Le boys-band camerounais le plus en vue du moment a organisé à l’Olympia de Paris, un spectacle-événement devenu le plus grand meeting politique de l’année 2014 en terre étrangère.
Le trio X-Maleya lors d’un shooting à Yaoundé pour la lutte contre le Sida (Archives)
Photo: (c) AB
Le trio X Maleya est resté égal à lui-même. Apprécié par les uns pour sa posture de porte-flambeau, décrié par les autres pour son contenu artistique souvent discutable, le groupe n’a pas cessé de gravir des échelons sur le terrain du marketing. De quoi susciter l’admiration (ou la jalousie !) des Camerounais restés au pays…
LE PERSONNAGE
Un bon chanteur, un bon danseur et un bon blanc. Voilà présenté, trivialement quoique précisément, le groupe X Maleya, dont la notoriété s’est progressivement bâtie sous les yeux des Camerounais – sans brûler d’étape. Les trois larrons Roger Samnig Tang, Auguste Tetek et Haitem Zaiter alias Haïs, sont montés en puissance avec les albums « Exil » (2006), « X Maleya » (2009), « Tous ensemble » (2011), « Révolution » (2013).
Attachés au patrimoine (reprises régulières d’Eboa Lottin), dotés d’un flair certain pour leur carrière (collaboration avec Ruben Binam puis Pit Baccardi) ils maintiennent leur cohésion là où beaucoup de groupes ont explosé. X Maleya, c’est à la fois une référence côté organisation et une curiosité côté identification.
L’EVENEMENT
Longtemps annoncé, le concert de X Maleya à l’Olympia Bruno Cocatrix a lieu le 14 septembre 2014 avec le panache attendu. Devant deux mille spectateurs fiévreux et plongés dans une ferveur vert-rouge-jaune (drapeaux à l’appui) due en partie au prestige de la salle, les trois garçons donnent une prestation de standing international. Sont invités sur scène : le footballeur-vedette Samuel Eto’o, le « grand frère » saxophoniste Manu Dibango, le producteur Pit Baccardi, l’humoriste Thomas Ngijol, le chanteur nigérian J Martins.
L’IMPACT
Un article laudateur dans le quotidien français « Libération » décrivant X Maleya comme le nouveau Magic System, deux spectacles annoncés à Londres et à Manchester en novembre 2014, une probable collaboration avec Pharrell Williams… L’impact artistique est réel sur le CV du groupe. Symboliquement, le plus grand événement musical camerounais de l’année est parti du pays natal vers l’Occident. Comme un changement d’époque, alors que Richard Bona par exemple a annoncé la fin de ses prestations au Cameroun – pour des raisons de visa… Et vers la fin d’année, Sam Fan Thomas et André Marie Tala annonceront aussi leur passage à l’Olympia en mai 2015 !
Pour la musique camerounaise toujours sans société de droit d’auteur, ce n’est pas vraiment une soirée de triomphe. C’est surtout une tribune pour quelques politiques (à l’instar de Grégoire Owona) venus tenter de vendre l’image d’un pays uni et gagneur. Une belle occasion de faire des heures d’audience pour la chaîne Canal 2 International, ou de la pub à peu de frais pour la compagnie aérienne Camair Co. Le public ? Près de la moitié des billets aurait été payée par un Samuel Eto’o Fils désireux de passer un message après sa Coupe du monde ratée. Quel message ? « Derrière notre bien aimé papa le président Paul Biya, le numéro 2 de celui qui subit toutes les insultes au Cameroun, c’est bien Samuel Eto’o ! »
