Les fabricants de marmites «macocotes» de Douala exercent ce métier en ignorant le risque que cet ustensile de cuisine «marmite macocote», artisanalement fabriqué est source de contamination dû à sa teneur élevée en plomb, substance dangereuse pour l’homme.
Les fabricants de marmite «macocote» se font de plus en plus nombreux dans la ville de Douala. Une activité qu’ils exercent sans toute fois mesurer les conséquences néfastes dissimulées de la chose. Selon l’organisation mondiale de la santé(Oms), du plomb contenu dans ces marmites est responsable de près de 674.000 cas de décès annuel dans le monde. Bon nombre de victimes sont des enfants ayant absorbé des quantités importantes de plomb contenus dans les peintures.
Du quartier Makéa dans l’arrondissement de Douala 2ème, perdure une grande activité de fabrication et de vente de marmite «macocote». Le procédé de fabrication comme le démontre Oumarou, chef du quatuor est simple mais très risqué. «Au début, il nous faut rassembler de la ferraille (vieilles tôles, pièces d’automobiles, d’ordinateurs, les canettes et autres débris industriels).Après qu’ils aient fondu le tout dans un four alimenté de charbon, le liquide obtenu est appelé aluminium. Nous le reversons dans des trous de moulage fait à base de terre. Des minutes après, on les aplatit dans un moule (marmites pratiques) question d’épouser sa forme. Une fois durcies, elles deviennent des marmites prêtes à la vente. Certains clients les préfèrent plutôt lissées avec des limes artisanales», explique Oumarou, rendu à sa quatrième année d’expérience.
Livrées aux commerçants, ceux-ci y retapent une couche de peinture : «Ça fait briller la marmite. Cet éclat aguiche de potentielles clients qui ne manquent pas de se les offrir au passage», se réjouit Yalcouyé. A propos de sa teneur en plomb, substance dangereuse pour la santé de l’Homme, Yalcouyé ne semble pas convaincu. Par ailleurs, il exhalte plutôt les atouts de ce « chef-d’œuvre » artisanal : «les «macocotes » sont les marmites les plus en vue dans les marchés. Raison pour laquelle l’activité bat son plain en ce moment. Toutes les couches sociales les achètent pour cuire leurs aliments. Donc penser que cette marmite peut ôter des vies, c’est dire que je serais déjà mort », fulmine cet autre fabricant qui, ne partage pas la sentence de l’organisation mondiale de la santé. A les entendre, ces fabricants d’ustensiles de Makéa ont les nerfs à fleur de peau. Tirant à boulets rouges sur les occidentaux qu’ils accusent d’être à l’origine de cette baliverne «Ils sont jaloux des noirs parce qu’ils savent fabriquer des marmites. Maintenant ils disent que la «macocote» tue.
Juste pour mépriser nos talents en la matière. En tout cas, ce sont des racontars. Nous n’y croyons pas», martèle ce groupe de fabricants en colère contre l’Oms. Ces ustensiles de cuisine, répandus en Afrique comme en Asie s’utilisent depuis belle lurette. «Mes grands-parents ont préparé dans les marmites «macocotes». Mes parents l’ont également fait. Et aujourd’hui c’est mon tour. Donc je suis surpris et je reste très septique face à cette révélation», s’en méfie Ibrahim tout comme Lydie et Fatimatou qui n’en croient pas leurs oreilles. «Comment est-ce que la marmite peut tuer ? Mais on la lave tous les jours ! », S’indignent ces dames.
Entre temps, selon un test effectué par des chercheurs de l’université d’Ashland aux Etats Unis, du plomb contenu dans ces marmites «macocotes», artisanalement fabriquées est source de contamination par leur teneur élevée en plomb, substance dangereuse pour l’homme. Le centre de recherche et d’éducation pour le développement (Crepd) basé au Cameroun, mène depuis quelques années, un lobbying auprès des autorités camerounaises en vue du retrait des peintures contenant cette substance (plomb) dangereuse sur le marché. «Un plat de nourriture typique contient près de 200 fois plus de plomb que la dose maximale admise en Californie, qui est de 0,5 microgramme par jour», révèlent les études.
Gloria KEIN NETH (Stagiaire)