l'enfant apprend vite et mieux maîtrise sa langue maternelle», explique le Pr. Beban Sammy Chumbow, qui conclut que la finalité est de «voir comment utiliser notre langue, avec d'autres langues étrangères pour booster le développement local». D'une manière générale, étudier les langues maternelles permet de s'enraciner, de comprendre la culture nous permettant d'avoir quelque chose a offrir dans un monde de globalisation. Ainsi, l'apprentissage des langues locales n'apportent aucune solution immédiate aux problèmes matériels auxquels font face les pays africains actuellement, car c'est un travail embryonnaire qui a encore du chemin à parcourir. «La colonisation a été d'un apport considérable dans la dévalorisation de notre culture. Tant et si bien que, jusqu'à présent une bonne partie de la population camerounaise éprouve une gêne quand il faut s'exprimer dans la langue natale. L'Imagerie populaire estime qu'il est plus opportun d'apprendre le français ou l'anglais qui peut nous permettre de quitter notre pays pour aller chercher fortune ailleurs. Pourtant, ces pays actuellement développés se sont appuyés sur leur langue, et non sur des emprunts pour décoller. Il convient de signaler que, pour transformer notre entourage il faut d'abord le maîtriser, et cette maîtrise passe forcément par nos langues maternelles», argue Mme Laurence Ngoumamba, responsable au service à l'Association nationale de comité de langues camerounaises (Anaclac). Actuellement, ces unités d'enseignements prennent progressivement corps au Cameroun. Au-delà de la loi d'orientation de l'éducation de 1998 portant introduction des langues et cultures dans les programmes scolaires, l'Ecole normale supérieure (ENS) de Yaoundé s'est dotée depuis un an d'une filière langues et cultures camerounaises spécialisées dans la formation des enseignants en langue locale. Dans la pratique, toutes les langues disposant d'un support didactique seront automatiquement dispensées. Rentrent dans le matériel didactique l'abécédaire, le livret d'alphabet, le syllabaire, le manuel de transition, le grand livre, les manuels de calcul et d'exercice. Pour l'heure, certaines langues sont déjà dispensées dans les établissements secondaires. Il s'agit du Boulou, du Meidumba dans la région de l'Ouest et du Gbete à l'Est du pays. Dans la ville de Yaoundé, certains collèges privés comme la Retraite ont tenté l'expérience qui a fait long feu, à cause du manque d'enseignants qualifiés en la matière. Pour résoudre le problème de la traduction des documents officiels dans nos différentes langues, la responsable de l'Anaclac a une solution toute tranchée. «La loi sur la décentralisation stipule que chaque région a la responsabilité de développer sa langue. Etant donné que les langues maternelles ne substituent pas nos langues officielles, les documents seront rendus publics dans nos deux langues officielles et il reviendra à chaque communauté en tant que de besoin de les traduire dans sa langue locale».




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