Cqmeroun - Mouvement social: Les riverains des plantations Socapalm et Safacam   manifestent à Douala

Par Wiliam TCHANGO | Cameroon-Info.Net
DOUALA - 31-May-2017 - 20h31   9835                      
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Synaparcam W. Tchango
Ils exigent entre autres la rétrocession des terres arrachées  par ces entreprises, filiales du groupe Socfin basé au Luxembourg. Les manifestants sont venus de tous les coins du Cameroun où ces structures détiennent des plantations.

 

Stade Mbappé Leppé au quartier Akwa ce mercredi 31 mai 2017. Il est 9 heures. Plusieurs dizaines d’hommes et de femmes vêtus de tee-shirt de couleur bleue ont pris d’assaut l’esplanade de cette enceinte sportive. Ils trainent avec eux des bidons d’huile de palme. L' attroupement qu'ils ont formé attire les regards des passants. Il s’agit des riverains des plantations de la Société camerounaise de palmeraies (Socapalm) et de la Société africaine forestière et agricole du Cameroun (Safacam) regroupés au sein de la Synergie Nationale des Paysans et Riverains du Cameroun (Synaparcam).  Venus de tous les coins où ces structures détiennent des plantations, ils expriment leur mécontentement en marge de l’assemblée générale du groupe Socfin, propriétaire de la Socapalm et de Safacam qui se tient depuis ce mercredi matin au Luxembourg.

La marche qu’ils  avaient déjà engagée vers Bonanjo, quartier administratif de la capitale économique où se trouve la direction de la Socapalm n’a pas prospéré. Ils ont été stoppés par des éléments du Commissariat central numéro 1 de Douala, très vite alertés. Les forces de l’ordre leur reprochent de manifester sans autorisation et tentent de calmer la tension. Pour convaincre les marcheurs de surseoir à leur activité qui troublait déjà l'ordre public, le commissaire et ses hommes se sont proposés d’acheminer le courrier qu’ils avaient préparé pour le DG de la Socapalm et de négocier une entrevue entre les deux parties. Promesse qu'ils ne tiendront pas, accentuant l’ire d’Emmanuel Elong, président de la Syparcam et ses camarades. «Notre intention était d’aller remettre une bonne quantité d’huile de palme au directeur de la Socapalm, comme c’est ce qui les intéresse, en échange de la libération de nos terres », a expliqué le leader de la manifestation en conférence de presse.

20 000 hectares de terrains

La rétrocession des terres « arrachées » aux riverains constitue justement la première récrimination contenue dans la lettre qu’ils tenaient à remettre en main propre au DG de la Société camerounaise de palmeraies (Socapalm), filiale du groupe Socfin dont Vincent Bolloré est un des actionnaires. « Une décision des autorités datant de 2005 demande à la Socfin de rétrocéder 20000 hectares de terrain aux populations riveraines. Jusque-là, ces terres restent occupées par cette entreprise. La Socapalm fait tout pour que cette rétrocession ne soit jamais effective », s’indigne Emmanuel Elong. Deuxième préoccupation, la forte pollution causée par les activités menées dans les plantations de palmiers à huile. Les manifestants appellent aussi à la mise en place effective des compensations en termes d’appui aux services publics essentiels (accès à l’eau, à l’électricité, aux services de santé et d’éducation), accès à l’emploi…

La Synergie Nationale des Paysans et Riverains du Cameroun (Synaparcam) souhaitait en outre négocier  l’ouverture d’un dialogue sérieux avec la direction de la Socapalm. « Malgré nos nombreuses mobilisations et interpellations, la direction de la Socapalm, tout comme la Socfin, n’a toujours pas ouvert un cadre de dialogue permettant de résoudre durablement les conflits. Le groupe Bolloré avait ouvert la porte au dialogue en 2014 en rencontrant les représentants des organisations des riverains réunis en alliance internationale, avant de se ranger derrière la position plus dure de Socfin qui renvoie la négociation aux dirigeants locaux », déplorent les reesponsables de cette organisation. Les riverains camerounais ne sont pas les seuls à avoir manifesté ce jour. Le mouvement a été organisé en synergie avec leurs homologues des autres pays membre de l'Alliance Internationale des riveraines des plantations Socfin-Bolloré que sont : la Côte d’Ivoire, le Cambodge, le Sierra Leone et le Libéria. Des mouvements soutenus par des ONG (Forêt et Développement rural (Foder) au Cameroun) et syndicats qui n’ont cessé d’interpeller le groupe Socfin sur sa propension à léser les populations riveraines de ses plantations.

Auteur:
Wiliam TCHANGO
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