Alhadji Mohamadou Abbo Ousmanou est né vers 1937 à N’Gaoundéré dans le département de le Vina. Marié à 4 épouses, père de 36 enfants dont 18 filles et 18 garçons, il est agriculteur, éleveur et homme d’affaires vivant à N’Gaoundéré dans la région de l’Adamaoua. Les rumeurs selon lesquelles il serait originaire du Mayo-Louti provoquent chez lui un brin de surprise, «j’apprend cela de votre bouche», confie-t-il au reporter du journal L’Oeil du Sahel. «Moi je suis 100% de N’Gaoundéré. Mais comme les parents des Peuls de N’Gaoundéré sont venus d’ailleurs, les miens aussi sont venus d’ailleurs», lit-on dans la publication du lundi 16 novembre 2015.
Alhadji Abbo avoue n’avoir jamais souhaité aller à «l’école des blancs», mais affirme écrire et parler correctement français et anglais à présent. «Je dois vous préciser que même si je ne suis pas allé à l’école des blancs, j’ai fait des études coraniques chez mon maître Mal Mahondé», ajoute-t-il, comme pour signifier qu’il est doté d’une éducation autre.
A la disparition de son père alors qu’il n’avait que 7 ans, ses frères et lui ont été placés par la force des choses sous la tutelle de l’un des amis du défunt, Alhadji Mamoudou Bodédjo, qui les «a bien élevé comme il faut », dit-il. Son premier diplôme occidental, a été l’obtention d’un permis de conduire en 1956. Grâce à ce permis de conduire, il exerce comme chauffeur après du médecin chef de l’Hôpital Central de N’Gaoundéré, le Capitaine Loez Jacques. Puis, il se lance dans les transports en commun, comme chauffeur en location pour Alhadji Mohamadou Pantami à Garoua. «Je lui versais la somme de 150 000 FCFA par mois en honorant régulièrement les échéances», se rappelle-t-il nostalgique.
Grâce à l’octroie d’un crédit à la Banque Camerounaise de Développement (BCD), il a acquis son premier car. «Après un acompte provenant des ressources personnelles et de la vente des bœufs laissés par mon père, j’ai soldé rapidement le crédit de la BCD» explique-t-il. Une chose en entrainant une autre, Alhadji Abbo investi ensuite dans le commerce alimentaire et se spécialise dans le domaine de l’import/export. Il est à présent le patron de l’un des plus gros réseau de l’industrie agro-alimentaire,tout de même conscient du fait que «l’avenir repose sur l’agriculture, l’élevage et l’industrie».
Travaillant avec des «partenaires de divers horizons», Alhadji Abbo est propriétaire du Ranch AMAO. Pour lui, le fait d’avoir réussi dans les affaires n’est pas une question du « temps d’Ahidjo ». Pour réussir dans les affaires il faut faut être raisonnable et sérieux selon lui. «Toutefois, je comprend que ceux qui n’ont pas réussi pensent que pour réussir il faut être pistonné », ajoute-t-il.
D’après le milliardaire, son engagement politique remonte à l’UNC le parti unique, bien avant qu’il ne se lance dans les affaires. Son action politique vise à maintenir la paix entre ses frères camerounais qui doivent rester unis sous le même drapeau. Rien à voir avec le fait de «protéger ses affaires», qui d’ailleurs fonctionnent parce qu’il prône la compétence plutôt que la famille. Celle-ci par contre bénéficie de cette splendide demeure qui se dresse fièrement dans le quartier dit Hauts plateaux à N’Gaoundéré.«Il fallait construire quelque chose de grand pour abriter ma très nombreuses famille» explique-t-il dans les colonnes du journal.
Avec en projet l’écriture d’un livre qui retracera sa vie, Alhadji Mohamadou Abbo Ousmanou aimerait que l’on se souvienne de lui, comme étant, un «homme honnête, qui respecte ses engagements, sociable, prompt à écouter, lent à réagir, qui réfléchit toujours avant d’agir pour éviter les erreurs. Un homme qui ne prend aucun risque sans calculer».
Géraldine IVAHA