«L’ombre de Paul Biya s’efface»! C’est le titre qui barre la principale Une du quotidien Mutations ce jeudi 9 mai 2019. Le journal, comme la plupart des parutions camerounaises, revient sur la disparition de Martin Belinga Eboutou (79 ans). L’ex-Directeur du Cabinet Civil (DCC) de la Présidence a rendu l’âme hier à Genève (Suisse). L’information est contenue dans un communiqué laconique publié à cet effet par Samuel Mvondo Ayolo, actuel DCC.
Paul Biya vient donc de perdre l’un de ses plus fidèles compagnons. Belinga Eboutou a servi aux côtés du Chef de l’Etat pendant 30 longues années. Après avoir travaillé dans plusieurs ambassades du Cameroun à l’étranger, le diplômé de l’ENA de Paris a été nommé directeur du Protocole d’Etat en 1989. Un poste que ce natif de Nkilzok (région du Sud) va occuper jusqu’en 1997.
L’ancien pensionnaire du séminaire d’Akono sera ensuite porté aux fonctions d’ambassadeur du Cameroun aux Nations Unies. Martin Belinga Eboutou restera à New York pendant dix ans, jusqu’en 2007. Il aura l’insigne honneur de diriger le Conseil de sécurité de l’ONU en 2002. Le haut-commis de l’Etat fait également partie des membres de la délégation camerounaise ayant permis l’aboutissement heureux du dossier Bakassi.
Revenu au Cameroun, il est à nouveau nommé au poste de DCC en 2010. Le diplomate de formation y passera 8 ans, jusqu’au 2 mars 2018. Il était resté invisible depuis sa sortie du gouvernement. Dans son numéro du 11 février 2019, le magazine Jeune Afrique révèle que «c’est sur les conseils de ses médecins suisses que le Président (Paul Biya) a décidé de libérer son fidèle conseiller de sa charge, à la suite du réaménagement gouvernemental du 2 mars 2018».
Le Chef de l’Etat a donc pratiquement été contraint de se «séparer» de quelqu’un qui n’était pas un simple collaborateur. Martin Belinga Eboutou a en effet, été le camarade de Paul Biya au petit séminaire d’Akono. Sa disparition représente ainsi une perte énorme pour le Président de la République, après la mort il y a quelques semaines de Jean Foumane Akame, un autre proche du locataire du Palais d’Etoudi que les observateurs disent de plus en plus isolé.
Fred BIHINA