Dans la perspective de la reprise imminente du transport de passagers par « Train express » sur le tronçon de la voie ferrée Douala – Yaoundé, le gouvernement a organisé le jeudi 29 avril 2021, un voyage d'essai. A cette occasion, le public a découvert les nouvelles et anciennes rames qui serviront à transporter des personnes.
Les liaisons ferroviaires de passagers sur ce tronçon historique sont interrompues depuis cinq ans, à la suite de l’accident de train qui avait fait 79 morts et plusieurs centaines de blessés. Alors que des affaires liées à cette catastrophe sont encore pendantes, la décision du gouvernement d’autoriser la reprise du trafic entre Douala – Yaoundé par « Train express » suscite une levée de bouclier.
Parmi les indignés, il y a les membres de l’Universal Lawyers and Human Rights Defense, le Collectif d’avocats défendant certaines victimes du drame d’Eseka.
Dans le communiqué ci-dessous, ils dévoilent les raisons de leur indignation
Le Collectif Universal Lawyers and Human Rights Defense (UL&HRD) a appris avec une vive consternation et sur les réseaux sociaux, la nouvelle de la reprise du trafic voyageurs par la société CAMRAIL entre les villes de Douala et Yaoundé.
Qu’un voyage inaugural a été organisé et s’est déroulé le 29 avril 2021 sur le trajet ainsi indiqué avec outre certains responsables de Camrail, des personnalités publiques et politiques au rang desquelles le Ministre des transports et des députés, élus de la nation.
Considérant que l’accident ferroviaire intervenu le 21 octobre 2016 à Eseka demeure jusqu’à date, le plus meurtrier (79 morts et plus de 600 blessés selon le bilan officiel) que le Cameroun ait jamais connu.
Considérant que les enquêtes menées depuis la survenance de ce triste événement ont révélé entre autres, la vétusté des voitures et des locomotives en usage chez l’opérateur de transport ferroviaire, le caractère obsolète de la voie ferrée, l’absence de couverture par une assurance de transport ferroviaire, le code CIMA excluant expressément de son champ le rail.
Considérant qu’à date, le très lourd passif créé et découvert par cette catastrophe n’a pas encore été soldé, le Collectif Universal Lawyers and Human Rights Defense (UL&HRD) s’indigne et s’interroge sur les points suivants :
1- Les dirigeants de CAMRAIL ont-ils avant d’envisager une telle reprise, pris la pleine mesure des risques encourus par les usagers qui viendraient à emprunter les voitures ainsi mises en circulation ?
2- Quelles garanties ces dirigeants de l’entreprise française donnent ils où ont-ils donné permettant de penser qu’à l’avenir un attelage entre des wagons chinois et français ne se fera plus?
3- Les autorités en charge du transport ferroviaire au Cameroun se sont-elles assurées de ce que la voie ferrée a connu une réelle refonte et que les manquements constatés ont été réparés ?
4- Existe-il un état des lieux et un cahier de charges connus de tous au sujet des obligations qui incombent à l’Etat et au concessionnaire en tenant compte de cet élément conjoncturel qui a marqué à jamais les familles et le pays tout entier ?
5- Les députés et autres parlementaires qui ont embarqué dans le train inaugural se sont-ils rassurés de l’existence préalable d’une législation ferroviaire en matière d’indemnisation en cas de nouveau sinistre ?
6- En prenant part à ce voyage inaugural, quel est le message que les parlementaires ont voulu adresser aux populations engluées dans le doute et meurtries par la perte et des blessures indélébiles ?
7- Le parlement a t’il fait un rapport de cette situation grave et quelles en sont les recommandations ?
En tout état de cause, le Collectif constate pour le regretter qu’au moment de l’annonce d’une telle reprise, les obstacles juridiques relevés dont la solution apparaissait comme un préalable n’ont pas été réglés.
Le Collectif en appelle de nouveau à une prise en compte de l’intérêt des citoyens dans l’urgence, notamment par l’information préalable du public sur le sort de la voie ferrée, l’identification de l’assureur de CAMRAIL et sur la législation en matière d’indemnisation du fait d’un accident ferroviaire et sur le cahier des charges désormais en exécution.
Le collectif Universal Lawyers and Human Rights Defense (UL&HRD) se tient éveillé sur l’évolution de la situation et se prononcera plus amplement après investigations approfondies.
Fait à Douala le 30 avril 2021.
Ont signé :
Me Dominique FOUSSE,
Me Guy Olivier Moteng,
Me Arlete NWAYIM
Me Géorgie MASSI NGAKELE,
Me Albert OYIE
Me Nadine YANOU