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«Elle est là, elle est là, elle a toujours été là - Akiba akiba - Mama Chantal Biya».
C’est par ces paroles qu’un groupe gospel signe sur les antennes du Poste National de la CRTV, sa gratitude à l’endroit de la Première dame camerounaise, dont les efforts d’assistance aux concitoyens en difficulté sont égrenés dans une œuvre au débit posé comme un slow aux accents mélancoliques.
Les paroles de la chanson sont formulées en français, en anglais et en langues beti (notamment «akiba» qui signifie merci).
Depuis quelques semaines, c’est cette chanson qui est jouée à l’antenne tous les jours, juste avant qu’un journaliste n'annonce le bulletin d’informations de 13h. Celui-ci est introduit par un générique consacré, portant la signature de l’orchestre de la Crtv.
La chanson en l’honneur de Chantal Biya n’est pas un nouveau générique, mais sa diffusion récurrente peut susciter des interrogations. Surtout que, même du temps du très obséquieux Gervais Mendo Ze, la chanson «Mbamba Esae» (le bon travail) n’était pas diffusée aux alentours du journal parlé de la mi-journée, véritable institution au Cameroun.
Toujours sur les antennes du Poste National, un autre air est joué à la gloire du président de la République. Il s’agit de la version instrumentale d’une ancienne chanson signée Archangelo de Moneko, et dont les paroles disaient: «Paul Biya nous te disons, nous militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), tu es l'homme de la dynamique nouvelle, l'homme, l'homme de l'avant. L'homme, l'homme de la justice, jamais, jamais tu ne failliras. Le peuple Camerounais te dit Paul Biya, va de l'avant».
Georges Seba aussi avait composé au milieu des années 1980 la chanson «Le renouveau nous est donné». Et celle-ci à son tour fut remixée en version instrumentale pour les éditions du journal parlé.
Le débat sur la pertinence de ces chansons prétendument patriotiques a déjà commencé au Cameroun, où de nombreux intellectuels dénoncent cette pratique. Souley Onohiolo, journaliste au quotidien Le Messager, signait une tribune il y a un an et jugeait : «Le générique du 13h au Poste Nationale est désuet. Il doit être changé. Nous ne sommes plus au temps de l'Union Nationale du Cameroun (UNC)». Interrogés, les responsables de la Crtv jouent la défensive.
Pour Lucas Antoine Ndzié, du service Economie, «l’indicatif du journal parlé de 13h sur le poste national n'a pas changé depuis une vingtaine d'années parce que depuis 1990 le président de la République est toujours le même. Il est le chef de la nation». Même avis chez Roger Betala : «ant que le chef de l'Etat est au pouvoir, c'est cet indicatif qui sera diffusé, sauf si le responsable de la Crtv en décide autrement».
ARTHUR BILOUNGA