Le « Kaba Ngondo ». Ce boubou féminin long, ample et somptueux empreint d’une simplicité et d’une élégance, fait partie du quotidien des femmes camerounaises, qui l’arborent fièrement dans toutes les circonstances. Attribuée aux femmes Sawa, dans la région du Littoral, d’où, son nom de baptême « Kaba Ngondo », cette tenue s’est vulgarisée et s’est imposée dans les autres cultures nationales voire même internationale. Les femmes l’aiment bien pour sa souplesse et la dignité qu’elle procure, affirme Aline, une ménagère camerounaise. « De plus en plus, le Kaba est arboré partout, on le trouve dans toutes les villes, au Cameroun et en Afrique. Il attire l’attention, la fierté et la gaieté. Il a évolué avec le temps, mais les stylistes s’inspirent de l’original qui est le Kaba Ngondo », explique Mbedi Ekendi, le responsable de la communication du comité d’organisation du festival culturel Kab’Attitude.
Cependant toute ou la quasi-totalité des femmes, ignore ses origines. Pourtant, derrière ce costume féminin qui a subi les effets de la modernité, se cache toute une histoire, tout un symbole, que les femmes Deïdo tiennent à valoriser, à travers l’Amicale des Femmes Deïdo (Afed), dans le cadre de la célébration du 25ème anniversaire de cette association. Ce sera au cours de la première édition du festival « Kab’Attitude », qui se tiendra du 15 au 17 novembre 2017, à Douala, sous le thème « l’histoire et l’évolution du Kaba ». « Le Kaba représente la culture de la femme Sawa, une large tenue qui présente la femme dans toute sa beauté et retrace sa dignité et sa valeur. Il symbolise la joie, l’amour, le partage et l’excellence », explique Mbedi Ekendi. Cet évènement, explique la présidente de l’Afed, Alice Mbappe Eyoum, célèbre, valorise et sublime le Kaba en offrant au grand public un savoir-faire artistique africain.
Une mariée en Kaba
Toutes les versions de l’histoire, selon Alice Mbappe Eyoum, s’accordent sur le fait que les origines du Kaba remontent à l’arrivée des missionnaires protestants au Cameroun. La nudité des autochtones était alors mal-appréciée par les missionnaires, principalement leurs épouses, désorientées par les formes harmonieuses et peu couvertes des jeunes filles Sawa qui se mouvaient devant leurs époux. Elles décident alors de les éduquer et de leurs initier au port d’une sorte de couverture que les filles Sawa vont appeler « Kaba », une déformation du mot anglais « Cover ». A l’origine, le Kaba était de texture rugueuse et sa couture consistait à confectionner un grand sac de pièce unique avec des ouvertures pour la tête et les bras, dont le but était d’offrir aux femmes « une tenue décente qui plaît au Seigneur ».
Cependant, ce modèle va exister jusqu’à ce que les femmes Sawa apprennent la couture auprès d’Hélène Saker. C’est ainsi que leur créativité va transformer au fil du temps, le sac difforme et rugueux en vêtement élégant et sophistiqué. Une transformation qui continue à évoluer au gré de la mode. « Au cours de notre soirée de gala, on aura un concours qui a été lancé pour présenter les différents aspects du Kaba. On aura le Kaba Ngondo (traditionnel), le Kaba d’apparat (moderne) et le Kaba de la mariée. C’est intéressant de savoir qu’une mariée africaine ou non africaine peut s’habiller en Kaba », explique la présidente de l’Afed.