Le RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) est-il un parti État ? Non, soutiennent ses militants et les thuriféraires du régime. Pourtant, les faits démontrent parfois autre chose. Le cas de la réunion que vient de convoquer le Ministre Délégué auprès du Ministre de la Justice.
En prélude à la visite annoncée du sénateur Ibrahim Mbombo Njoya, président de la délégation régionale du parti de Paul Biya dans la Région de l’Ouest, Jean Pierre Fogui a convié les militants et sympathisants du RDPC de la Menoua à une importante réunion à Dschang le 20 octobre 2016.
«Le Ministre Jean-Pierre Fogui… invite les Présidents des sections RDPC, OF-RDPC et OJ-RDPC et les membres de leurs bureaux, les Députés, les Députés suppléants, les Maires et leurs adjoints, ainsi que les élites de la Menoua à une importante séance de travail à la permanence du parti à Dshang le jeudi 20 octobre 2016 à 15 heures très précises…», lit-on dans le communiqué publié dans les colonnes de Cameroon tribune du 18 octobre 2016. Rien de répréhensible à première vue.
Sauf que le communiqué a été rédigé avec l’en-tête du Ministère de la Justice. Une curiosité qui n’a pas échappé à La Nouvelle Expression (LNE). Le journal souligne que le Ministre Délégué auprès du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, s’est servi de l’en-tête de son ministère pour convier les militants du RDPC à une importante séance de travail. Notre confrère note que ledit document comporte l’inscription «Ministère de la Justice, Cabinet du Ministre délégué», «Communiqué».
Cette curiosité, constate LNE, «fait ressurgir le sempiternel sujet du Parti-Etat. Un monde dans lequel l’État du Cameroun et le Rassemblement démocratique du peuple camerounais ne font qu’un. La limite entre les deux entités étant invisible comme d’aucuns diraient à l’œil nu. Les cas d’écoles sont dès lors multiples. Si les flops des membres du Gouvernement utilisant leur casquette de Ministre dans une quelconque correspondance à l’adresse de militants ne sont pas monnaie courante, l’étroitesse des liens entre le régime en place et l’État est observable à plusieurs niveaux. L’on peut ainsi faire un arrêt sur les annuelles célébrations de l’existence du parti du flambeau. Chaque 24 mars, membres du gouvernement et assimilés se déportent dans leur fief pour fêter l’année qui s’ajoute au compteur, délaissant leur fonction», analyse encore le journal.